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Tuberculose: Plus de 16.000 malades par an
Une journée dans un hôpital à l`occasion de la journée internationale de lutte contre cette maladie.
Par Quotidien Mutations le 31/03/2005
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Le regard dans le vide, les yeux jaunis par la fatigue, elle donne l`impression de vivre dans un autre monde. "ça fait trois mois que je suis internée ici. Mais avant, j`avais déjà passé trois autres mois de maladie sans vraiment savoir ce qui m`arrivait. J`avais de fortes fièvres et je me suis mise à tousser. Ce qui était bizarre, c`est que je n`avais pas de douleurs à la poitrine. Des amies à ma mère lui ont quand même recommandé de m`emmener voir le professeur Kuaban ici à l`hôpital Jamot.

Nous l`avons fait et après le frottis qui s`est avéré positif, j`ai été mise en isolation", confie-t-elle de sa voix devenue rauque au fil des quintes de toux. De loin, elle observe l`une de ses compagnes de chambre qui, ce matin là, apprête son petit déjeuner.

Quelques pavillons plus loin, du côté réservé aux hommes, la même ambiance matinale. Les malades, jeunes pour la plupart, essaient tant bien que mal de préparer leur pitance du jour composée essentiellement des restes de repas apportés par les familles la veille. Les plus faibles, attendent affalés dans leurs lits, la visite de leurs parents régulièrement présents à leurs côtés.

"Contrairement à ce que l`on peut croire, les gens ne fuient plus systématiquement les personnes atteintes de tuberculose. Mes parents et mes amis viennent me voir fréquemment, même si, de temps à autre, la crainte logique d`être contaminé se fait ressentir", raconte Isidore Nyeck, malade qui range ses médicaments: le Rimattan et Rumifan, et les pirilènes qu`il a pris aux environs de 5h du matin.

Ici et là, des quintes de toux se font entendre. Les regards errent. Quelques rires fusent. Un vieux monsieur qui se faisait nourrir par son épouse, rejette finalement l`ensemble de son repas. Comme dans la plupart des formations hospitalières, la dernière journée internationale de lutte contre la tuberculose qui s`est célébrée le 24 mars dernier, sous le thème : "Prestataires de soins : héros de la lutte contre la tuberculose", n`a pas connu, à l`hôpital Jamot de Yaoundé, un faste particulier. "Les infirmières nous ont promis qu`il y aurait une fête.

Nous attendons", raconte Florence Edoa. Pour cette dernière, "une journée comme celle-ci ne doit pas se limiter à faire la fête. C`est bien que l`on l`ait dédiée aux infirmiers et autres médecins. Je crois que c`est aussi l`occasion pour eux de prendre conscience que nos vies dépendent d`eux. Dans certains pavillons par exemple ici à l`hôpital Jamot, la corruption est un phénomène sérieux. La personne qui soudoie les infirmiers est traitée avec plus de diligence que celle qui n`a rien à donner. Les infirmiers doivent le prendre en compte", soutient Florence Edoa.

Traitement

Sur les portes de pavillons et autres bureaux de médecins, on lit aisément cette mention : "les médicaments de la tuberculose sont gratuits". Ce qui devrait diminuer considérablement les dépenses auxquelles Florence comme les autres malades doivent faire face: "les hospitalisations reviennent à 250 Fcfa par jour soit 15.000 Fcfa pour deux mois ou 22.500 Fcfa pour trois mois. Nos parents nous apportent à manger malgré les dons de nourriture que nous recevons les lundi et vendredi."

A côté de cela, les coûts des examens à faire, régulièrement, sont une autre cause de soucis. Selon les statistiques publiées par le Programme national de lutte contre la Tuberculose (Pnlt), on estime à 1,1% la progression annuelle de la maladie au Cameroun. En 2003, le Cnlt a déclaré 16.509 cas. De janvier à juin 2004, les services compétents ont enregistré 13 348 cas, sur les 9 millions recensés au niveau mondial.

On se souvient que, dans les années 1980, une stratégie, connue sous le nom de DOTS (Directly Observed Therapy, Short-course treatment ou Traitement de courte durée sous surveillance directe), a été mise au point en Tanzanie. Elle a par la suite été recommandée depuis le début des années 90 par l`Organisation mondiale de la santé (Oms). Cette stratégie fait appel au personnel de santé pour soutenir les patients et veiller à ce qu`ils prennent leur traitement jusqu`à la guérison complète, élément clé pour éviter de voir se multiplier des souches résistantes.

Cette stratégie a été fortement recommandée pour les pays d`Afrique car ici, on espère d`une part guérir les cas de tuberculose et, d`autre part, organiser les infrastructures de santé en vue de la distribution des médicaments antirétroviraux nécessaires pour le traitement du Sida. Maladie dont souffre environ 50% des personnes atteintes de tuberculose.

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