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A la rencontre de Kaïssa, artiste World Music camerounaise
(04/07/2010)
Kaïssa est une artiste camerounaise vivant à New York et chantant de la World Music en Douala. Elle s'est livrée à Bonaberi.com
Par Redaction Bonaberi.com (Nkwayep Mbouguen)

Kaïssa Doumbe Moulongo est de ces artistes camerounais qui vivent leur carrière expatriés aux Etats-Unis. Elle a souligné avec une certaine tristesse le fait d'être moins connue au Cameroun. Pour remédier à cela, elle a accepté de rencontrer Bonaberi.com.

Bonjour Kaïssa, pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Bonjour ! Je suis Kaïssa, auteure, compositrice, chanteuse. Je vis à New York.

Vous êtes née au Cameroun, avez grandi à Paris et vivez à New York. Qu'est-ce qui a guidé vos différents déplacements ?

Je suis née à Yaoundé, dernière dune famille de 10 enfants. j'ai quitté le Cameroun pour Paris à l'âge de 13 ans pour un traitement médical, qui initialement devait être court, mais a finalement nécessité que je m'y installe vu la régularité à laquelle je devais me rendre à l'hôpital. J'ai vécu 20 ans à Paris et y ai suivi mes études secondaires et universitaires. Après une tournée aux USA en 1994, j'ai été subjuguée par la vivacité, la diversité musicale de NYC et me suis promise d'y revenir. je l'ai fait en 1996. J'ai tendance à suivre mes intuitions et j'ai un esprit assez aventurier

Votre attrait pour la musique : intuition de naissance ?

A l'âge de cinq ans déjà je divertissais ma famille en montant sur la table pour chanter. Mes frères et sœurs ont été mes premiers fans, même quand je leur infligeais à « tue-tête » une de mes nouvelles compositions qui n’en finissait pas. C’est comme cela que je me suis singularisée et que mon identité n’a jamais été brimée. Aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours été attirée par les Arts, la musique en particulier

Qu'est-ce qui a été l'élément déclencheur qui vous poussé à démarrer une carrière ?

Après mon baccalauréat littéraire j’ai continué mes études à l’université de Nanterre Paris X, études de Droit sous l’insistance de mon père. Je suivais les cours (pas vraiment à vrai dire) et en même temps je faisais des séances de studio et concerts (en cachette). Toutes ces expériences, et mon premier concert en particulier  initié par mon frère Raymond qui est bassiste, m'ont permise de chanter dans au moins une dizaine de langues, avec des artistes de tous horizons. Je me suis vite rendue compte que je n’étais vraiment pas du tout intéressée par le droit et que la musique me rendait simplement heureuse. Un jour, j’ai dit à Papa “le droit, ce sera dans une autre vie”. (sourires).  J’ai su à ce moment là que je ne ferai jamais marche arrière et que chanter était mon métier, ma vie, ma passion.


Kaïssa sur scène avec Manu Dibango
Kaïssa sur scène avec Manu Dibango
Bien qu'ayant vécu quasiment exclusivement hors du Cameroun, vos chansons sont en Douala ; êtes-vous plus à l'aise dans cette langue, ou alors est-ce la volonté de mettre en avant vos origines ?

J'utilise une langue de manière organique, par rapport à la mélodie et ce que je crois être la meilleure façon de présenter d'histoire que je veux partager. Je crois en une approche organique de l'écriture, ce n'est pas quelque chose de forcé. Ce n'est pas genre, oh, ce serait mieux travailler à cause de cela. Oui, pour moi, nos langues, et la langue Duala en particulier, ont une résonance poétique et une beauté incomparable. Je peux y exprimer des sentiments, des pensées que j'ai du mal à dire en français ou même en anglais. Et oui,  nos langues méritent d’êtres connues, reconnues et chantées. Cependant, récemment, plusieurs textes me sont venus en Français et et en Anglais! Ma chanson A Ghetto in the Sahara, contient un passage en anglais. A suivre!

Malgré l'obstacle de la langue, votre musique à l'instar de celle de Richard Bona ou de Manu Dibango trouve un très bon écho hors de votre terre natale. Qu'est-ce qui fascine dans votre musique ?

Vendredi dernier lors de mon concert, quel plaisir d’entendre un public Américain entonner avec moi “Né musango”! (rires). Cela démontre combien la musique est universelle. Je peux vous l’assurer, mon audience ne comprend pas mes mots, mais elle les ressent. Je ne pense donc pas que la langue soit un obstacle, un frein, peut-être? Ce qui fascine dans ma musique? Je ne saurais y répondre... J'essaie de raconter une histoire qui est pertinente et sincère. Je suis une personne passionnée, peut-être est-ce cela? Lisez les commentaires de mes fans sur CD Baby et ma page Facebook, ils parleront mieux que moi... (rires)

Quand on vous écoute, on est frappé par trois choses : la qualité de la voix, la langue douala, mais aussi les instruments. Que mettez-vous en avant  ? Qu'exprimez-vous en chantant ? De quoi parlez-vous ?

Merci pour vos compliments. Je suis entourée de musiciens fabuleux qui savent et ont su servir ma musique et ma voix sur l'album Looking There et celui en préparation. J'aime beaucoup collaborer, il n'y a rien de plus enrichissant.

Ma musique et paroles ont tendance à être très personnels. Mes expériences de vie, mes voyages, ma famille, sont des sources d'inspiration. J'essaie de parler de choses universelles à travers lesquelles tout le monde peut se reconnaître. "Joy" est un hommage à ma Maman, je lui dis merci pour son amour inconditionnel. La situation du monde dans lequel nous vivons m'inspire également de manière constante.

Les guerres, les réalités socio économiques, la pauvreté. A Ghetto In The Sahara" est le récit d'une femme Africaine tentant d'immigrer au Nord. Forcée sur les bateaux hier, aujourd'hui indésirable... rejetée. "Eyala" est un hommage aux Babambe, les ancêtres, qui nous enseignent, nous montrent la voie de part leur sagesse et leur sacrifices. "Nengue Dipita" raconte les challenges et vicissitudes et le "ndjinja" de la vie mais surtout l'assurance qu'il y a suffisemment de magie et force à l'intérieur de chacun de nous pour créer notre Monde. "Mamelodie" tu es le seul médicament dont j'ai besoin mon amour si précieux...


Vos influences musicales ? Quels artistes vous ont inspirés ou vous inspirent encore aujourd'hui ? On sait notamment que vous avez été en contact avec Manu Dibango, Salif Keita, Paul Simon et d'autres encore... Que vous ont-ils apporté ?

D'avoir eu le privilège de travailler avec eux est une expérience formidable. J’ai beaucoup appris, non seulement musicalement mais aussi humainement. Je me suis véritablement sentie validée à NYC lorsque Paul Simon m'a invitée à chanter ses chansons alors que lui m'accompagnait à la guitare, lui complètement au fond de la scène et moi en avant sur cinq de ses chansons ! Quelle leçon d'humilité et de grandeur de la part de cette légende !

J'ai plusieurs idoles : Miriam Makeba, Toto Guillaume, Michael Jackson, Anne-Marie Nzié, Eboa Lottin, Randy Crawford, Charles Ewanje Epee, Salif Keita, Bob Marley, Ekambi Brillant... A tous les niveaux ces personnes m'ont inspirée et influencée. Musicalement, mais aussi humainement.

Après quelques années déjà passées à chanter, est-ce que vos expériences ont modifié votre regard sur le monde musical et influencé vos styles musical et d'écriture ?
 
Oui bien sûr. Ces expériences ont été la meilleure école musicale qui puisse être! Les tournées m'ont appris et formée à avoir une hygiène, une rigueur impeccables. je travail et me considère comme une athlète. Je ne fume ni ne bois. Ces expériences, je m'en sers lorsque j'écris et compose.
 
Vous vous trouvez à mi-chemin entre le reggae, la musique traditionnelle, ou encore la World music afro. Quel est selon vous votre style musical ?

Ma musique, je ne pourrais pas la définir. Du tout. Je fais ce que j’aime. Je n’aime pas les étiquettes de toutes les façons. Vous y retrouverez du makossa avec un fond de manganbeu, même de la musique malienne, sud-africaine raisons pour lesquelles les gens ont du mal à me classifier. Ça tombe bien, de toutes les façons, je n’aime pas être classifiée.
  
Parlez-nous de votre premier album, « Looking There ».

Looking There » est un rêve d’enfance. Un devoir de mémoire à mes ancêtres ! Je regarde, j’observe. Je regarde mon « Mboa » avec mes yeux d’immigrée… Je rêve du Mboa de mon d’enfance, un Mboa qui n’est plus…ou mieux, qui renaît !

Cet album a été entièrement enregistré à la maison. Nous avons mon mari et moi un studio d’enregistrement high tech, entièrement, équipé de Pro-Tool entre autres.

J’y exprime mon amour pour les miens, vivants : dans « Joy » je remercie ma mère pour le don de la vie, et l’amour qu’elle nous a donné, ou morts : dans « Sangw’am », dédié à mon feu Père, Eyoum, dédié à feu mon cher frère Eyoum Jean Georges Doumbè Moulongo. Dans « Aléa So », j’y exprime ma joie de chanter dans mon « mboko » et d’apporter un tant soi peu de joie aux autres. « Senga » : Senga maléa, écoute, ouvre les oreilles tu apprendras dans le processus !

Valable pour tout le monde ! En restant ouverts nous pouvons allons capter, comprendre et voir ceci ou cela d’un autre point de vue. Ma foi « Ombwa tè » Lambo na lambo nja, di va ja bolanè to di sara di o yindèlè ki di mèndè o bolanè ! Je suis convaincue que croire à ses rêves, en y travaillant dur, les visualiser, on opère des miracles. Avec "Essimo” je fais un rappel historique, j’y dénonce les abus coloniaux, massacres de nos hommes de bonne volonté, nos héros. Je pose des questions : « O dina la ndjika loba mo, binyo lo kom no maya massué ? » Au nom de quel Dieu avez vous fait couler notre sang ? Les abus des puissances actuelles, leur interventionnisme constant dans les affaires des autres…Essimo m’a aussi été inspiré par le film de Sembène Ousmane sur les "Tirailleurs" du camp de Thiaroye dont le seul “crime” fût de demander leur dû! Ma foi « Ombwa tè » Lambo na lambo nja, di va ja bolanè to di sara di o yindèlè ki di mèndè o bolanè ! Je suis convaincue qu'en croyant à ses rêves, en y travaillant dur, les visualisant, nous opérons des miracles.

Kaissa avec Sam Fan Thomas à Maroua
Kaissa avec Sam Fan Thomas à Maroua
Après cet album, vous avez intégré de nombreuses compilations, Global Soul, Worl Reggae (sur lequel vous interprétez O Si Keka), Women of Africa (To Ndje), Women of the World (Wa)... Pourquoi ce choix ?

Deux rectifications: tout d'abord, la plupart des compilations ont été faites bien avant la sortie de mon album. Ensuite, ceci n'est pas un choix ; alors que je recherchais un label, Putumayo m'a approchée et a sollicité mes chansons. De plus, aucun label ne m'avait signée. Impossible de leur dire non, car ils ont une distribution mondiale impressionnante qui a donné de la visibilité à mon album avant même qu'il ne sorte.

Ensuite, vous êtes partie en tournée avec David Byrne et Brian Eno, Pouvez-vous nous décrire cette expérience ?

Absolument géante comme expérience ! En Avril 2008 Paul Simon m'a invitée à chanter ses chansons à l'occasion d'un récapitulatif de sa carrière. Il m'accompagnait à la guitare, lui complètement au fond de la scène moi en avant. J'ai chanté cinq de ses chansons ! Quelle leçon d'humilité et de grandeur de la part de cette légende! C'est à cette occasion que 'ai rencontré David. Deux semaines après la fin de cette série de concerts, j'ai reçu un email de DB, me demandant: "serais-tu intéressée de faire une tournée avec moi ? J'ai cru à un canular.... Nous avons fait le tour du monde pendant un an !
 
On parle aujourd'hui d'un second album. Dites nous-en plus.

Je suis en plein enregistrement de mon nouvel album sur lequel je travaille avec Gregg Fine, mon guitariste et arrangeur. Je reviens de concerts en France et en Hollande où j'ai rencontré une équipe avec laquelle je vais travailler sur des projets de tournées. Une équipe au Cameroun travaille également pour une tournée possible fin de cette année ou début 2011. Mon nouvel album sera sur les bacs avant la fin de l'année 2010.

Ma musique et paroles ont tendance à être très personnels. Mon expérience de vie, mes voyages, ma famille, sont des sources d'inspiration. J'essaie aussi de parler de choses universelles à travers lesquelles tout le monde peut se reconnaître. "Joy" est un hommage à ma Maman, je lui dis merci pour son amour inconditionnel. La situation du monde dans lequel nous vivons m'inspire également de manière intense.

Les guerres, les réalités socio économiques. A Ghetto In The Sahara" est le récit d'une femme Africaine tentant d'immigrer au Nord. Forcée sur les bateaux hier, aujourd'hui indésirable...rejetée. "Eyala"  est un hommage aux Babambe, les ancêtres, qui nous enseignent, nous montrent  la voie de part leur sagesse et leur sacrifices. "Nengue Dipita" les challenges et vicissitudes de la vie et l'assurance qu'il y a suffisamment de magie et force à l'intérieur de chacun de nous pour créer notre Monde. "Mamelodie" tu es le seul médicament dont j'ai besoin mon amour si précieux...

N'avez-vous pas l'impression d'être méconnue au Cameroun et des Camerounais en général ? Est-ce une déception pour vous qui chantez l'Afrique ?

Oui, je suis méconnue au Cameroun. C'est vraiment très ironique que je sois plus connue à New York qu'à Douala, à Cracovie, Lima, ou même à Paris qu'à Yaoundé. Mais voilà, je suis partie il y a très longtemps, et ce n'est qu'en 2008 au FENAC de Maroua que j'ai eu l'occasion de chanter (une chanson) pour la première fois chez moi au Mboa.

Effectivement, j’ai fait le tour du monde et me suis produite de la Nouvelle Zélande au Brésil, en passant par le Japon et la Pologne avec mon groupe et en accompagnant d’autres artistes, mais jamais chez moi avec mon groupe !

Grâce à vous hommes et femmes de presse, grâce à l’outil technologique, tels que internet dont Facebook, Myspace etc., je découvre mon public Camerounais, qui est de plus en plus grand et j'en suis tellement heureuse ! Je vais vous dire ceci, ce n’est pas faute d’avoir essayé…Aucune proposition sérieuse ne m’a encore été présentée.

Je reste positive. J’espère finalement me produire au pays en 2010/2011
 
De nombreux artistes Camerounais - Dan Kamit, Gino Sitson, Sandra Nkaké, Henry Dikongué – sont plus connus en occident qu'au Cameroun. Comment selon vous corriger cette anomalie ?

Il me semble que dans les cas de Henry, Sandra et Gino, il y aurait du changement, non? Je ne connais pas Dan Kamit, mais je vais y remédier de suite et le rechercher sur Internet ! Pour moi la culture peut changer la façon dont nous voyons notre monde et comment le monde nous voit. Je dirai donc que la piraterie, le manque d'infrastructures pour y remédier, l'absence de structures pour venir en aide aux artistes en général, aux musiciens en difficulté. L'absence de véritables salles de spectacles et d'équipement sonore. L'instabilité et l'inefficacité de notre Société des droits d'auteurs. Le manque de professionnalisme, le manque d'éthique des "soi-disant" promoteurs, managers et autres qui s'improvisent dans notre Art. Et j'en passe...tout ceci constitue un véritable frein à la découverte de musiciens locaux et de la diaspora de notre si riche pays, un frein à leur développement.

Comment se procurer vos différents tubes ou album(s) ? Comment vous contacter pour les fans ?

Au Cameroun, aux points de vente de Culture Mboa. Partout ailleurs, au travers de mon site Internet http://www.kaissa.com
Vous pouvez aussi visiter et rejoindre ma page Fan de Facebook , visionnez vidéos, presse, bio, écoutez mon album "Looking There", et des extraits de mon prochain album ici.

Nous arrivons au terme de cet entretien. Un dernier mot pour les internautes ?

« Ce que tu peux faire aujourd’hui, tout de suite, ne le remets PAS à demain ! » ma mère m ’a toujours dit, O si bè sualuké…
J'ai comme amis ici à NYC des musiciens incroyables qui  travaillent comme chauffeurs de taxis, baby sitters etc…Lorsqu’ils viennent sur scène ils ont la rage. La rage d'exceller . Croyez en vos rêves !

Du fond du cœur, merci à toutes celles et tous ceux qui me supportent.

Merci de nous avoir répondu.,

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