Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Gino Sitson, vocaliste & compositeur basé à New York depuis quelques
années...
Parlez-nous de votre entrée dans le monde musical. Intuition de naissance ?
Evénement particulier ?
J'ai envie de dire que j'y suis tombé comme Obélix, ma mère étant chanteuse
d'église. On peut même remonter plus loin parce que mes ancêtres étaient des
"Ntontah". C'est-a-dire des joueurs d'instruments à vent. D'ailleurs, la voix
n'est-elle pas un instrument à vent, elle aussi ? Le plus pur, le plus léger,
puisque l'instrument est notre corps. Sans doute que ces voix ancestrales m'ont
ouvert le chemin de la musique. Cet environnement musical a joué sur moi
inconsciemment. Mais de ses influences, on ne se rend compte que plus tard.
Lorsqu'enfant j'ai commencé à jouer de la batterie et à chanter, c'était juste
un besoin profond et urgent, dont je ne cherchais pas à identifier les sources.
Mes parents ne m'ont pas véritablement encouragé dans cette voie. Au début, je
l'ai même cultivée en cachette car ça n'était pas très bien vu d'être musicien,
ni dans ma famille, ni dans les autres d'ailleurs !
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire carrière ?
Ma passion pour la musique & l'envie de partager.
Pourquoi le jazz ?
A vrai dire, j'ai commence à écrire ma musique sans me rendre compte qu'elle
avait une connotation "jazz"... C'est plus tard que je m'en suis rendu compte,
lorsque les gens autour de moi ont commence à apposer ce qualificatif à ma
musique. Mais le jazz n'est-il pas d'essence africaine ?
Des sources d’inspiration ?
Je suis un musicien à l'écoute du monde. Quand je dis à l'écoute du monde,
j'entends par là à l'écoute des autres musiques mais aussi de tous les sons du
monde. Un oiseau qui chante, un chat qui miaule, une bombe qui explose,
quelqu'un qui pleure, quelqu'un qui crie, quelqu'un qui rit. Un bébé, un jeune,
un vieux. Tous ces sons nourrissent ma musique. Je ne les hiérarchise pas, je ne
les compartimente pas, j'en fais ma substance.
Malgré de nombreux artistes de talent, vous êtes plus connu à l’étranger qu’au
Cameroun. A quoi cela est-il dû ?
Peut-être parce-que ma musique est un peu trop "banale" pour les décideurs
camerounais...? (rires) |
Votre sentiment face à ce manque de reconnaissance en terre camerounaise ?
Honnêtement aucun sentiment là-dessus... Je constate tout simplement. Et je vais
là où j'ai de la considération... Comme on dit, "la chèvre broute là ou on l'a
attachée" (rires).
Comment peut changer cette méconnaissance qu’a le Cameroun du jazz, et des
musiques instrumentales en général ? Je ne sais pas... Mais au risque de me
faire taper dessus, je dirais quand même qu'il faudrait éviter d'être sectaire
dans les medias et dans l'industrie de la musique camerounaise. Et laisser au
public l'occasion d'écouter et apprécier toutes sortes de musiques.
Suivez-vous la musique camerounaise ?
Pas véritablement. Honnêtement, j'écoute très peu de musique tout simplement
parce-que j'ai très peu de temps et je la pratique tous les jours.
Des préférences particulières ?
Mes préférences: musiques "authentiques" du Cameroun; bikutsi, mangambeu,
bolobo, assiko...
Parlons maintenant de vous. Après avoir vécu en France, vous êtes allés aux USA,
le berceau du jazz. Parlez nous des différences entre les deux pays.
Comme vous le dites, je vis dans le pays ou le jazz est né. J'ajouterais : ou
l'excellence est valorisée, ou le novateur est respecté. A mon avis, la France a
une vision assez caricaturale de l'artiste noir/d'origine africaine. Il y a
beaucoup de stéréotypes. Je ne dis pas qu'il y en a pas ici mais c'est
moindre comparativement... J'ai quitté la France parce que j'y tournais en rond
et j'en étais arrivé à éprouver comme un sentiment d'oppression. New York m'a
donné un souffle nouveau. C'est une ville extrêmement stimulante ! Les gens sont
curieux de tout, le novateur est valorisé et trouve une place. Les gens sont
moins arrogants et plus accessibles.
Où en est votre carrière ?
Ma carrière se porte à merveille... J'ai en moyenne 160 dates par an, en plus de
mes "vocal workshops" et autres occupations... Depuis 2006, je suis "Cultural
Arts Ambassador" /Ambassadeur des Arts et de la
Culture pour la ville de Miami en Floride. J'y ai d'ailleurs enseigné
(Florida Memorial University).
En 2002, mon 2e album – Song Zin’…Vocadelic Tales – a été sélectionné
parmi les 10 meilleurs CD jazz de l’année par le Los Angeles Times. |
Envisagez-vous de vous produire au Cameroun ?
Si on m'invite, pourquoi pas ?
Qu’est-ce qui vous en empêcherait ?
Des conditions non respectueuses et l'amateurisme des promoteurs... Je dois
avouer que mon agent en a horreur et a malheureusement déjà vécu des situations
pas très "académiques" venant de ce beau pays...
Un album en vue ?
Oui, un nouvel album qui sort: "Way to go", enregistre avec mon band ici, a
New York : Lonnie Plaxico a la contrebasse, Helio Alves au piano & Willard Dyson
a la batterie.
D’autres projets en cours ?
Beaucoup de projets... Entre autres, l'album des Sitson Brothers, avec mon
brillant jeune frère, Njamy Sitson, qui vit en Allemagne
(www.myspace.com/njamysitson). Comme moi, il a un emploi du temps assez charge,
mais nous allons finir par arriver à accoucher de ce projet. Sinon, dans les
choses en cours, je continue de composer pour des télévisions (PBS, CBS,
Nickelodeon...), des films, des pubs...
Parlez nous de votre musique. Comment définiriez-vous particulièrement votre
musique ?
C'est juste un condense de mes vies: camerounaise, française & new yorkaise.
En fait ma musique ne correspond pas véritablement à un style préexistant. C'est
une alchimie qui puise dans les vibrations du monde, qui se nourrit de mes
"pérégrinations humaines"...
Quel genre de musicien êtes-vous ? Un poète ? Un militant ? Votre musique
reflète-t-elle votre personnalité ?
Poète et militant, oui, je crois que je le suis à ma manière. Je suis un
musicien ouvert au monde. Je pense que ce que je fais reflète très sincèrement
ma personnalité. Mais ceux qui ont eu l'occasion de me côtoyer peuvent en parler
beaucoup mieux que moi...(sourires)
Qu’a le jazz de si particulier ? Si vous deviez en faire l’éloge en quelques
phrases à quelqu’un, que lui diriez-vous ?
LIBERTE ! Le jazz est pour moi la musique la plus généreuse et la plus riche
harmoniquement. Même si certains compositeurs classiques comme Stravinsky
avaient déjà cette approche harmonique très développée. Le jazz a aussi
l'avantage de ne pas être rigide, je dirais même de ne pas être sectaire. Il
peut épouser toutes les formes musicales.
Parlez nous brièvement de Gino Sitson. Ses qualités ? Ses défauts ? Comment
envisage-t-il le futur ?
Musicalement, je dirais que j'ai le sens et le goût du détail. J'aime la
découverte & les différences. Je ne sais pas si c'est une qualité. Défauts: très
exigeant avec moi même, parfois impatient... Dur dur de se juger... (rires)Quant
au futur, je l'envisage avec une santé de fer et avec une même égalité d'humeur.
Et pouvoir donner et servir, encore et encore.
Votre expérience dans la musique vous a-t-elle changé ? Avez-vous le même regard
qu’à vos débuts ?
Oh oui ! Je n'ai plus la même naïveté que j'avais au début de ma carrière. Mais
j'ai quand même conserve la fraicheur humaine de mes débuts...
Vos bons et vos mauvais souvenirs ?
Bons souvenirs ?
23 février 2008, CARNEGIE HALL, ici a New York, avec mon band.
La salle la plus prestigieuse au monde.
Grand moment d'émotion !!!
J'y ai rejoue au mois de mai de l'année dernière, invite par Bobby McFerrin,
avec qui je viens de faire un documentaire ("The music instinct: science &
song") pour la télévision nationale américaine PBS.
Un autre bon souvenir : concert avec Manu Dibango au Vatican en 1998 ou 1999.
Pour un catholique comme moi, c'était fabuleux!!
Mauvais souvenirs ? Je préfère ne plus y penser. J'aime rester sur des "notes"
positives...
Pour vos fans, comment vous contacter ?
Par mon management, qui transmettra:
Sarah Cohen
POLYVOCAL MANAGEMENT
P.O.BOX 286291
New York, NY 10128-0003
USA
Phone:1-212-255-1017
Fax:1-646-330-5941
booking@polyvocal.com
Un petit mot pour les internautes de Bonaberi.com ?
Je suis très heureux de communiquer avec vous par le canal de cette belle
plateforme (Bonaberi.com) et au plaisir de vous rencontrer personnellement
quelque part dans le monde... GOD BLESS!
Note de la rédaction : vous pouvez retrouver Gino Sitson sur :
Site officiel de Gino Sitson
Gino Sitson sur Myspace |