Bonjour Guy-Landry, Pourrais-tu te présenter aux internautes ?
Bonjour,
Je suis un jeune (si, si c’est vrai !) étudiant en Marketing
à Sciences Po Paris. Je suis actuellement
en stage chez Microsoft France. J’ai effectué la plus grande partie de mes
études au Cameroun, à Douala au collège Chevreuil, ensuite à Yaoundé au Collège
Victor Hugo et finalement au Collège Dauphine à Douala où j’ai obtenu mon
baccalauréat « C ». J’ai eu la chance d’entrer à l’université catholique
d’Afrique Centrale où j'ai obtenu ma maitrise. Et c’est le cœur déchiré que j'ai
rejoint
l’université catholique de Lille effectuer mon master en gestion internationale,
et j’ai eu l’opportunité d’intégrer Sciences po à Paris. Etablissement où je
suis enregistré (je l’espère) comme étudiant. Mon plus grand rêve étant d’être
écrivain et dessinateur, je me demande à quoi toutes ces études me serviront. En
tout cas, pour l’instant, ça m’a donné l’opportunité de faire de merveilleuses
rencontres humaines et à apprendre à mieux me connaître.
Tu es un jeune passionné de dessin et tu tiens actuellement un blog où tu
publies une bonne partie de tes œuvres. Comment t'est venue cette passion et d'où
tires-tu ton inspiration ?
Etant assez paresseux petit, je m'adonnais à la lecture quie ne me demandait pas
d'efforts. A travers ces bandes dessinées - Tex, Yuma, Spiderman et autres -
j'ai commencé à ressentir cette passion. J’aimais lire et imaginer la
suite des histoires que je lisais et j'ai commencé à reproduire des personnages. C’est plus tard que j’ai été attiré par les dessins de presse,
les « comics strips » tels que Calvin et Hobbes, Mafalda ou Garfield. C’est donc
dans cette voie que je me sens bien aujourd’hui : du dessin sur l’actualité, en
3 cases, pour rire un peu chaque matin. Surtout avec les nouvelles tristes que
l’on trouve dans les journaux aujourd’hui. Par ailleurs, j’écris de nombreux
contes inspirés essentiellement de la musique que j’écoute. Cela peut varier
d’aretha franklin à marvin Gaye à un groupe de rock comme hoobastank. En
écoutant de belles mélodies, j’imagine des personnages qui deviennent vivants et
s’émancipent au fil des histoires fantastiques autour de l’Amour, la Mort,
l’Amitié, les chagrins, la Joie, la solitude, la vie au
quotidien
Quel genre de sujets relatifs à tes illustrations aimes-tu aborder ? L'Afrique ?
Des problèmes de société divers ? Des généralités ?
Je suis passionné d’informations internationales. Petit, je rêvais de
travailler à l’O.N.U. J’ai toujours été attiré par cette actualité globale qui
semble tous nous concerner, alors même qu’on vit à des milliers de kilomètres du
pays où l’événement s’est produit. J’avoue que l’amour de mon grand frère pour
la géostratégie a dû un peu m’influencer. Ainsi, mes dessins et illustrations
traitent uniquement de l’actualité internationale. Un petit « courrier
international » illustré. Ce qu’il y a de particulier dans mon approche c’est
que je raconte l’actualité à travers le regard de 6 enfants. Jojo, un petit
enfant un peu paresseux, Shangaï, un gamin rationnel qui est le frère de shangai
car sa mère a épousé le père de ce dernier. Deux enfants d’une famille
recomposée donc. Ensuite, il y a la tunisienne soreya qui est une carriériste. A
son jeune âge, elle rêve déjà d’être pdg d’une multinationale. Un autre
personnage c’est Ernesto, qui est un fan de nouvelles technologies. Pour lui,
l’ordinateur sauvera le monde. Il y a également Sidney, une passionnée de sa
propre personne. Miss narcissique en bref. Elle a du mal à parler d’autre chose
que d’elle. Elle parvient même à faire de la guerre en Irak un problème
personnel. Et pour terminer, Qing, une végétarienne et altermondialiste qui voit
la manipulation des pays riches derrière tout événement, la théorie du complot. Elle pense d’ailleurs
que le père noël à délocalisé ses usines en chine car sur chacun de ses jouets
il est marqué « made in china ». Voilà un peu le tableau qui me permet de me
jouer de l’actualité internationale au quotidien.
Quelles différences fondamentales, pour que l'on comprenne bien, entre un
artiste peintre, un dessinateur de presse, et quelqu'un qui fait des bandes
dessinées ?
Un artiste peintre , un dessinateur de presse et un dessinateur sont
tous des artistes. C’est la seule chose
qui les relie à mon humble avis. Les différences fondamentales, d’après moi,
sont les suivantes :
Le dessinateur de presse se focalise sur l’actualité (exemple des
caricaturistes : le canard enchaîné par exemple). Il peut également jouer sur l’humour sans aucun lien avec
l’actualité (Garfield). Le plus important pour lui c’est de créer un univers
dans lequel un lecteur de presse saura se retrouver chaque jour.
Le dessinateur de bandes dessinées a une contrainte liée au scenario. Il faut
une histoire cohérente, un but. Parfois le dessinateur n’est pas le scénariste,
mais les artistes complets font les deux à la fois. Alors qu’un dessinateur de
presse peut du jour au lendemain parler de choses différentes, le souci de
cohérence est plus important dans la bande dessinée.
L’artiste peintre, par définition renvoie plus à une idée d’abstraction,
d’inutilité. Pas inutilité dans un sens péjoratif, mais dans le sens où l’art se
suffit à lui-même dans ce cas. Quand on regarde un picasso, on y voit ce qu’on
veut. Picasso ne définit pas a priori ce qu’il veut transmettre. Même si il part
d’une idée précise, le tableau final peut surprendre le peintre. Et tôt ou tard,
un tableau a pour vocation d’être exposé. Tandis qu’un dessin de presse ou une
bande dessinée ont pour destin la publication dans une revue , un journal ou un
livre. Voilà une autre différence majeure. Car l’exposition renvoie à l’idée
d’œuvre d’art, d’œuvre intemporelle pouvant à terme appartenir à un musée. Un
Van Gogh traverse le temps sans souffrir. Un dessin de presse a une durée
limitée. Au moins parce qu’il est tout le temps confronté à l’immédiateté de
l’actualité. L'artiste peintre transmet des émotions, de la passion, plutôt
qu'un scénario et une histoire.
Envisages-tu, un jour, le dessin comme une activité professionnelle à part
entière que tu pourrais pratiquer à plein temps ?
J’ai eu du mal à me faire à cette idée. Déjà parce que je n’ai pas oublié les
conseils des oncles, des proches qui me rappelaient le destin de tout
dessinateur à savoir : pauvre, sans domicile fixe (et accessoirement sans
épouse, le pauvre !). Mais plus le temps passe et plus je me rends compte que
dessiner et écrire sont les deux seules choses que je sache faire. Ce sont mes
seuls talents. Et comme le dit si bien la parabole des talents : « il faut
faire fructifier ce que le Ciel nous a donné ». Ainsi, j’envisage sérieusement
cela comme un métier à part entière. Ça ne sera pas évident, mais je pense que
le jeu en vaut la chandelle. Pour le moment, je vais essayer de participer au
maximum de concours de dessin, de diffuser mes dessins sur différents blogs et
sites et on verra bien dans un an déjà…le temps d’un premier bilan.
Comme je le mentionne plus haut, j’écris également des contes. J’aimerais
également les faire publier. Et ainsi me consacrer toute ma vie à mes dessins et
à mes petits contes.
Y a-t-il un rapport différent aux dessins selon qu'on est en France ou au
Cameroun ? Penses-tu qu'il y ait une place pour les dessinateurs de talent au
Cameroun, que ce soit dans la presse ou sur des créneaux comme celui des bandes
dessinées ?
Je suis sans doute naïf, mais je pense qu’il y a la place pour toute personne
talentueuse qui croit en elle. Je n’ai jamais été éduqué avec la peur au ventre.
Mes parents et mes proches m’ont toujours dit que quel que soit le contexte, on
peut toujours réaliser ses rêves, à des degrés différents certes, mais c’est possible !
En France, je trouve que le dessin est plus fortement intégré à la culture. Il n
y a qu’à aller au festival de la bande dessinée à Angoulême pour s’en rendre
compte. En 2007 encore, la France était le pays où s’était vendu le plus grand
nombre de bandes dessinées dans le monde. Un autre indice
: la France est, depuis plusieurs
années déjà, le deuxième pays en terme de
vente de mangas dans le monde après le Japon. Ce qui change la donne dans ce
pays c’est que la bande dessinée n’y est pas vue comme appartenant uniquement au
monde des enfants. Au Cameroun, dessins et monde de l’enfance sont encore très
fortement associés, je trouve. En tout cas, dans ma vie de tous les jours, je me
souviens des remarques de mes amis qui me voyaient lire une bande dessinée. Même
si cette bande dessinée parlait de la première guerre du Golfe. Pour eux, ils
étaient déjà « suffisamment grands pour ne plus lire de bandes dessinées ».
En ce qui concerne le dessin de presse, il fort tenir compte de l’aspect
démocratique des choses. On peut plus aisément caricaturer quand on est en
France. Au Cameroun on a certes le Popoli, mais il reste toujours cette peur
d’être censuré…ou pire. Ainsi, un caricaturiste est souvent vu au Cameroun
comme un suicidaire, tandis qu’en France, c’est juste un journaliste qui a sa
chaise à côté d’un journaliste sportif par exemple. Il ne faut donc pas négliger
cet aspect. Mais je demeure optimiste malgré cela. Je pense que si on arrive à
être subtil et si on parvient à apporter de la nouveauté et un vrai sens de
l’humour, on peut réussir à se faire une place en tant que dessinateur de presse
au Cameroun. Il faut juste accepter de vivre avec très peu d’argent et de ne pas
rêver d’une vie de paillettes. Vivre son rêve, c’est tout d’abord une question
de choix à mon petit avis.
Penses-tu que les dessinateurs, particulièrement ceux qui évoluent dans le
milieu de la presse, ont un rôle précis à jouer dans les sociétés
modernes ? Si,
oui quel pourrait-être ce rôle ?
Oui. Tout artiste a un rôle à jouer dans nos sociétés. Je parle ici d’artiste
dans le sens d’un individu qui conserve son originalité dans toute chose et qui
arrive à l’exprimer au quotidien. Je pense au taxi qui vous dépose à destination
comme prévu, du comptable qui travaille à sa façon sans penser une seule seconde
à ajouter un zéro où il n'y en a pas. Je pense au médecin qui vous ausculte sans
chercher à vous extirper plus d’argent qu’il n’en faut pour vous soigner, etc,
etc. Tout comme ces artistes, le dessinateur a un rôle précis à jouer, selon son
authenticité. Pour ma part, j’espère juste faire deux choses chaque fois que je
dessine : faire rire (ou sourire) et ensuite faire réfléchir sur une question
d’actualité.
Comment selon-toi pourrait-on favoriser l'émergence de dessinateurs de brio au
Cameroun ?
Un seul mot : éducation. A travers mes contes, j’essaye à mon petit niveau de
raconter que ce que le premier frein à notre émancipation c’est bien souvent
nous-mêmes. Combien de parents au Cameroun choisissent d’envoyer leurs enfants
en médecine alors qu’ils savent que ce dernier est doué en littérature. Combien
interdisent à leurs neveux d’aller à l’école parce qu’ils pensent que la seule
issue au Cameroun c’est de devenir footballeur. Il y a plusieurs façon de
favoriser l’émergence de dessinateurs et de professionnels talentueux au
Cameroun. Personnellement, je me sens touché par le volet éducatif. Dire à nos
enfants, à nos plus jeunes le pouvoir qu’ils ont en eux. Les écouter, au lieu de
les diriger vers des métiers qu’ils n’aiment pas. Leur expliquer les avantages
et les inconvénients de chaque métier, au lieu de toujours leur présenter un
métier comme l’unique voie pour la réussite. On l’a fait avec le football, nous
avons plus de footballeur qu’il n’en faut. Nous l’avons fait avec les métiers de
la fonction publique, nous avons plus de fonctionnaires qu’ils n’en faut.
Combien d’entre eux auraient pu devenir chanteur, avocat, ou dessinateur. Bien
sûr, je fais exprès de ne pas parler du volet politique qui est très important.
C’est une question très complexe. Tout autant que la question d’infrastructures.
Des écoles d’art, de dessin, sont-elles à l’ordre du jour quand il n y as assez d’écoles primaires ? Il
faudrait déjà qu’on arrive à se poser ce genre de questions. Ce qui est plus
intéressant à mon petit avis, que de se demander si ma fille doit épouser un
béti ou un bami, un bulu ou un bassa. Je pense qu’il y a réellement un problème
de gouvernance, mais également de priorités au Cameroun. J’ai la faiblesse de
penser que chaque problème invoque à
la fois notre responsabilité individuelle et notre responsabilité en tant que
nation. Mais il est évident que dans un système très loin d’être objectif et
égalitaire, il y a très peu de place pour vivre ses rêves. Mais le dit-on déjà à
nos enfants ? Leur explique-t-on cela ? On peut faire dévier un humain de ses
passions, encore faut-il pouvoir lui dire pourquoi on le fait. Je ne le vois pas
dans mon entourage en tout cas, et j’espère y contribuer à travers mes modestes
contes et dessins.
Quels sont tes projets à moyen terme en ce qui concerne tes activités de
dessinateur ?
A moyen terme, j’espère publier mes dessins sur internet ou dans la presse
quotidienne gratuite. Je me donne un
an pour ce faire. Ensuite, quand j’aurai réalisé un certain nombre
d’illustrations, j’irai frapper à la porte de maisons d’éditions. L’idée étant
de partager mon univers illustré avec un maximum de personnes et de réaliser des
dessins pour quelques quotidiens comme dessinateur de presse free-lance.
(Indépendant).
Quelle est l'illustration que tu aies faite dont tu es le plus fier ? Et si tu
devais choisir parmi 3 illustrations ou des œuvres particulières qui t'ont
marqué en général ou t'ont inspiré, quelles seraient-elles ?
Je m’amuse en faisant chaque illustration. C’est le principe, sinon je ne la
fais pas et je passe à un autre dessin. Il m’est donc difficile de choisir. Je
mettrai plutôt trois liens vers des dessins qui ont beaucoup plu aux internautes
qui ont visité mon blog. Cela me semble plus objectif :
1-
Le dessin sur la tournée mondiale de Michael Jackson en 2009
2-
Le dessin sur
le changement tant attendu
3- L’illustration sur la
crise financière
Un dernier mot pour les internautes...
Chaque jour, je vous invite à découvrir un nouveau dessin et un conte !
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires et de vos critiques. Je pense
que rien ne fait autant progresser un être humain que des critiques
constructives. Alors, je suis preneur ! Merci d’avance et surtout qu’importe ce
que vous souhaitez faire ou réaliser, battez-vous pour l’avoir sans relâche. Au
pire vous n’y arriverez pas…mais vous aurez à tout jamais un énorme mérite, le
mérite d’avoir essayé, jusqu’au bout… de
toucher votre rêve !



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