Luc Ayang
Les domiciles privés construits au bord de la plage « les
pieds dans l’eau » étaient la cible du ministre des Domaines et des affaires
foncières (Mindaf) Pascal Anong Adibimé, mardi dernier, 5 août 2008. L’imposante
demeure de Ayang Luc, le président du Conseil économique et social et troisième
personnalité la plus importante de la République (après le chef de l’Etat et le
président de l’Assemblée nationale), n’a pas laissé le Mindaf indifférent. Selon
les services du Mindaf, cette maison ne devrait pas être construite car elle ne
possède pas d’autorisation ni de titre foncier et est située sur l’emprise
maritime et routière à quelques pas du rez-de-chaussée de la nationale n°7.
La
maison du fils Soppo est dans la même situation. « Je suis désolé que ce soit
les grands de ce pays qui viennent construire en matériaux définitifs alors
qu’ils devaient soutenir l’Etat dans le respect des normes. Et il y a même
certains qui en viennent à demander des titres fonciers », regrette le Mindaf
qui a promis de régler la situation avec les mis en cause.
La journée de mardi 05 août aura été également une journée à marquer d’une
pierre noire pour les propriétaires des établissements hôteliers le long de la
bande côtière de Kribi. Pascal Anong Adibimé est descendu pour un recouvrement
forcé des taxes domaniales des occupants de l’emprise maritime. Le restaurant de
l’Hôtel Ilomba qui devait la somme de 22 millions Fcfa pour n’avoir jamais payé
sa taxe annuelle a été scellé. D’autres établissements n’ont pu échapper à la
furie du Mindaf qu’en donnant une avance.
Dans le collimateur du Mindaf aussi, les stations d’essence qui se trouvent
sur le domaine privé de l’Etat. Le Mindaf était très remonté contre « ces
grandes multinationales qui payent moins cher que les entreprises citoyennes ».
En effet, dans le cas du paiement de ces taxes domaniales, les stations
d’essence appartenant aux étrangers déboursent 25.000 Fcfa par pistolet par an
et par type de carburant, tandis que les entreprises nationales payent plus
cher.
Le cas le plus flagrant est celui de Tradex qui a payé 3 millions Fcfa, un
terrain qu’elle n’avait pas occupé et dont elle n’était propriétaire que pendant
quelques mois seulement. Elle paye deux millions par an tandis que la station
Total Mokolo de Kribi a payé ses arriérés de 2 ans, soit la somme de 330 000
Fcfa, soit 175 000 F par an. Le Mindaf a estimé que cette ancienne loi qui date
de 1974 doit être revue d’autant plus que « le temps du colonialisme est passé
et on ne doit plus favoriser ces étrangers qui font tout pour qu’on ne donne pas
l’agrément d’exploitation aux Camerounais ».
Pascal Anong Adibime a averti les occupants des espaces à la plage des Ngoyé sur
leur déguerpissement très prochain. « Je rentre satisfait de Kribi. Il était
question pour nous d’enseigner d’abord. Nous avons demandé aux occupants
illégaux de constituer les dossiers réglementaires pour avoir l’autorisation
d’occuper le domaine public maritime », affirme le Mindaf qui poursuit, menaçant
: « Je rappelle que tout a été prévu pour ramener de force ceux qui sont
réfractaires au payement des redevances domaniales. Le déguerpissement est prévu
si vous occupez une dépendance du domaine privé de l’Etat et si vous ne vous
acquittez pas de vos obligations prévues par la réglementation en vigueur (…) A
ceux qui ont affiché un mépris vis à vis de l’Etat, je voudrais qu’ils sachent
que mon prochain voyage à Kribi ne sera pas de tout repos. Je reviendrais avec
un engin lourd pour faire appliquer la loi.» Sur près de 100 millions Fcfa à
recouvrer, le Mindaf n’est rentré qu’avec la somme de cinq millions Fcfa.
»
Au total, ce sont 230 occupants illégaux qui ont été recensés à Kribi. Quatre
occupants seulement ont déposé les dossiers dont deux en règle. Sept milliards
de Fcfa d’arriérés de recettes domaniales restent à recouvrer pour cet exercice
budgétaire avec le service de recettes des domaines de l’Océan qui affiche 32
millions Fcfa en caisse en ce mois d’août alors que l’on doit recouvrer au moins
240 millions à la fin de cette année. Dur, dur !
Source : Le Messager
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