La prison de Kodengui a été fouillée
Le secrétaire d’Etat au ministère de la Justice chargé de l’Administration pénitentiaire, Emmanuel Ngafesson a confié à des journalistes qui ont afflué vers la prison centrale de Kondengui que le bouclage du pénitencier, hier lundi 11 août entre 6h et 14h, par un millier de gendarmes se justifie par des renseignements faisant état de la préparation d’une évasion de prisonniers.
Le secrétaire d’Etat n’a pas été précis sur l’identité des pensionnaires de la prison soupçonnés de préparer une évasion. Dans ce pénitencier séjournent notamment l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, l’ancien ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono, trois hauts responsables de la République en fonction il y a encore quelques mois.
Ceci explique-t-il l’impressionnant déploiement de gendarmes qui ont procédé à la fouille de tous les quartiers de la prison hier? Un responsable de la prison ayant requis l’anonymat a voulu banaliser l’opération, y voyant une « simple fouille de routine ». Les riverains et des pensionnaires corvéables approchés par Le Jour soutiennent pour leur part qu’une opération d’une telle envergure n’a jamais été vue à la prison centrale de Kondengui.
Quatre camions et neuf pick-up ont en effet été mobilisés pour le transport des gendarmes affectés à l’opération. Plusieurs navettes ont été faites. A l’entrée de la prison, l’exposition de la logistique, comme dans une démonstration de force, donnait une idée de l’importance qu’ont voulu donner les responsables de la gendarmerie à cette opération : une centaine de fusils mitraillettes, plusieurs dizaines de casques anti émeutes, autant de boucliers et de gilets pare-balle.
L’on a aussi observé un détachement du Gepic, corps d’élite de la gendarmerie dont les éléments portaient des cagoules. Autre chose, Jean Baptiste Bokam, le secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie et le général Mambou Deffo se sont déportés sur le terrain de l’opération.
Tout ceci a contribué à amplifier une rumeur entendue hier autour de la prison selon laquelle l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, incarcéré dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, aurait fait passer des armes dans ses effets. Mais tous les recoupements faits n’ont permis ni de confirmer ni d’infirmer cette rumeur. Ce dont on est sûr, c’est que les avocats de certains prévenus ont accouru vers la prison peu après l’arrivée du secrétaire d’Etat à la Défense autour de 12h15mn. Parmi ceux-ci, Me Nouga, connu comme l’un des avocats de Polycarpe Abah Abah.
Pendant la durée du siège, la prison a été bouclée par un cordon de sécurité. De 6h à 15h, les visites des familles aux pensionnaires ont été interdites. Les petits commerçants d’ordinaire installés en face du pénitencier ont tous été délogés. Dans le registre du bilan de la fouille, l’on a appris que des téléphones portables ont été confisqués. Pas de nouvelles d’armes à feu.
Cette opération intervient quelques temps après une tentative d’évasion sanglante à la prison de New Bell à Douala qui s’est soldée par un lourd bilan de 16 morts. Elle fait également suite à la suppression de facilités accordées aux détenus Vip, en avril dernier, peu après le transfert de Polycarpe Abah Abah et Urbain Olanguena à la prison centrale de Yaoundé. Etaient ainsi proscrits : le téléphone portable, un saut au cybercafé, un tour chez le curé, une ballade en voiture, un verre le soir à Santa Lucia… Selon nos informations, ces restrictions ont fait long feu.
Source: Le Jour Quotidien
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