Le ministre du Travail et de la sécurité sociale prend le dossier à charge.
Tout débute pourtant dans un climat de convivialité. Sur la table des panélistes, les représentants des centrales syndicales exerçant dans le secteur privé sont confiants. Tour à tour, les intervenants entretiennent leur auditoire sur les missions de l'Union des confédérations syndicales du Cameroun (Ucsc). " L'Ucsc est un regroupement des syndicats, avec pour objectif principal de défendre les intérêts des travailleurs du secteur privé ", apprend-on du coordonnateur national de cette coalition syndicale. Un credo qui semble réconforter la centaine de releveurs "maillots jaunes" présents dans la salle. Ces derniers revendiquent une intégration au sein de la société d'électricité, après trois ans de travail sous contrat indéterminé.
La présence du Directeur des Ressources humaines (Drh) d'Aes-Sonel augure une sortie de crise. Mais M. Moudourou signale d'entrée de jeu qu'il n'est pas venu en négociateur. " Je suis venu communiquer, vu qu'il y a comme une désinformation ", signale-t-il en substance. Le Drh enchaîne alors avec un tableau qui brosse la situation salariale des employés d'Aes Sonel. " Le personnel permanent d'Aes-Sonel n'est pas en grève ", martèle-t-il entre deux mots. M. Moudourou remet par ailleurs en question la légalité de la protestation des releveurs en maillots jaunes, insinuant que ces derniers ne sont pas reconnus comme employés de Aes-Sonel. " Vous êtes l'instrument d'un combat qui n'est pas le vôtre ", a-t-il lancé à l'endroit des jeunes gens en t-shirts estampillés Aes-Sonel. Une déclaration qui a soulevé le courroux des releveurs.
S'ensuivra une intervention du porte-parole des "infortunés". Prosper Mongo s'étendra en effet sur les articles juridiques, pour étaler les droits de ses camarades, multipliant des questions rhétoriques à l'endroit du M. Moudourou. Mais ce dernier ne démord pas. Prétextant une interview à accorder à un journaliste, il se dirige vers la porte. Un geste interprété comme du mépris par ses jeunes interlocuteurs. Les releveurs le rejoignent aussitôt pour crier leur mécontentement. Ils ne reviendront dans la salle qu'une dizaine de minutes plus tard. Après que le président de leur syndicat a fait une entrée "inattendue". Julien Fouman remobilise alors ses "ouailles". Entre-temps, l'Ucsc a perdu le contrôle de la situation.
M. Fouman, président du Syndicat national de l'énergie électrique (Snee), relate les faits qui ont conduit au climat précaire qui existe aujourd'hui entre les releveurs et la société Aes-Sonel. Selon ses propos, tout remonterait en 2005, lorsqu'Aes-Sonel décide de sous-traiter le service de relève des compteurs et de distribution des factures.
Pour la section régionale du Littoral, Aes-Sonel fait appel à une société dénommée Intérima, et exerçant dans le placement du personnel. Un organe qui recrute sur la base des critères exigés par le demandeur. Près de 170 jeunes Camerounais sont recrutés et affectés dans 12 agences d'Aes-Sonel. Comme document attestant de leur fonction, les recrues ne disposent que d'un contrat de mission fourni par Intérima ; mais qui n'est signée par aucune des parties, c'est-à-dire ni Intérima, ni Aes-Sonel. Juste des écrits sur un format A4, qui stipulent que les releveurs sont "embauchés" pour un essai de 2 mois, renouvelable une fois. Se basant sur les textes de lois, les releveurs considèrent donc aujourd'hui, que trois ans après leur recrutement, ils sont sous contrat à durée indéterminée (Cdi). D'où l'exigence d'intégration " après trois ans de bons et loyaux services ", rappelle Prosper Mongo.
Le nœud du problème ne semble cependant pas encore dénoué. Demain, jeudi 28 août, une rencontre est prévue entre les parties prenantes à la crise et le ministre du Travail.
Source: Quotidien Mutations
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