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Les Chinois et le riz au Camer
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00237



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MessagePosté le: Tue Jun 17, 2008 10:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mon cher Nji, je crois qu'il faut un tableau noir ici, comme ca au besoin on pourra meme faire des dessins.

Le Cameroun pays pauvre trés endété est face á plusieurs defis.

1- Comment nourire une population de 20 Millions de personnes?

Reactiver le mecanisme qui nous á permis dans les annees 80 de nous approcher de l'autossuffisance alimentaire. les details de cela nous sont donné dans l'article du Messager posté plus haut. Et je ne vois pas en quoi la presence de chinois qui cultiveraient quelques parselles de terre ampecherait cela au contraire... je le precise parce que j'ai lu des choses ici du genre "on a vendu le Cameroun" ou encore, "les chinois cultivent du riz au Cameroun et le riz coute cher" l'un n'induit pas l'autre, auquel cas je l'ai deja souligné, il faudrait aussi demander aux francais qui exploitent les bananerais du Moungo pourquoi le plantain coute si cher au cameroun.
il ne faut pas aussi oublier que dans certains pays comme le Soudan, les chinois y font de l'agriculture plus pour nourire leur ressortissant car le chinois consomme chinois.

2-Comment doter le pays d'infrastrures fiables(routes, ecoles, hopitaux etc)?

la reponse je l'ai deja donné plus haut car ne disposant pas de moyens (finacier, technologique etc), la Chine par sa diplomatie du chequier reste notre meilleur partenaire, tres loin du partenariat que nous avons longtemps eu avec les occidentaux qui etait basée sur des aides au developpement donc on ne voyait jamais la couleur.

3-Creer de l'emploi pour une population á plus de 50% jeune?

Les deux premiers defis créent deja une bonne partie de l'emploi, en plus,
aucun pays au monde ne peut compter sur l'Etat seul comme employeur, ce qui est encore le cas au Cameroun. nous avons besoin des investisseurs prives et etrangers. et les investisseurs ne peuvent venir que si les deux premiers defis sont relevés. si un pays n'est pas doté de source d'energie(cela implique la constructions de barrages etc), les investisseurs ne viendrons pas. et bien entendu, il faut une certaine stabilité politique. les gens ne sont pas la pour jouer á la roulette russe avec leurs milliards.

Voila les defis donc nous devons faire face, et en cela les conditions que nous offre la Chine aujourdhui reste les meilleurs, l'Algerie en profite, le Soudan en profite(avec un taux de croissance en 07 de 13%), l'Afrique du Sud en profite, le Nigeria, l'Angola, pourquoi pas nous!? tout le monde est aujourdhui tourné vers la Chine, donc nous n'avons pas á faire la fine bouche.

Cette demonstration, je l'ai faite pour que vous compreniez que la presence de Chinois sur quelques parselles de nos terres n'est en rien la source de nos malheur, et que cela n'empechait pas l'Etat de mettre sur pied des solutions(comme ce fut le cas dans le passé) qui permettent á la population d'avoir de quoi manger tout en developpant le pays.

Voila!

Des questions!?


Dernière édition par 00237 le Tue Jun 17, 2008 2:26 pm; édité 2 fois
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00237



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MessagePosté le: Tue Jun 17, 2008 11:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

Complement d'info:
http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=5002&Itemid=56


http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=5000&Itemid=56
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Sweetty



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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 8:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et votre président là, ça ne fait pas déjà 25 ans ou même 26 ans qu'il est au pouvoir???
Il se raproche de Mugabé que tout le monde critique.
Biya n'est pas mieux, mais on attend peut-être d'être au mm stade qu'au Zimbabwe avent de réagir.
[/i]
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00237



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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 9:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sweetty a écrit:
Et votre président là, ça ne fait pas déjà 25 ans ou même 26 ans qu'il est au pouvoir???
Il se raproche de Mugabé que tout le monde critique.
Biya n'est pas mieux, mais on attend peut-être d'être au mm stade qu'au Zimbabwe avent de réagir.
[/i]


hum sweetty, c'est vrai que pour arriver á un vrai developpement il faudrait qu'une democratie soit mise sur pied et avec un president au pouvoir depuis 26 ans nous en sommes tres loin. tant que la personne qu'il faut n'est pas á la place qu'il faut, les efforts de developpement traineront toujours le pas. Biya á a instauré un systeme de gouvernance basé sur la corruption et toute sorte de repression. Tu parles de Mugabé, meme si aujourdhui il est passé du coté des dictateur, il aurait pu etre une figure emblematique comme Nelson Mandela, car il fut l'un des péres fondateur de Zimbabwe. il est plus décrier par les occidentaux surtout par les anglais et les americains car il a osé reprendre les terres aux blancs(expropriation forcée) pour donner au noirs. voila pourkoi il est devenu persona non grata et les anglais veulent sa peau á tout les prix.
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Sweetty



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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 9:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

00237 a écrit:
Sweetty a écrit:
Et votre président là, ça ne fait pas déjà 25 ans ou même 26 ans qu'il est au pouvoir???
Il se raproche de Mugabé que tout le monde critique.
Biya n'est pas mieux, mais on attend peut-être d'être au mm stade qu'au Zimbabwe avent de réagir.
[/i]


hum sweetty, c'est vrai que pour arriver á un vrai developpement il faudrait qu'une democratie soit mise sur pied et avec un president au pouvoir depuis 26 ans nous en sommes tres loin. tant que la personne qu'il faut n'est pas á la place qu'il faut, les efforts de developpement traineront toujours le pas. Biya á a instauré un systeme de gouvernance basé sur la corruption et toute sorte de repression. Tu parles de Mugabé, meme si aujourdhui il est passé du coté des dictateur, il aurait pu etre une figure emblematique comme Nelson Mandela, car il fut l'un des péres fondateur de Zimbabwe. il est plus décrier par les occidentaux surtout par les anglais et les americains car il a osé reprendre les terres aux blancs(expropriation forcée) pour donner au noirs. voila pourkoi il est devenu persona non grata et les anglais veulent sa peau á tout les prix.


Je ne remet pas en question ce qu'il a fait pour son pays vis à vis des blancs
Je parle de ce qu'il fait now.
Il est temps de quitter, la population veut qu'il parte mais lui s'accroche pire qu'une sansu au point de tuer et de menacer les partisans de l'opposition et Thabo Mbeki est là pour le soutenir.

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DDB



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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 9:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

00237 a écrit:
Mon cher Nji, je crois qu'il faut un tableau noir ici, comme ca au besoin on pourra meme faire des dessins.

Le Cameroun pays pauvre trés endété est face á plusieurs defis.

1- Comment nourire une population de 20 Millions de personnes?

Reactiver le mecanisme qui nous á permis dans les annees 80 de nous approcher de l'autossuffisance alimentaire. les details de cela nous sont donné dans l'article du Messager posté plus haut. Et je ne vois pas en quoi la presence de chinois qui cultiveraient quelques parselles de terre ampecherait cela au contraire... je le precise parce que j'ai lu des choses ici du genre "on a vendu le Cameroun" ou encore, "les chinois cultivent du riz au Cameroun et le riz coute cher" l'un n'induit pas l'autre, auquel cas je l'ai deja souligné, il faudrait aussi demander aux francais qui exploitent les bananerais du Moungo pourquoi le plantain coute si cher au cameroun.
il ne faut pas aussi oublier que dans certains pays comme le Soudan, les chinois y font de l'agriculture plus pour nourire leur ressortissant car le chinois consomme chinois.

2-Comment doter le pays d'infrastrures fiables(routes, ecoles, hopitaux etc)?

la reponse je l'ai deja donné plus haut car ne disposant pas de moyens (finacier, technologique etc), la Chine par sa diplomatie du chequier reste notre meilleur partenaire, tres loin du partenariat que nous avons longtemps eu avec les occidentaux qui etait basée sur des aides au developpement donc on ne voyait jamais la couleur.

3-Creer de l'emploi pour une population á plus de 50% jeune?

Les deux premiers defis créent deja une bonne partie de l'emploi, en plus,
aucun pays au monde ne peut compter sur l'Etat seul comme employeur, ce qui est encore le cas au Cameroun. nous avons besoin des investisseurs prives et etrangers. et les investisseurs ne peuvent venir que si les deux premiers defis sont relevés. si un pays n'est pas doté de source d'energie(cela implique la constructions de barrages etc), les investisseurs ne viendrons pas. et bien entendu, il faut une certaine stabilité politique. les gens ne sont pas la pour jouer á la roulette russe avec leurs milliards.

Voila les defis donc nous devons faire face, et en cela les conditions que nous offre la Chine aujourdhui reste les meilleurs, l'Algerie en profite, le Soudan en profite(avec un taux de croissance en 07 de 13%), l'Afrique du Sud en profite, le Nigeria, l'Angola, pourquoi pas nous!? tout le monde est aujourdhui tourné vers la Chine, donc nous n'avons pas á faire la fine bouche.

Cette demonstration, je l'ai faite pour que vous compreniez que la presence de Chinois sur quelques parselles de nos terres n'est en rien la source de nos malheur, et que cela n'empechait pas l'Etat de mettre sur pied des solutions(comme ce fut le cas dans le passé) qui permettent á la population d'avoir de quoi manger tout en developpant le pays.

Voila!

Des questions!?


Avec les 300 Milliard de $ détourner de l'aide occidentale( information révélé par une commission, je n'ai plus l'article sous la mains peut etre l'as tu? ) , tu ne penses que si l'afrique avait eu cette argent elle ne serait pas là?
Et ceux qui on détourné une partie de l'aide occidentale, tu penses qu'avec les chinois ils feront autrement?
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Sweetty



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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 10:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

D'accord avec DDB
en tout cas, cette session à l'université j'ai eu un cours intitulé politique et pouvoir en afrique.
Les millions de dollars qui sont détourner chaque année par nos présidents... c'Est tout simplement incroyable surtout quand tu sais 60% de la population vit sous le seuil de la pauvreté.
la société civile en afrique est pauvre mais ces dirigeants sont riches.
Ils peuvent s'acheter les dernières mercedes à 300.000 dollars cash mais sont incapable de nourrir leur populations.
Les chinois en afrique sutout au cameroun payent cher Popol pour s'installer sur nos terres et cet argent moi je n'ai jamais vu sa couleur. Rolling Eyes

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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 10:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sweetty a écrit:
00237 a écrit:
Sweetty a écrit:
Et votre président là, ça ne fait pas déjà 25 ans ou même 26 ans qu'il est au pouvoir???
Il se raproche de Mugabé que tout le monde critique.
Biya n'est pas mieux, mais on attend peut-être d'être au mm stade qu'au Zimbabwe avent de réagir.
[/i]


hum sweetty, c'est vrai que pour arriver á un vrai developpement il faudrait qu'une democratie soit mise sur pied et avec un president au pouvoir depuis 26 ans nous en sommes tres loin. tant que la personne qu'il faut n'est pas á la place qu'il faut, les efforts de developpement traineront toujours le pas. Biya á a instauré un systeme de gouvernance basé sur la corruption et toute sorte de repression. Tu parles de Mugabé, meme si aujourdhui il est passé du coté des dictateur, il aurait pu etre une figure emblematique comme Nelson Mandela, car il fut l'un des péres fondateur de Zimbabwe. il est plus décrier par les occidentaux surtout par les anglais et les americains car il a osé reprendre les terres aux blancs(expropriation forcée) pour donner au noirs. voila pourkoi il est devenu persona non grata et les anglais veulent sa peau á tout les prix.


Je ne remet pas en question ce qu'il a fait pour son pays vis à vis des blancs
Je parle de ce qu'il fait now.
Il est temps de quitter, la population veut qu'il parte mais lui s'accroche pire qu'une sansu au point de tuer et de menacer les partisans de l'opposition et Thabo Mbeki est là pour le soutenir.


je ne dis pas que Mugabe devrait rester au pouvoir, NON, quelque soit le cas apres un certain temps a la meme place on atteint le seuil d'incompetance, donc theoriquement tout coe Biya, il ne peut plus rien apporter á son pays. en principe le deuxieme tour des elections qui se prépare n'aurait meme pas du avoir lieu car il avait été battu des le premier tour. aujourdhui il utilise tout les moyens d'influence(arrestation et assassinat des opposants) pour se maintenir au pouvoir. Mugabe est passé du coté des dictateurs tout coe Biya, Bongo etc c'est dommage.
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MessagePosté le: Thu Jun 19, 2008 10:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L'aide au developpement est une notion qu'il convient de considerer avec beaucoup de prudence.
ces aides sont en realité de grosses arnaques tant pour les pays donateurs(notamant la France) que pour ceux qui les recoivent.

Il est important de specifier les natures de cette Aide publique au developpement(APD):

-les aides hors projet :
c'est a dire de l'argent qu'on verse directement aux Etats en besoin.

- les aides-projets
sous forme de grands contracts, par exemple dans le cadre de construction d'infrastructures(tres souvent le projet est surfacturé, inachevé ou inutile. Et la rentabilité de la realisation nulle).

- la stimulation et le traitement de la dette
(annulation, reécholonnement etc), sans compter que les cooperations culturelles, scientifique et technique font partie de cette APD - donc quand on envoie un sinistre scientifique ou chercheur dans les forets de Ngelemedouga compter les arbres et qu'il est payé á coup de millions, tout ca fait partie de l'aide- .

Dans tout les cas, des mecanismes parfaitement huilés sont mis sur pied pour que l'argent décaissé sous forme d'APD, retourne financer des raiseaux mafieux, financer les partis politique proche du gouvernement des pays donateur, ou fiancer des campagnes electoralare dans les memes pays. je ne vais pas entrer dans les details de ces mecanismes, mais juste prendre un exemple pour illustrer mes propos.

prenons le cas de l'aide hors projet.

Un richissime dictateur africain crit á l'aide parce qu'il ne peut plus payer les fonctionnaires -l'armee et la police plus précisement -, Paris se precipite de lui débloquer quelques milliards sous forme d'APD, ces milliards sont effectivement envoyés en Afrique, mais repartent en CFA dans des malettes direction les paradis fiscaux, á partir de lá, cet argent servira a fiancer les partis politique francais ou une campagne presidentielle. On peut ainsi remarquer une augmentation des APD á l'approche d'une election presidentielle en France etc.

Finalement il nya pas que le pauvre africain qui est floué dans cette mascarade mais aussi le contribuable francais. Vous comprenez donc pourquoi des hommes comme Omar Bongo sont des intouchables, il maitrise tellement des dossiers de cette nature qu'il peut faire sauter la France a tout moment. d'ailleurs il a suffit qu'il s'énerve un petit peu pour que Sarko vire le ministre de la cooperation Jean-marie Bockel.

En brandissant donc ces aides qui en valeur absolue sur 60 ans est certes astronomique, les occidentaux se dédoinent devant le monde en disant, vous voyez on leur a donné de l'argent ils n'en ont rien fait. sachant tres bien ce que cette aide est devenu. surtout qu'il faut rembourser(sous forme de matiere premiere).
Pour que ces raiseaux fonctionnent á merveille, il faut bien garder á la tete des pays africains des hommes a la solde de l'ancienne metropole, c'est ce que Foccart s'est chargé de faire apres les indépendances, et des presidents un peux trop nationalistes comme Thomas Sankara ont eté vite illiminés.

En definitive, moins de 5% de L'APD arrive á destination. d'ou ma position tres favorable á un rapprochement d'affaire avec la Chine. l'approche de la Chine vis á vis de l'Afrique est tres differente et plus benefique.
le president Wade l'a d'ailleurs déclaré, "En 10 ans la Chine á plus fait pour l'Afrique que l'occident en 60" c'est tout dire.
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MessagePosté le: Mon Jun 23, 2008 1:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Abdoulaye Wade : L’Occident a beaucoup à apprendre de la Chine !

L’union européenne et les Etats-Unis sont intéressés par la Chine et l’Afrique et veulent chacun avoir leur part du gâteau, dénonce le président Abdoulaye Wade.

Ravivant le souvenir des rivalités coloniales du passé, les dirigeants européens et les bailleurs de fonds reprochent aux nations africaines d’accueillir à bras ouverts les investisseurs chinois, et de se faire exploiter par leurs partenaires asiatiques.

Mais si l’Europe vante tant les vertus du libre-échange, pourquoi s’offusque-t-elle du rôle économique de la Chine en Afrique ? Le libre échange est en effet une aubaine pour l’Afrique. Mais, comme je le dis à mes amis de l’Occident, la Chine répond bien mieux aux besoins de l’Afrique que les capitalistes occidentaux. la lutte d’influence à laquelle se livrent l’Occident et la Chine ne concerne pas l’Afrique. Notre continent a besoin de développer ses infrastructures, d’être en mesure de fournir de l’énergie bon marché, et de former les gens. de nombreux dirigeants africains s’efforcent de créer une croissance économique solide et durable, et de réduire la fuite des cerveaux en Europe.
la stratégie de la Chine est tout simplement mieux adaptée que l’approche post-coloniale lente et parfois condescendante des investisseurs, des bailleurs de fonds et des Ong européens.
En fait, l’Afrique peut apprendre beaucoup du modèle chinois pour un développement économique rapide. Grâce à une aide directe, des crédits et des accords raisonnables, la Chine a permis aux nations africaines d’améliorer leurs infrastructures en un temps record : ponts, routes, écoles, hôpitaux, barrages, bâtiments administratifs, stades et aéroports.
Dans plusieurs de ces pays, dont le Sénégal, ces constructions ont vraiment stimulé la croissance économique. Il s’agit, en outre, d’infrastructures qui vont rester en Afrique et contribuer à améliorer les conditions de vie de plusieurs millions de personnes, et pas seulement profiter à une élite.
Au Sénégal, une entreprise chinoise ne peut remporter un contrat lié à un projet d’infrastructures si elle ne s’associe pas à une entreprise Sénégalaise. En pratique, les sociétés chinoises vont au-delà du simple investissement, elles font un transfert de technologie, elles forment et transmettent en même temps un savoir-faire aux Sénégalais. Le fait que les bailleurs de fonds occidentaux dénoncent les accords commerciaux entre les banques chinoises et les Etats africains, qui ont été à l’origine de ces grandes améliorations, est révélateur d’une mentalité post-coloniale. Comme si l’Afrique était assez naïve pour brader ses précieuses ressources naturelles en échange d’une promesse de construction d’un stade ou d’un autre siège pour le parlement.
Je me suis aperçu que l’on pouvait signer en trois mois avec les Chinois un contrat qui pouvait prendre cinq ans de discussions avec la Banque mondiale. Je crois beaucoup à la bonne gouvernance et à l’Etat de droit. Mais quand des formalités administratives absurdes nous empêchent d’avancer, et que la pauvreté persiste pendant que les fonctionnaires des institutions internationales traînent les pieds, les dirigeants africains se doivent d’agir vite. J’ai obtenu plus de résultats en une heure de discussions avec le président Hu Jintao, dans une suite d’hôtel à Berlin, lors du dernier sommet du G8 à Heiligendamm, qu’avec tous les autres dirigeants venus prendre part à la rencontre, un sommet à l’issue duquel les dirigeants africains n’ont rien obtenu de plus qu’un simple engagement du G8 à respecter les promesses qu’il avait déjà faites.
Non seulement la Chine s’est montrée particulièrement adroite mais aussi les prix et la qualité des produits venant d’Asie n’ont donné d’autre choix aux Etats africains que d’acheter les biens chinois, indiens, et malais. Un Sénégalais peut acheter deux voitures chinoises pour le prix d’une voiture européenne. Il suffit de visiter le parc automobile du palais présidentiel à Dakar pour le vérifier. Les modèles chinois Chery et GreatWall, à bas prix, permettent aux classes moyennes et ouvrières de s’acheter une voiture, un signe qui montre qu’une nouvelle classe de consommateur est en train de naître. Nous avons même utilisé ces voitures chinoises bon marché dans un projet pilote appelé « Sister Taxis », un projet de réinsertion des femmes sans emploi dans le monde du travail. Quand les produits sont abordables, il devient possible de mettre en place des projets novateurs.
la Chine, qui a dû se battre pour se moderniser, comprend bien mieux l’urgence du développement en Afrique que les pays occidentaux. L’an dernier, la banque chinoise Eximbank avait promis de mettre en place un fond de 20 milliards de dollars pour financer les infrastructures et le commerce pendant trois ans, un fond qui dépasse de loin les promesses faites par les bailleurs occidentaux. L’initiative d’Eximbank a provoqué beaucoup de remous dans certains milieux européens.
Mais les récriminations des Occidentaux, concernant leurs lenteurs dans l’adoption des réformes démocratiques par les autorités chinoises, ne peuvent occulter le fait que les Chinois sont plus compétitifs, moins formalistes et plus au fait des affaires en Afrique que leur détracteurs. Aujourd’hui, je me retrouve au cœur d’une bataille économique avec l’Union Européenne. Si l’Europe ne veut pas financer les infrastructures en Afrique – elle a promis 15 milliards de dollars dans le cadre de l’Accord de Cotonou, il y a huit ans- , les chinois sont tout à fait disposés à le faire, plus rapidement et à moindre coût. L’Occident, lui aussi, a beaucoup à apprendre de la Chine. Il est grand temps qu’il mette en pratique ses idées sur les vertus du libre-échange.


Source :
New.African, Nouveau n° 3
Juin-juillet 2008
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MessagePosté le: Tue Jun 24, 2008 12:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et la France contre-attaque!

Alain Joyandet, nouveau secrétaire d’Etat à la Coopération, veut contrer les ambitions chinoises sur le continent.

Recueilli par THOMAS HOFNUNG
QUOTIDIEN : mardi 24 juin 2008

Le nouveau secrétaire d’Etat à la Coopération (depuis mars), Alain Joyandet, n’a pas grand-chose à voir avec son prédécesseur, Jean-Marie Bockel, et il tient à ce que ça se sache. Cet ancien entrepreneur est décidé à contrer les ambitions chinoises sur le continent africain, en augmentant notamment le nombre de volontaires et les moyens de l’Agence française de développement.

Vous avez démarré votre mandat en rendant visite au président gabonais, Omar Bongo, un symbole de la Françafrique. On peut rêver mieux comme début ?

Je ne veux pas m’enferrer dans des considérations idéologiques, qui ne concernent pas les jeunes générations en Afrique. J’ai besoin de tout le monde pour travailler : les anciens, les nouveaux. Personne ne doit être mis à l’index, à condition de ne pas renoncer à nos valeurs, à nos exigences en matière de démocratie et de bonne gouvernance. Je ne suis pas allé voir Bongo en me cachant, j’ai voulu lever une hypothèque. On ne construit pas l’avenir en signant un acte de décès (1).

Comment concevez-vous la coopération française ?

Au moment où l’Afrique bouge, après avoir fait de la coopération pendant quarante ans, il ne faut pas qu’on se fasse prendre notre place par des puissances émergentes qui commencent à s’intéresser à un continent qui s’éveille. Il faut une coopération qui marche sur ses deux pieds : une coopération traditionnelle (santé, éducation, aménagement) et une coopération économique. Il faut renforcer l’influence de la France, ses parts de marché, ses entreprises. Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte.

C’est un langage d’entrepreneur…

C’est ce que je suis. J’ai créé ma première boîte à 24 ans, sans un rond, c’était bien plus compliqué de faire cela que de s’occuper de l’Afrique ! Il faut faire en sorte de pouvoir aider le jeune Africain qui a un projet de création d’entreprise. Or, actuellement, personne ne sait le faire véritablement de notre côté. Je n’ai pas envie que la France fasse tout ce qui coûte et rien de ce qui rapporte.

Vous prônez une coopération traditionnelle avec retour sur investissement ?

Non. Mon idée, c’est de faire du développement économique à travers du développement social et humain, notamment sur le plan de la formation. En Tanzanie, par exemple, on a fait un don de 5 millions d’euros pour la construction d’un collège à Dar es-Salaam, dont le chantier a été attribué aux Chinois… Je ne dis pas que les deux doivent être liés, mais je note un manque criant de concertation : quand l’Agence française de développement [AFD, ndlr] décide de financer des travaux publics, ce n’est pas plus mal que nos entreprises soient informées pour concourir à l’appel d’offres…

Vous venez d’annoncer une augmentation considérable du nombre de volontaires (les ex-coopérants) ?

Nous allons tripler en quatre ans la présence des volontaires sur le continent. Ce sont 15 000 volontaires internationaux [au lieu de 5 000 aujourd’hui] que nous allons recruter et envoyer sur le terrain. Plus nous augmenterons le nombre de ressortissants français qui partent comme volontaires en Afrique, plus nous verrons augmenter les chances de voir se concrétiser nos projets. C’est aussi une façon d’accroître de manière significative et naturelle l’usage de la langue française à l’étranger.

a partir de l’année prochaine, nous allons augmenter de 25 % nos engagements - à travers l’AFD - en direction des pays du Sud. L’Afrique sera la principale bénéficiaire de cette somme qui représente 1 milliard d’euros. l’Agence française de développement va ajouter 1 milliard aux 3 milliards d’euros qu’elle engage chaque année chez nos partenaires du Sud.


(1) En janvier, Jean-Marie Bockel, le prédécesseur de Joyandet à la Coopération, avait affirmé vouloir signer «l’acte de décès de la Françafrique». Il a été muté aux Anciens combattants en mars, à la grande satisfaction des proches d’Omar Bongo.


Source: liberation.fr
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MessagePosté le: Wed Jun 25, 2008 1:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Coup de torchon dans la bananeraie

Njombe-Penja: L’Union européennesubventionne “l’esclavage”

Casquette vissée sur un crâne luisant de sueur et pseudonyme de rigueur, Amédée Bessenguè, 26 ans, dont sept comme ouvrier dans les bananeraies, admet juste que, ces jours-là, il a “grevé”. Sur son propre emploi du temps pendant les émeutes, il reste flou. Mais il se souvient parfaitement de ce que les manifestants hurlaient : “ Nous voulons que les Français nous paient bien. Nous sommes chez nous après tout, nous ne sommes pas des esclaves. ” Trois mois après le saccage des plantations, un graffiti demeure sur le mur d’un appentis : “ Payer 100 000 francs (150 euros) au dernier ouvrier. ”
C’était à la fin du mois de février. Le Cameroun se révoltait, et avec lui la capitale de la banane, à 80 km à l’ouest du port de Douala. Pendant quatre jours de grève, de barricades et de pillages, Njombé-Penja, nichée au cœur des collines verdoyantes, à vécu l’état de siège. Neuf de ses jeunes ont été tués par l’armée et, aujourd’hui, la ville est toujours en état de choc. Les bouches restent fermées, les regards fuyants, les rendez-vous discrets, de peur d’être “indexé” – dénoncé aux gendarmes.
Le maire, Paul-Eric Kinguè, est en prison depuis le 29 février. Il a été suspendu de ses fonctions. Officiellement, il est accusé d’avoir incité des jeunes à la révolte et d’être l’auteur de malversations financières. Mais la majorité de la population n’y croit guère. Ce Paul-Eric est un homme courageux. Il s’était scandalisé des salaires pratiqués par les sociétés exploitant les bananeraies – 25.000 francs Cfa (37,50 euros) par mois. Il avait dénoncé les privilèges fiscaux et les exonérations de taxes dont bénéficient ces entreprises, toutes dirigées par des Français. Bref, il défendait ce que les Camerounais nomment “le bas peuple”.
Aucun doute, pour la population : ce sont ces compagnies qui ont obtenu l’éviction du maire. Depuis sa prison, ce pilier du parti présidentiel, ultradominant, a envoyé une lettre ouverte au chef de l’Etat, Paul Biya, pour justifier sa croisade. Il y écrit “ le paradoxe déconcertant ” de Njombé-Penja, “ une zone très riche avec des populations très pauvres ”.
Abasourdis par la répression, les jeunes n’avouent pas d’emblée qu’ils ont participé aux émeutes. Quant aux Français qui dirigent les exploitations de bananes, ils hésitent avant d’admettre l’évidence : les entreprises qu’ils dirigent ont été prises pour cibles.

Violence contre le patron, l’”exploiteur” ? Le Français ? Le Blanc ?
Difficile de faire la part des strates du ressentiment. “ Les émeutes n’étaient pas sciemment dirigées contre des sociétés françaises. Les gens ont fait éclater leurs frustrations, ils s’en sont pris à ce qu’ils avaient sous la main, ils voulaient punir le gouvernement de Yaoundé ”, assure Pierre Moulima, directeur des ressources humaines de SPM (Société des plantations de Mbanga). Mais il admet aussitôt : “ On nous traite constamment de “Français colonialistes”, on nous accuse de prendre les terres et de réduire en esclavage la main-d’œuvre camerounaise. ” Puis tempère : “ Les gens qui soutiennent cela ne sont pas éduqués. ”
Dans son bureau climatisé dont les vitres et le matériel informatique ont dû être entièrement renouvelés après les émeutes, Christophe Bresse, français, directeur des plantations de SPM, feuillette l’album où ont été classées les photos du ravage. Véhicules et engins agricoles incendiés, pompes d’irrigation saccagées, magasins de stockage pillés : “ C’était très chaud. Ils voulaient faire mal à l’outil de production, et le pillage a été systématique. Nous avons été ciblés. Mais ils se sont tiré une balle dans le pied, car qui investit ici ? ” “ Le salaire n’est pas bon, confirme Elysée Mbelle, un autre jeune planteur. Ce n’est pas normal que ce soit la famine ici alors que nous faisons manger les Français. ” Depuis les émeutes, les salaires ont d’ailleurs reçu un net coup de pouce, le salaire minimum passant de 31 000 francs Cfa (46,50 euros) sans les primes, qui le portent à 45 000 francs Cfa (67,50 euros), selon la direction de SPM.
D’autres témoignages attribuent la hargne qui s’est manifestée à la frustration à l’égard d’une production presque entièrement exportée. “ Beaucoup d’employés se font virer parce qu’ils volent des bananes. la direction ne t’en donne pas. Seuls les rebuts sont vendus sur les marchés. Ces gens-là ont voulu se venger. ” Les conditions de travail (douze heures payées huit selon certains), la rémunération à la tâche, sans considération du temps passé, et la discipline de fer alimentent les frustrations. “ Si tu demandes une pause à cause de la chaleur, le chef te dit : “Où tu y retournes, ou je t’inscris en refus de travail” ”, rapporte un intérimaire. Parfaitement informé de cette situation, l’archevêque de Douala, le Cardinal Christian Tumi, qui n’a jamais ménagé les autorités, résume sobrement : “ a Njombé-Penja, les droits fondamentaux des gens ne sont pas respectés. ”
Selon l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Littoral), l’accaparement de terres cédées ou louées par les paysans locaux aux sociétés bananières pour une somme non revalorisée depuis des décennies alourdit encore le contentieux. “ Mon père a vendu sa terre dans les années 1970 contre la promesse que ses enfants seraient salariés à vie au lieu d’être à leur compte. Il le regrette, car il constate que la pauvreté n’a pas reculé ”, témoigne un fils du pays. En outre, des intoxications alimentaires seraient liées à l’épandage aérien de produits phytosanitaires. Stigmatisant “ la maltraitance que vit la population de Njombé-Penja depuis des années ”, l’Acat dénonce “ la connivence des investisseurs français, peu soucieux du bien-être des Camerounais ”. a quelques kilomètres de là, la société bananière PHP, filiale de la Compagnie fruitière (détenue à 37% par le géant américain Dole), la plus importante et la plus redoutée de la région, les Brasseries du Cameroun et l’usine d’eau minérale Tangui, toutes à direction française, ont subi un sort comparable. Leurs cadres et leurs familles, une vingtaine au total, ont été évacués par avion vers Douala le deuxième jour des violences.

Soutien massif de l’Union européenne
Au préjudice matériel, estimé à 1,2 milliards de francs Cfa (1,8 millions d’euros) par SPM, s’est ajoutée la destruction de plusieurs hectares de bananiers, déchiquetés à la machette, l’instrument de travail usuel, par des centaines de jeunes. Des “chômeurs pilleurs” qui se sont enfuis avec des régimes de bananes, selon les dirigeants, qui admettent cependant que quelques-uns de leurs propres salariés ont pu prendre part à la razzia.
“ la plupart de nos ouvriers ont défendu les installations. Dans le merdier où ils se trouvent, ils sont bien contents de percevoir régulièrement un salaire dérisoire ”, lance Joseph Fochivé, qui compare le maire incarcéré à un “chef de gang”. En ville ou dans les plantations, le passage du 4x4 de ce spécialiste du bananier, responsable de la production, déclenche des réflexes de crainte. Chacun sait que son père, Jean, a été le redouté directeur des services de renseignement camerounais sous les présidents Ahidjo, puis Biya. “ Son père faisait peur, pas lui : pendant les événements, il était cloîtré chez lui comme tout le monde ”, modère Guillaume Ranson, directeur général adjoint de SPM.
a perte de vue, sur des kilomètres, des rangées de bananiers montent à l’assaut des collines, parsemées de taches bleues : les sacs en plastique qui protègent les régimes des insectes et accélèrent leur mûrissement. Les plantations, l’irrigation, la croissance des arbres, l’éclosion des fleurs, le développement de fruits calibrés pour l’exportation vers l’Union européenne exigent des soins constants et minutieux assurés par des milliers d’ouvriers : 2 000 chez SPM, 6 000 pour PHP.
a l’entrée de chaque allée des plantations, se détachent de petites pancartes. Elles sont frappées du drapeau étoilé de l’Union européenne. Les sociétés bananières, notamment celles opérant à Njombé-Penja, perçoivent en effet des subventions au titre de “l’appui à la filière banane”, dont le Cameroun exporte 300 000 tonnes par an.



Par Philippe Bernard Article paru dans Le Monde du 10/06/08
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MessagePosté le: Thu Jun 26, 2008 1:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le president de SPM repond au journal Le Monde

a la suite de notre article intitulé "Coup de torchon dans la bananeraie" (Le Monde du 10 juin), nous avons reçu de Jean-Yves Brethes, président de la Société des plantations Mbanga (SPM), la mise au point suivante :

Votre article laissait supposer que les sociétés étrangères gagnaient beaucoup d'argent dans la filière bananière du Cameroun et profitaient de façon abusive d'une population à leur service, ayant conduit aux émeutes que l'on sait et à la destruction de leur outil de production.

En ce qui concerne la SPM, il nous semble indispensable d'apporter certaines informations.

Sur les 300 000 tonnes exportées en 2008 par le Cameroun, 120 000 tonnes sont produites par des exploitations appartenant à l'Etat ; 45 000 tonnes sont produites par la SPM dont le capital est à 50 % français, 25 % danois et 25 % camerounais.

la filière banane exploite au total 7 000 hectares de terres, emploie 14 000 personnes en direct et 36 000 personnes en emploi induit, fait vivre 200 000 personnes et a investi 120 milliards de francs CFA en 10 ans (180 millions d'euros), l'objectif du plan de stratégie nationale étant d'atteindre le seuil de 400 000 tonnes de bananes d'ici 2011, seuil minimum pour résister aux grands pays producteurs d'Amérique centrale.

L'Union européenne soutient activement les investissements pour compenser les concessions faites au cours de ces dernières années aux producteurs centre-américains dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce.

Bien avant l'élection du maire actuel de Penja, les sociétés bananières étaient soumises à des contrôles fiscaux annuels. Ces contrôles sont de plus en plus rigoureux au niveau de l'administration fiscale, qui a des objectifs de performance pour couvrir les frais de l'Etat. Une série d'impôts sur le chiffre d'affaires et une imposition sur les bénéfices d'exploitation sont donc recouvrés par l'Etat.

86 % des terrains cultivés par les sociétés de production bananière appartiennent à l'Etat camerounais. Toutes les locations de la région bananière du Mungo sur les terres n'appartenant pas à l'Etat camerounais sont effectuées en plein accord avec les ministères concernés et les indemnisations fixées par les services du ministère de l'agriculture.

Lors des derniers événements, les ouvriers des plantations ont pour la plupart défendu leur outil de travail, parfois même au prix de leur propre sécurité. En vingt années, il y a eu deux arrêts de travail sur les plantations, arrêts de travail contraints et forcés, n'ayant aucun rapport avec les conditions de travail, mais fomentés par des personnes incontrôlées, sans attache avec la profession bananière.

Par leurs apports importants de capitaux, les producteurs comme la SPM ont largement contribué à l'équilibre social des régions bananières et au développement de l'emploi, évitant ainsi l'exode rural massif vers les grandes villes entraînant l'augmentation du chômage et de la misère, et en évitant de plus une contribution massive des travailleurs à l'immigration dans des conditions que chacun connaît.

Fondées sur la pérennité, les sociétés d'exploitation de bananes participent au contraire au développement et à l'amélioration des conditions de vie de leurs collaborateurs, de leurs familles, et des populations voisines. Cet objectif est l'assurance de travailler dans un climat garantissant la durabilité de leurs investissements.

L'accord d'entreprise conclu par la SPM et les syndicats, en présence des représentants du ministère du travail, assure une rémunération à ses salariés supérieure de 35 % par rapport à la convention collective actuelle. Par ailleurs, une série d'avantages complémentaires essentiels est à disposition des salariés et de leurs familles, telles que la prise en charge de l'ensemble des frais médicaux des employés et de leur noyau familial, les financements de la lutte contre le sida, la création de classe d'enseignement, de terrains de sports, la réfection de bâtiments publics et toutes autres actions portant sur l'amélioration progressive des conditions de vie et des soins des employés.

Article paru dans Le Monde l'édition du 26.06.08.
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MessagePosté le: Tue Jul 01, 2008 10:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vers l’émergence du dragon africain


la Chine est devenue un partenaire économique d’une importance mondiale. Il est désormais difficile de la contourner et de faire sans. Au point où en Afrique l’on parle désormais de « Chinafrique ».

la Chine est en ce début de siècle la puissance économique qui force le respect et tend à s’ériger en modèle pour un bon nombre de pays en voie de développement. Forte de près d’1,2 milliard d’habitants, elle étonne en même temps qu’elle surprend le monde de l’économie par son dynamisme constant au point de susciter crainte et suspicion de la part des Occidentaux qui s’empressent depuis une décennie déjà de l’embrasser après l’avoir si longtemps méprisé.

Le dragon chinois tient sa revanche sur le monde. Grâce à son influence économique majeure, il parvient aujourd’hui à dicter sa loi à ces grandes moralisatrices qui ne cessent de se renier. Elles qui n’hésitent plus à troquer les exigences de démocratie et de liberté contre des contrats juteux. la politique des milliards ou la realpolitik a triomphé même là où il y a encore quelques mois, lors de grandes messes électorales, on avait signé son acte de décès. C’est vrai qu’avec une économie au ralenti, une recherche ironiquement vidée de cerveaux, des structures en désuétudes et des délocalisations en masse, certaines nations n’ont guère le choix que de mettre en berne leurs valeurs démocratiques en avalant douloureusement la couleuvre chinoise. Le passage de la flamme olympique dans les capitales occidentales a été un exemple de cette influence de la Chine. Le monde entier se souvient de ces hommes bleus, gardiens d’une flamme olympique souillée par le sang tibétain, qui imposaient la conduite à suivre aux organisateurs nationaux. Tout le folklore triste et insupportable qui a suivi le parcours de cette flamme demeurera dans l’esprit des millions de personnes comme l’un des plus grands fiascos de la démocratie de ce début de siècle. Certes les manifestations ont eu lieu, des milliers de personnes rassemblées[1] pour décrier ce que leurs gouvernements ne pouvaient que murmurer et encore. Timides dénonciations, déclarations en trompe-l’œil, silence complice assumé et décomplexé, les gouvernements occidentaux, pourtant si friands de leçons sur les libertés et les droits de l’homme, ont accueilli la flamme olympique les bras ouverts avec le sourire en prime. Le Dalaï-Lama peut toujours faire le globe-trotter, les Tibétains souffrir de massacres et être les victimes d’un véritable génocide culturel, le plus important c’est de préserver l’essentiel : les centaines de milliards de billets de banque offert par le marché chinois et les bénéfices qui vont avec.


D’énormes enjeux économiques qui justifient l’envoi d’émissaires de haute volée pour demander « pardon » au régime chinois pour les inconvénients liés aux manifestations pro-tibétaines. Le ridicule ne tuant pas, on le pousse jusqu’au bout. Et tous les arguments sont bons à prendre pour légitimer ce ridicule. « Si d’autres le font pourquoi pas nous ? », « alors on n’a pas à rougir de cela », entendons-nous souvent. Le problème c’est que les autres ne se prétendent pas « patrie des droits de l’homme », le problème c’est que les autres, qu’on diabolise trop souvent en indexant d’une manière condescendante les agissements indignes d’une grande nation démocratique et dont la flamme de la liberté devrait éclairer le monde, ont tout perdu dans la course au profit, y compris leur âme. Le problème c’est que lorsqu’on veut porter haut les « Lumières » on ne les éteint pas à l’approche des intérêts économiques et stratégiques. Le problème c’est qu’on copie un peu trop le pire faisant semblant d’ignorer qu’on peut aussi passer des contrats en affirmant ses principes de liberté et de démocratie. L’Allemagne n’est-elle pas la parfaite illustration que le plus important c’est de savoir être à la hauteur de son rang ?


la Chine est devenue un partenaire économique d’une importance mondiale. Il est désormais difficile de la contourner et de faire sans. Au point où en Afrique on parle désormais de « Chinafrique ». Les échanges entre le continent africain et la Chine ne sont pas nouveaux. Déjà, il y a quarante années, les régimes du continent avaient passé de nombreux partenariats avec la République populaire de Chine. Avec la chute du rideau de fer, ces échanges se sont accélérés d’une manière spectaculaire allant jusqu’à rivaliser et mettre à mal les Occidentaux installés en Afrique. Au début, cette implantation de la Chine suscita beaucoup d’ironie et de scepticisme, forts de leurs entrées dans les palais présidentiels africains, les Occidentaux ne s’imaginaient pas une telle fulgurance. Le pré carré et autres reliques du passé colonial étaient des acquis qui ne pouvaient garantir que la pérennité d’un système à bout de souffle et qui a montré toutes ses limites. a l’heure actuelle, c’est pratiquement une razzia à laquelle on assiste dans les villes africaines qui se modernisent peu à peu sous la houlette des Chinois. D’Abidjan à Yaoundé en passant par Bamako, les villes africaines se transforment et se renouvellent au travers de chantiers entre les mains d’ouvriers chinois.


C’est vrai, la difficulté rencontrée dans ce partenariat « gagnant-gagnant » est sans doute le communautarisme. Les Chinois vivent entre eux, presque coupés du monde, ils importent tout leur matériel y compris leur main-d’œuvre ne participant pas alors à la lutte contre le chômage des nationaux. Mais est-ce leur rôle ? Les gouvernements locaux ont la responsabilité de penser les moyens de lutter efficacement contre le chômage des jeunes sans forcément compter sur les Chinois. D’ailleurs si l’on compare les pertes des gouvernements africains qui recevaient et prenaient en charge les coopérants occidentaux, extrêmement coûteux et pas souvent compétents, on peut conclure que les Chinois présentent cet avantage du travail fait aussi bien que les Occidentaux sans solliciter les fonds des Etats. On entend des fois la critique dire que les produits chinois ont submergé les marchés africains. C’est aussi vrai pour ce qui est des produits importés occidentaux entassés dans les rayons de supermarchés de Douala, Libreville ou Dakar, à la différence près que les prix des Chinois sont imbattables. Conséquence directe : un nombre important de ménages africains peut joindre les deux bouts avec un pouvoir d’achat presque dérisoire. Si le tissu économique interne des pays africains tend à être encore plus fragilisé par cette compétitivité virulente, c’est parce que longtemps les politiques économiques (privatisations en masse afin de satisfaire les programmes d’ajustement structurels de la Banque mondiale) ont été inadaptées, dictées pour la plupart par les institutions de Bretton Woods et par les aléas indicibles de l’aide, voire de la coopération. Les économies nationales sont donc victimes de leur impréparation face au phénomène chinois. Et comme partout ailleurs cette situation provoque et attise les attitudes xénophobes, un peu comme les Africains dans les pays occidentaux qui viennent « voler » la place des nationaux. Une situation qui fait le bonheur électoraliste de la droite et de son extrême.


Depuis que les marchés publics au Cameroun sont gagnés par les Chinois, on assiste à une profonde transformation du paysage urbain. Les constructions et les bâtisses poussent comme des champignons et la modernisation des structures connaît une certaine accélération. Avant la réalisation de ces marchés publics était bâclée, les entrepreneurs occidentaux faisaient un travail largement insuffisant, loin des normes internationales. Aujourd’hui, en faisant un tour du côté de Cotonou, de Gahni à Fidjrossé, on peut admirer le travail nettement meilleur des entrepreneurs chinois. En outre, des centaines de jeunes Africains vont de plus en plus en Chine se former et grâce aux accords bilatéraux[2] ils reviennent dans leurs pays d’origine monter avec l’aide de la coopération
chinoise des entreprises qui embauchent les nationaux. Un processus qui contribue à détourner lentement, mais durablement la jeunesse africaine de l’Occident. D’ailleurs, à part les pays nordiques (Suède, Norvège) et anglo-saxons (Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada), l’Occident pour les jeunes étudiants africains ne fait plus rêver car certaines destinations européennes, naguère favorites, sont désormais désuètes[3], sans valeur académique, ni professionnelle, mais engluées dans une arrogance débridée qui vient flatter un nationalisme à peine avoué.


Lorsque d’un côté on ne cesse de décrier les malheurs de l’Afrique, à appeler à la prise de conscience de la jeunesse africaine, comme si les milliers de jeunes morts à Conakry, à Douala, à Pointe-noire ou au Caire protestant contre les abus des régimes dictatoriaux et les injustices sociales, ne comptent que pour du beurre, les mêmes vertueux signent des contrats dans les antichambres où le sort des millions de vies humaines est scellé. Vente d’armes, interventions armées, amitiés fraternelles et autres sordidités d’usage pour encenser les pires crapules politiques africaines, c’est là la triste réalité d’une politique occidentale qui perdure bien au-delà des hommes. Ce qui est intéressant avec la Chine dans tout ce concert d’hypocrisie, c’est qu’elle est consciente de ses propres faiblesses, une république manifestement démocraticide où le pouvoir central contrôle tout. Et donc elle n’a pas la prétention de dicter une conduite politique ou morale aux Africains, son attitude ambiguë au Darfour en est une illustration. On la critique sur ce dossier et c’est une bonne chose. Mais une question mérite d’être posée : si les Etats-Unis, l’Angleterre ou la France avaient détenu des droits d’exploitation pétrolière importants de la Chine au Soudan, auraient-ils trouvé ce régime infréquentable ? Les exemples du passé sont des réponses fortes. Panama, Irak, Ouganda, etc.


Il y a quelques années, Mugabe était fréquentable quand il faisait le bonheur des multinationales occidentales. Kadhafi n’a-t-il pas été réhabilité grâce à son pétrole qui attise toutes les convoitises ? Idriss Deby, Omar Bongo, Paul Biya, Sassou Nguesso, Faure Nyassimbé, pour ne citer que ceux-là, ne sont-ils pas des nababs qui arrosent les entreprises occidentales et les hommes politiques ? Qui ignore encore que l’argent de ces tyrans va souvent financer les campagnes électorales des leaders occidentaux ? Il y a une sagesse africaine qui conviendrait mieux pour expliquer cette attitude : « la bouche qui mange ne parle pas ». Lorsqu’on pille les ressources d’un pays, qu’on vampirise littéralement sa matière grise, on évite de froisser en même temps le républicain monarque africain qui veille scrupuleusement à ce que le pillage se fasse dans les normes. Les droits de l’homme et la démocratie sont des notions à géométrie variable, la Chine l’a comprise et s’en sert pleinement.


Mettant de côté cet aspect peu glorieux de la Chine, les gouvernements africains devraient songer à adapter les recettes de l’économie chinoise aux réalités locales. Ce modèle économique asiatique pourrait servir d’exemple à un continent qui a de nombreux atouts et lui inspirer de nouvelles politiques de développement. Il faudrait à cet effet redéfinir les « secteurs à cibler en priorité » et la « stratégie de réforme à poursuivre ». Il est vrai que la Chine n’a pas commencé sa transition économique avec un « programme de stabilisation macroéconomique »[4]. En Afrique, le point de départ devrait être la garantie de la stabilité politique afin de s’assurer d’une relative stabilité économique. Les guerres, les conflits armés sont autant de facteurs qui mettent à mal le continent.


Après cette stabilisation politique, l’accent sera mis sur le secteur qui offre les plus fortes chances de réussite. Pour les pays comme la Côte-d’Ivoire ou le Cameroun, le secteur agricole représente un « secteur-clé en termes d’emploi ». Celui-ci peut éventuellement servir de « tremplin » pour la mise en œuvre de réformes à venir ou ultérieures. Une revalorisation qui passe par une modernisation du secteur, mais aussi une réorientation des politiques agricoles. de tels efforts augmenteraient « la productivité à travers la réallocation des ressources », la « croissance de la production et l’augmentation du revenu des paysans ». Tout ceci devrait favoriser la création et le renforcement d’une « épargne rurale » importante et des « fonds pour l’investissement des communes[5] et des villages ». Ces derniers devraient donc être la dynamique majeure en dehors de l’Etat (une main-d’œuvre nombreuse[6] préalablement formée, qualifiée, flexible, mais surtout bon marché, est un atout fondamental). Dans le domaine industriel, comme les Chinois dans les années 1980, la priorité sera mise sur « une plus grande autonomie des entreprises ». L’éclosion des entreprises implantées dans les zones rurales devraient être encouragée en s’appuyant sur la « libéralisation des marchés et de la concurrence » avec la soumission des entreprises à « la sanction de la contrainte financière », également favoriser une émulation des collectivités locales.


Cette transition économique des pays africains devraient accélérer leur intégration dans l’économie mondiale à travers l’ouverture plus importante au commerce extérieur et de l’investissement direct étranger en leur « faveur ». Le renforcement de l’intégration sous-régionale (liens économiques et culturels particulièrement) deviendrait une nécessité pour les Etats africains. a cet effet, la Chine est un exemple intéressant[7] mais aussi celui de ses dynamiques voisins, les fameux « dragons » d’Asie (Singapour, Malaisie). Une ouverture qui favorisera l’acquisition de technologies et l’appropriation d’idées novatrices.



Ainsi on le voit, l’Afrique gagnerait à se tourner vers le modèle chinois, du moins à tirer avantage de cette proximité « diplomatique et économique » qu’elle a su construire avec ce grand pays. Un choix qui se ferait dans un cadre de développement plus sain. L’accueil de la jeunesse africaine et sa formation par la puissance chinoise est une manière de pérenniser cette relation et de la renouveler sans cesse avec les générations. Une façon plus respectueuse et intelligente de contribuer à l’émergence du dragon africain.



--------------------------------------------------------------------------------

[1] Mais tout ceci au prix de restrictions imposées par les représentations chinoises et un zèle un peu trop prononcé des forces de l’ordre.


[2] Le Japon et l’Allemagne ont aussi la même politique.


[3] Depuis deux ans, le nombre d’étudiants camerounais qui ont été séduits par le modèle académique suédois est en forte augmentation. Gratuit et le plus performant d’Europe, le modèle académique suédois offre l’avantage de s’ouvrir aux étudiants étrangers en facilitant leur intégration dans la société.



[4] James Kathuri in « L’Afrique peut s’inspirer du modèle chinois ».



[5] a l’instar du Fonds économique d’investissement inter-communautaire (FEICOM) au Cameroun.


[6] Contrairement aux institutions de Bretton Woods, il faudrait encourager les politiques démographiques natalistes. la démographie n’est pas l’une des raisons de la pauvreté, c’est le manque de structures capables de répondre aux besoins des populations qui posent problème. Il faut être en Afrique pour faire le constat que les familles nombreuses sont celles-là qui sont les moins handicapées. Au Cameroun, l’ethnie Bamiléké a réussi par une politique nataliste importante à devenir la principale du pays, et fort de cette représentativité à entrer dans tous les secteurs de l’économie jusqu’à devenir quasiment incontournable. D’ailleurs, on les surnomme avec respect les « Chinois d’Afrique ».


[7] Contrairement à certaines nations occidentales, la puissance de la Chine n’est pas issue du pillage colonial.

Source: camerounlink
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MessagePosté le: Wed Jul 16, 2008 8:43 am    Sujet du message: Répondre en citant

Cameroun-Chine


la Chine va construire une usine d’engrais chimique au Cameroun

APA – Douala (Cameroun) la République populaire de Chine soutient la modernisation de l’agriculture au Cameroun en construisant une usine de production d’engrais chimiques, a indiqué mardi, l’ambassadeur de Chine au Cameroun Huang Changqing.

Au cours de la présentation de ce projet aux autorités camerounaises, notamment le ministre de l’Industrie, des mines et de développement technologique, le diplomate chinois a déclaré que son pays entend réaliser de nombreux projets de développement au Cameroun.

« Il y a beaucoup de projets qui seront bientôt menés au Cameroun avec l’appui de la Chine. En dehors de la construction d’une cimenterie, la Chine projette de construire une usine de production d’engrais chimique », a-t-il précisé.

Si le montant des investissements n’a pas été révélé, le diplomate chinois a rassuré que les travaux vont commencer incessamment, ce qui devrait booster la production agricole au Cameroun.

L’année dernière, les deux pays ont lancé un programme commun d’expérimentation de la culture de riz dont les premiers résultats sont jugés « encourageants ».

Dans l’optique d’apporter une réponse à la vie chère, les autorités camerounaises ont récemment annoncé un vaste programme de modernisation agricole évalué par le ministère de l’Agriculture à plus de 160 milliards de francs CFA.


MBOG/aft/APA
15-07-2008
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meb
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MessagePosté le: Wed Jul 16, 2008 8:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

00237, merci de nous tenir informes
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MEKTOUB

Ce n'est pas encore écrit, ça l'était juste...
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MessagePosté le: Thu Jul 17, 2008 1:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Auto-suffisance alimentaire : Qu’est-ce qui bloque la relance de la Semry ?

Dan son plan d'urgence de lutte contre la vie chère, le gouvernement à travers le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Minader), ambitionne la relance de la filière riz dans la vallée du Logone.

Une enquête de Dieudonné Gaïbaï

Ce projet ambitieux prend corps et forme à la Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry). Les nombreuses initiatives de réhabilitation de cette entreprise ont buté sur l'indisponibilité des fonds et l'inadéquation des mesures proposées avec les réalités de la Semry. Et pourtant, cette entreprise plafonnait sa production annuelle à 110 mille tonnes en 1985. Paradoxe, elle peine à enregistrer 50 mille tonnes aujourd'hui. la question se pose donc de savoir, si la Semry peut contribuer à restaurer au Cameroun son autosuffisance alimentaire.

Créée par décret présidentiel du 24 février 1971, la Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua dont le capital est de 4,5 milliards de Fcfa, a pour missions, la réduction de l'insécurité alimentaire des populations de la région, le frein à l'exode rural et la mise au travail des jeunes dans les villages rizicoles, l'amélioration du niveau de vie des populations concernées, et la contribution à l'autosuffisance alimentaire du Cameroun. Au regard des quantités importées de riz observables sur le marché local, de nombreux observateurs avertis dont des chercheurs de l'Institut de recherches agricoles (Irad), à Yaoundé, constate la faillite de la Semry.

Bien plus, le riz produit dans les rizières peine à atteindre les marchés de la province de l'Extrême Nord. Difficile à la vérité de retrouver à Kousseri, Mora, Mokolo…, le riz de la Semry. Les appréhensions des populations quant à la qualité de ce riz en rajoutent aux problèmes d'accès des demandeurs à cet aliment. Et pourtant pour le chef service de la maintenance et de l'entretien des réseaux à Maga, Felix Nkana Beleck, "des aménagements ont été opérées dans les localités de Yagoua, Maga et Kousseri, représentant respectivement la Semry I, II et III. C'est ainsi que 11.500 hectares hydro agricoles ont été aménagés avec un planage optimal. 5.300 hectares irrigables par pompage l'ont également été à Yagoua à partir des eaux du fleuve Logone entre 1972 et 1978. Sur la même lancée, 6.200 hectares ont été capturés à Maga avec un système d'irrigation de vannes gravitaires à partir d'un lac artificiel entre 1979 et 1985."

Liquidation

Le contrôleur interne des activités de production à la direction générale de la Semry, Haman Ndjidda, ajoute qu'une, "digue sur la rive gauche du fleuve Logone pour protéger les aménagements et les populations su secteur Yagoua des crues de saison pluvieuse. Il aussi été construit une digue barrage de 27 km en aval du lac artificiel de Maga sur plus de 600 millions de m3 d'eau. On a 04 stations de pompage des eaux à Yagoua et 18 pompes d'une capacité de 750 litres/secondes. Mais de toutes ces pompes seulement moins de dix sont viables. Ce qui handicape considérablement le réseau hydraulique avec des ouvrages sophistiqués de contrôle de débit et des niveaux de l'eau." Ces infrastructures ont permis à la Semry d'atteindre des niveaux de rendement de plus de 8 tonnes à l'hectare, (parmis les records d'Afrique), avec deux cycles de production de 135 jours en moyenne.

Un vaste programme de production de semence, variété Ir46, pour garantir de meilleurs rendements aux paysans a été mis en place. Il a ainsi permis à la Semry d'avoir une production de 110 mille tonnes de paddy en 1985 correspondant à 70 mille tonnes de riz blanc et d'importantes quantités de sous-produits pour la fabrication des provendes animales. Haman Djidda précise que cette production couvrait 2/3 des besoins nationaux d'alors. Mais, l'ancien ministre du Commerce Edouard Nomo Ongolo, pour justifier les importations lucratives et massives de riz, avait affirmé de manière péremptoire que le riz de la Semry était impropre à la consommation. Ce qui a jeté l'opprobre sur ce riz pourtant prisé en son temps. Mais dont les politiques commerciales successives tournées vers l'exportation, ont ruiné la disponibilité. Et pour preuve, des chiffres obtenus à la direction de la Statistique, l’entreprise exporte 90% de sa production en direction du Nigeria. Du fait du gel des subventions de l'Etat en crise, la société fut mise en liquidation.
Aujourd'hui, la Semry qui employait 1500 personnes pendant la période faste, est l'ombre d'elle-même. Ses 350 employés (occasionnels compris), n'arrivent plus à donner la pleine mesure des potentialités de la boîte. Contrairement à son rendement quasi nul de 1990, la Semry connaît une ascension fulgurante qui atteint le cap au cours de la dernière campagne de 50 mille tonnes de riz paddy environ. Des résultats qui donnent à espérer. Cette tendance contraste d'avec le niveau des équipements passablement obsolètes de labour, pompage des eaux, désaffection progressive des paysans pour la culture du riz… Pour le président de la fédération des unions des groupements des riziculteurs, Albert Botouang, "le fait que la Semry ne peut plus convenablement remplir ses obligations envers les riziculteurs est à l'origine de la baisse de la production".

M. Botouang pourfend certaines pratiques comme la marchandage des prestations. "Tant que vous ne payez pas la redevance de 60.817Fcfa, la Semry ne laboure pas vos parcelles. Et vous savez qu'avec les temps qui courent, il n'est pas aisé pour un riziculteur de verser cet argent surtout que contrairement à ce qui se faisait, il faut acheter de l'engrais… si à cela on ajoute, les difficultés d'irrigation des parcelles parce que les pompes sont vieilles ou que les drains ne sont pas curés… ce n'est pas facile", déplore-t-il. Le représentant des riziculteurs au sein du conseil d'administration de la Semry, Jean Pierre Hara, affirme que "l'outil de production est dépassé. Les pompes utilisées datent de près de 33 ans aujourd'hui. Les turbines sont amorties alors qu'ils sont en nombre insuffisant. Mais l'autre problème c'est que lorsqu'on fait une bonne campagne, notre riz a de la peine à être écoulé sur le marché Camerounais, les nigérians plus véloces prenant le risque d'acheter nos récoltes sur pied."

Nigérians

Une situation observable à Maga notamment où de nombreux camions embarquent à tour de rôle en direction du Nigeria. "Ils achètent au prix fort", confie Albert Botouang qui dans le cadre du projet de relance de la riziculture, un projet du Minader gère deux décortiqueuses de calibre moyen. Les commerçants nigérians qui au fil des ans se déploient dans la région ont élaboré des réseaux informels d'achat du riz sur pied. Toutes choses qui handicapent le marché local où, le riz de la Semry est absent, alors même qu'il est selon Mbedi Georges le directeur administratif et financier de la semry, "l'un des meilleurs riz en Afrique." Selon l'Institut national de la Statistique, le Cameroun a importé en 2007, 470 974 tonnes de riz pour une valeur de 87 milliards Fcfa. la Thaïlande, l'Inde, la Malaisie, la Chine et l'Indonésie sont les principaux fournisseurs du Cameroun pour ce produit.

Avec des besoins de consommation estimés à 450 mille tonnes par an, le Cameroun est obligé d'importer près de 90% de ses besoins en riz de ces pays qui sont de plus en plus frappés par la crise mondiale du riz. D'où la nécessité pour Mbedi Georges de relancer les rizeries de la Semry, aux fins de sécuriser le riz paddy issu des rizières aménagés par la Semry. Les rizeries de Maga et Yagoua d'une capacité de production respective de 16 tonnes/heure et 6 tonnes/heure ont été fermés sans que les équipements ne soient frappés de désuétude. Moumini Hamadou, chef de service de la maintenance à la Semry rassure de ce que "les équipements qui sont dans les rizières sont encore de bonne qualité et nous assurons de manière régulière leur maintenance. Si on consent à les relancer aujourd'hui, il faudrait seulement un peu de moyens." Une piste à explorer compte tenu du nombre croissant des tonnes de riz qui prennent le chemin du Nigeria où il se vend au prix fort.

Réhabilitation : la tatillonne relance de la Semry

Des plans de sauvetage ont été mis en place, sans grand succès.

la Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua est vers la fin des années 1980 au bord du gouffre. Elle est régulièrement classée au rang des entreprises à liquider. Mais en 1989, la coopération française signe avec la Semry un contrat de performance sur trois ans. Ce plan prévoit l'abandon du traitement industriel jugé trop couteux et peu compétitif, le transfert des domaines de production et de commercialisation aux paysans, la fin du monopole d'achat de la production par la Semry, la réduction des effectifs (de 1500 à 400 personnes), le renouvellement de l'outil de travail, l'équilibre de l'exploitation… Pour mettre en œuvre ces mesures, la caisse française de coopération économique s'est engagée à débourser plus de six milliards de Fcfa.

Malgré la rallonge de deux ans, accordée au projet, le contrat de performance n'a pu résoudre les problèmes de fond de la Semry.
Le périmètre rizicole n'a point été réhabilité, les pistes d'accès sont restées escarpées et le réseau de canalisation défectueux. Les riziculteurs mal organisés et mal préparés à gérer les responsabilités qui leur sont transférées notamment en ce qui concerne la commercialisation et la production vont être amenés à quitter les rizières. a la fin d'année 1995, le contrat de performance s'achève. Les subventions de l'Etat pour la Semry sont dans la foulée gelées. la mauvaise qualité des prestations fournies et la dégradation du réseau entraînent de nombreuses manifestations violentes qui conduisent au départ de Tori Limangana de la direction générale de la structure. Hamadou Evelé arrive à la tête de l'entreprise en juin 2000 et propose au gouvernement un plan de sauvetage de l'entreprise. a la gauloise, Evelé déclare "la Semry est debout, il faut qu'elle marche".

Un slogan qui va accompagner l'essentiel des actions de la Semry, déterminé à se donner des coudées franches dans un environement où la Semry est quasi-absente des rizières. Le Ministère des finances commande un audit externe et stratégique pour prendre la mesure des problèmes de la Semry. En novembre 2003, un contrat-plan Etat/Semry est signé. Il ambitionne un redressement économique de la Semry. la réhabilitation partielle du périmètre et du réseau hydro-agricole, le relèvement du taux de redevance et l'augmentation de la production et des rendements, la prise en charge par l'Etat de la dette vis-à-vis de la Cnps et d'Aes Sonel…, sont entre autres réalisations du contrat-plan.

Mais le déblocage tardif des financements destinés au renouvellement de l'outil de travail qui s'élève à 3.324 milliards de Fcfa et à l'achèvement de la réhabilitation du périmètre, handicape les objectifs assignés à la Semry. Laquelle doit pouvoir assurer une partie des besoins nationaux en riz.
a ce jour, le contrat-plan est partiellement mis en oeuvre. la vétusté du matériel de travail acquis en 1992 dont le maintien en état de fonctionnement engloutit plus du tiers des ressources d'exploitation en témoigne. Ce qui conduit malheureusement à la faible mise en culture annuelle des surfaces pourtant aménagées et donc, à un faible taux de production. a cela, on ajoute, les difficultés de commercialisation du riz Semry sur le marché local, en raison des propositions alléchantes des commerçants nigérians.

Source: le Quotidien Mutations
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MessagePosté le: Fri Jul 18, 2008 9:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

la françafrique cède t elle la place à la Chinafrique ?

En quelques années, Pékin est devenu le premier fournisseur du continent et son troisième partenaire commercial. Face aux critiques suscitées par ses méthodes, et après l'euphorie de la « conquête », l'empire du Milieu veut faire évoluer son offensive sur le continent.

Liu Guijin se frotte les mains. Ce haut fonctionnaire chinois, comme tous ses collègues diplomates, sait que les prochains jeux Olympiques de Pékin seront pour son pays, sa place dans le monde et le développement vertigineux de son commerce une fantastique foire-exposition planétaire. Pourquoi dès lors polluer cette radieuse perspective par d'obscures considérations sur le soutien de la Chine à tel ou tel despote tropical ? Interrogé le 1er juillet à propos de Robert Mugabe, l'ambassadeur Liu Guijin, qui a le titre de « représentant du gouvernement chinois pour les affaires africaines », a donc répondu ceci : « Nous n'avons pas pour habitude de lier notre aide à des conditions politiques. Nous jugeons inutile d'attendre que tout soit parfait, y compris les droits de l'homme, pour faire des affaires. » En deux phrases, tout est dit ou presque du contexte dans lequel se noue depuis le début de ce millénaire l'interaction spectaculaire entre l'un des principaux bénéficiaires de la mondialisation et celui qui en est le continent oublié. Cette absence totale d'intérêt pour l'état local des libertés a toujours été, il est vrai, l'une des caractéristiques de la politique africaine de la Chine. Dans les années 1970 et 1980, Pékin soutenait à la fois des pays dits socialistes, des mouvements de libération et des dictatures pro-occidentales (Zaïre, Togo...) avec une absence totale d'états d'âme. À l'époque, France, États-Unis, URSS, Grande-Bretagne, tout le monde faisait de même. Mais alors que l'ex-camp impérialiste ne jure plus aujourd'hui que par le multilatéralisme, la bonne gouvernance, fût-elle cosmétique, et la conditionnalité de l'aide, la Chine, elle, continue son chemin en cavalier seul avec une recette éprouvée - celle du grand frère apôtre de la coopération Sud-Sud par essence solidaire - et des habits neufs : ceux du modèle de réussite qui fascina tant les chefs d'État réunis à Pékin en 2006 pour le premier sommet sino-africain.

Sont-ils vraiment partout ?

Pourquoi la Chine s'est-elle, au tournant du siècle, tout à coup intéressée à l'Afrique au point d'y réaliser aujourd'hui 10 % de ses investissements directs à l'étranger et d'y consacrer la moitié de son aide au développement ? Comme toujours à Pékin, cette décision a procédé d'une politique organisée et volontariste, répondant à des buts stratégiques précis. En l'espèce, il s'agissait : un, de marginaliser Taiwan, depuis longtemps implanté en Afrique ; deux, d'accéder aux ressources naturelles du continent ; trois, de faire du commerce. Sur tous ces points, une décennie plus tard, le succès est total. Seuls 4 pays africains sur 53 continuent à reconnaître Taiwan (voir encadré p. 24), et la Chine est désormais très réactive, au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, sur tous les dossiers du continent. Un quart des importations pétrolières, 20 % des minerais et les deux tiers du bois importé en Chine proviennent désormais d'Afrique. Enfin, Pékin est devenu en 2005 le premier fournisseur du continent et son troisième partenaire commercial après les États-Unis et la France. Le volume des échanges a quadruplé entre 2004 et 2007 (à 73,3 milliards de dollars) et devrait représenter 100 milliards de dollars en 2010. Une stratégie de pénétration tous azimuts, étroitement coordonnée avec la distribution de l'aide publique chinoise dont la moitié - soit environ 1,4 milliard de dollars - est orientée vers l'Afrique et liée, pour les trois quarts, à des projets dont les sociétés chinoises sont les principales, si ce n'est les uniques, bénéficiaires.
Ce grand bond vers l'Afrique, qui se traduit aujourd'hui par la présence de plus de six cents entreprises chinoises et d'une myriade de petits commerces, a été perçu comme une bénédiction par les dirigeants du continent. L'absence de conditionnalité politique, l'opposition systématique à toute forme d'ingérence de la communauté internationale - à commencer par les sanctions - ainsi que le volume, la panoplie des instruments financiers proposés et la rapidité de leur mise en place hors du contrôle des institutions de Bretton Woods ont, il est vrai, de quoi séduire. Effet additionnel - et primordial : tous les opérateurs chinois (ou presque) relevant de la sphère publique, ils n'hésitent pas à prendre sur des projets importants des risques financiers et sécuritaires que les multinationales refusent. En Afrique centrale, au Nigeria ou au Niger, il est ainsi des mises en valeur, notamment minières, que seuls les Chinois peuvent effectuer. « L'invasion » chinoise a également été globalement bien accueillie par les populations africaines : dans l'électronique, l'équipement et les produits courants, elle leur permet d'accéder à un nouveau type de consommation et d'améliorer leur pouvoir d'achat en exerçant une pression à la baisse sur les prix. Soutenues par un réseau d'ambassades de plus en plus dense (voir p. 26) et profitant largement des prêts liés, les entreprises chinoises n'hésitent plus désormais à se positionner sur des marchés financés par d'autres bailleurs. de la Tanzanie au Sénégal, le comparatif des prix jouant puissamment en leur faveur, elles emportent ainsi des appels d'offres au nez et à la barbe des Européens dans tous les secteurs d'activité : BTP, télécoms, médicaments génériques, etc. (voir encadré ci-contre). Mieux, une partie de la distribution des produits chinois est effectuée par des sociétés de commerce françaises telle la CFAO ou par des expatriés français, lesquels participent ainsi directement à l'essor du marché du made in China. Résultat : environ 10 % des projets financés par l'aide française, désormais déliée, ont été attribués aux Chinois. Au grand dam de Paris, qui estime que Pékin abuse de sa position d'outsider, déroge aux règles de bonne conduite des bailleurs traditionnels et privilégie systématiquement « un cadre bilatéral et peu transparent favorisant la corruption »(1).
Répété aux dirigeants africains à chacune - ou presque - de leurs rencontres avec leurs homologues occidentaux, ce dernier point a peu de chances d'être entendu pour la bonne raison qu'il n'est guère convaincant. « Ils considèrent que nous les mettons en garde contre des pratiques dont nous avons nous-mêmes usé en Afrique pendant des décennies », reconnaît-on avec lucidité à Paris(2).

Le temps de l'arrogance est révolu

Et l'on ne voit guère pourquoi les responsables chinois seraient plus regardants à propos du respect des droits de l'homme et de la démocratie sur le continent qu'ils ne le sont chez eux. Le véritable régulateur de la percée chinoise est donc ailleurs, dans les effets pervers qu'elle suscite et dont l'opinion, les ONG locales et les gouvernements africains commencent à prendre conscience. Fragilisation du tissu industriel local par les exportations chinoises, notamment de textiles (50 000 emplois détruits en Afrique du Sud, 10 000 au Botswana, autant en Zambie) ; recours massif à des travailleurs chinois sur les grands chantiers, y compris pour les ouvriers (Algérie, pays du Sahel) ; absence de création d'emplois durables, de diffusion de technologies et de valeur ajoutée ; atteintes à l'environnement et exploitation abusive des ressources naturelles, etc.(3). Les troubles et pillages dont ont été victimes en 2007 des ressortissants et intérêts chinois au Gabon, en Angola, au Mali, au Sénégal, au Cameroun et ailleurs ont été d'autant plus pris au sérieux à Pékin que l'immigration chinoise en direction de l'Afrique est en augmentation vertigineuse. Les Chinois y sont aujourd'hui deux à trois fois plus nombreux que les Français : entre 500 000 et 700 000, dont la moitié sont des irréguliers. Ces travailleurs que rien ne rebute et qui vivent en vase clos commencent à phagocyter le secteur informel et évincent les Africains des « petits boulots », y compris, comme au Bénin, dans la vente des beignets ou, comme à Douala, sur le marché des plaisirs de la nuit. Si l'on ajoute à cela le fait que nombre d'entreprises chinoises ignorent les normes sociales et de sécurité pour leurs employés locaux, les prémices d'un retournement de l'opinion sont réunies.
Les dirigeants chinois, qui sont tout sauf aveugles, le savent. Tout comme ils savent que le fait de profiter des nouvelles capacités d'endettement de certains pays (Angola, RD Congo) dues aux effacements décidés par le G8, afin de mettre en place des prêts liés pour des montants importants, est un vecteur de concurrence déloyale et un facteur de crise financière. « Pékin devient un passager clandestin du mouvement des Occidentaux d'apurement de la dette », protestent les experts(4), tout en reconnaissant que « l'arrivée de la Chine dans le commerce et l'aide au développement est un facteur positif pour l'Afrique ». Une contradiction que les opérateurs chinois, de plus en plus conscients de leurs responsabilités en tant que représentants d'une grande puissance, semblent désormais déterminés à dépasser.
Certes, ainsi que le démontre la rhétorique de Liu Guijin concernant le Zimbabwe, la Chine n'est pas encore prête à prendre en compte la qualité de la gouvernance politique dans les pays où elle intervient. Mais certaines évolutions sont apparues, à propos du Soudan notamment, qui indiquent qu'une telle perspective est inscrite à terme dans la logique, compte tenu du contexte des critiques montantes de la part de l'opinion internationale et de certains secteurs de la société civile africaine contre les pratiques commerciales et la surdité démocratique de la Chine.
Sur le plan économique, Pékin paraît enfin décidé à augmenter de manière significative sa contribution aux grands fonds multilatéraux. Totalement absente de l'Association internationale de développement (AID) - le guichet de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres, dont la moitié des engagements sont dirigés vers l'Afrique -, la Chine envisage aujourd'hui de s'y joindre. Surtout, Pékin n'ignore pas que ses positions seront, dans un avenir proche, de plus en plus attaquées par de nouveaux acteurs qui auront tiré les leçons du caractère abrupt du jeu chinois en Afrique pour mieux s'y installer. Même si sa présence sur le continent est pour l'instant, sur tous les compteurs, voisine de seulement 10 % par rapport à celle de la Chine, l'Inde est là, qui propose à ses partenaires une approche séduisante, basée sur le transfert de technologies, la création de valeur ajoutée et le respect de l'environnement, en échange - si l'on peut dire - d'un appui des pays africains à sa revendication d'un siège permanent au Conseil de sécurité. Autre concurrent potentiel : la Russie, dont la montée en puissance est prévisible et qui, pour l'instant, se choisit des cibles - comme l'Algérie, la Libye et le Nigeria, pour Gazprom - en tenant un discours critique sur tous les acteurs actuels et en se préparant à une offensive d'envergure.
Ce sont ces facteurs-là, beaucoup plus que les cris d'orfraie des Occidentaux sur le thème du respect des critères minimaux de bonne conduite, qui font réfléchir et évoluer la Chine vers une seconde phase, plus apaisée, moins agressive et politiquement plus responsable de son offensive africaine. Après une période d'euphorie au cours de laquelle elles ont gagné beaucoup d'argent, mais aussi subi quelques échecs retentissants dus à leur inexpérience du terrain et, parfois, à la mauvaise qualité de leurs prestations, les entreprises chinoises regardent le « risque africain » avec plus de circonspection et tentent des rapprochements avec des opérateurs européens connus pour leur expertise. Aux premiers temps de leur ruée vers l'Afrique, les dirigeants chinois avaient négligé cette vérité essentielle : « C'est en définitive aux Africains eux-mêmes qu'il reviendra de déterminer la nature et l'ampleur de l'intrusion de la Chine dans leurs affaires intérieures, et non l'inverse(5). » Ils l'ont, depuis, appris. Le temps de l'arrogance est révolu.


1. « Les intérêts économiques français face à l'irruption de nouveaux acteurs en Afrique », rapport du conseil des Affaires étrangères sous la direction de Michel de Bonnecorse, Paris, février 2008.
2. Idem.
3. Lire à ce sujet le livre-enquête de Serge Michel et Michel Beuret : la Chinafrique, Grasset, Paris, 2008.
4. Rapport du conseil des Affaires étrangères, Paris, février 2008.
5. Chris Alden : China in Africa, Zed Books, Londres-New York, 2007.

Source: Jeune Afrique - François Soudan

http://www.lepost.fr/article/2008/07/17/1226016_la-francafrique-cede-t-elle-la-place-a-la-chinafrique.html
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Nji



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MessagePosté le: Fri Jul 18, 2008 10:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

00237, tu es une source intarissable d'informations.
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L'homme cherche à être heureux, alors que la société tente vainnement à le rendre bon, NJI.
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MessagePosté le: Fri Jul 18, 2008 10:28 am    Sujet du message: Répondre en citant

Nji a écrit:
00237, tu es une source intarissable d'informations.


Merci Nji, c'est toujours un plaisir de partager mes infos.
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