Née au Cameroun, Pétula Line Mbella a fait des études de droit avant de devenir
avocate à Yaoundé. Reconnue, elle milite même pour les droits de l'homme,
militant ouvertement contre les méthodes du ministère de la justice (Voir
l'article sur Cameroon-info.net :
la réforme de la loi pénale au Cameroun, écrit par Pétula Mbella pour le
quotidien Mutations en 2003). Mère de famille, possédant son propre cabinet,
elle a tout pour être heureuse. Mais une fausse note l'en empêche : la méthode
juridique du pouvoir en place : "J'avais beaucoup de difficultés à exercer
mon métier en toute indépendance. J'ai subi une campagne de dénigrement et des
pressions".
Et finalement, elle cède à la pression. Atteinte de dépression nerveuse, elle
décide alors de quitter le Cameroun pour la France. Elle a entendu parler de
Nicolas Sarkozy et de l'immigration choisie, et pense être accueillie à bras
ouverts étant donné son background académico-professionnel. Elle pose ses
bagages dans le Saint-Quentinois où elle a de la famille et commence alors les
démarches pour obtenir un titre de séjour et valider son diplôme obtenu au
Cameroun.
Au départ, elle n'obtient qu'un permis de demeurer en France pendant un mois.
Elle passe en 2007 un contrôle des connaissances en droit et valide son diplôme
au centre professionnel des avocats de Lille, tout va bien donc. Sauf que son
titre de séjour n'est pas renouvelé par la préfecture de l'Aisne. Motif ? elle
ne remplit pas les conditions. Et le non-renouvellement est comme souvent
accompagné d'une invitation à quitter le territoire. Pétula Mbella qui était
alors une avocate au Cameroun devient alors une sans-papiers en France. |
En bonne connaisseuse de droit qu'elle est, elle fait appel de la décision et
obtient la permission de demeurer en France en attendant la réponse. Plusieurs
associations la soutiennentn, notamment le collectif sans papiers 02, RESF et le
Conseil National des Barreaux de France. Elle passe de nombreux tests:
connaissance de la langue et de la culture françaises, citoyenneté, et obtient
toutes les attestations requises pour être regularisée.
Début 2009, deux ans après son arrivée en France, elle obtient finalement son
permis de séjour. Dans la foulée, le bâtonnier de Saint-Quentin accepte sa
demande d'intégrer le barreau et elle devient officiellement avocate en France.
Mais elle n'oublie pas pour autant les épreuves par lesquelles elle est passée :
"Je suis très émue, dit-elle. C'est beaucoup de souffrances. Tout cela a
demandé beaucoup d'endurance. D'autres n'ont pas eu la chance que j'ai eue. Il
faut être fort. Quand on m'a dit que je ne remplissais pas les conditions,
quelque chose s'est brisé en moi. Aujourd'hui je pense que je suis encore plus
forte. Je suis sortie grandie de toutes ces difficultés et je pense retrouver
très vite le chemin des prêtoirs".
Son compagnon, Raphael Degryse, confirme que les deux années ont été très
difficiles : "C'est un épisode très triste dans notre vie. Un jour elle a vu
les gendarmes arriver à la maison, et elle a dû se cacher en dessous du bureau
dans la chambre avec ma fille puisqu'elles étaient toutes les deux à la maison,
c'est un épisode très dur".
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