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Un camerounais star en Russie
Avec sa chanson "Lapin en chocolat", le jeune Camerounais Moudio Moukoutou Pierre Narcisse a conquis les hit-parades russes, une petite victoire pour la communauté africaine en Russie où les incidents à caractère raciste sont fréquents....
Par Rédaction le 17/05/2004
Avec sa chanson "Lapin en chocolat", le jeune Camerounais Moudio Moukoutou Pierre Narcisse a conquis les hit-parades russes, une petite victoire pour la communauté africaine en Russie où les incidents à caractère raciste sont fréquents.

"Je suis un lapin en chocolat et je fonds si facilement en touchant tes lèvres...". Cette chanson au refrain enjoué que Pierre Narcisse, âgé de 27 ans, interprète en russe avec un petit accent africain résonne à la radio et dans les boîtes de nuit, alors que l'expression "lapin en chocolat" est maintenant ancrée dans le langage des jeunes pour désigner des ressortissants africains.

"Mes compatriotes me remercient pour cette chanson. Ils me disent: Autrefois, en Russie, on nous traitait de +nègres+ et maintenant on nous appelle +lapins en chocolat+. C'est déjà mieux, non?", sourit Pierre, en sirotant un vodka-martini dans un restaurant en plein centre de Moscou.

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Epié par des regards envieux, Pierre, se cachant derrière des lunettes de soleil, et sa compagne, Valeria, une beauté russe de 20 ans, se promènent main dans la main dans un centre commercial chic.

"Notre couple irrite les hommes russes. Pour eux, il est insupportable de voir un Noir qui a réussi dans la vie avec en plus une jolie fille russe à son bras", affirme Valeria.

Pierre Narcisse, originaire de Yaoundé, est arrivé en Russie il y a huit ans pour faire ses études. "Je ne parlais pas russe. J'avais peur que je ne pourrais jamais parler cette langue qui paraissait tellement difficile", raconte-t-il dans un russe maintenant parfait.

Le chanteur a fait des études de journalisme à l'université de l'Amitié des Peuples à Moscou, puis dans une école de journalisme francophone à l'Université Lomonossov. En même temps, il chantait dans des casinos, travaillait comme présentateur à la radio et comme mannequin. Il a même interprété un petit rôle dans "Le Barbier de Sibérie" de Nikita Mikhalkov.

"Mes parents voulaient que je fasse des études sérieuses, mais moi je rêvais de travailler dans le show-business", explique Pierre.

Il est devenu populaire après avoir participé l'année dernière à un show télévisé, "La fabrique des stars", qui recherchait des jeunes talents à travers toute la Russie.

"Je ne travaille pas uniquement pour moi-même, mais pour des milliers d'Africains en Russie. Pour qu'ils puissent sortir dans la rue sans craindre pour leur vie", déclare le jeune chanteur.

Pendant les huit années qu'il a vécues en Russie, plusieurs de ses amis africains ont été agressés par des skinheads. Beaucoup ont été blessés et hospitalisés, certains n'ont pas survécu, d'autres sont repartis dans leur pays d'origine.

Le racisme dans la Russie post-soviétique a des racines sociales, estime le chanteur. "La vie est dure, les jeunes n'ont pas de travail, ils boivent de la vodka. Mais ce n'est pas la faute des Africains!", s'exclame-t-il.

Pierre assure cependant qu'il n'a pas peur de rester en Russie.

"Je me fie à Dieu et il me protège. Et puis, j'ai un talisman: c'est Valeria. Je veux avoir une famille, des enfants et je ferai tout pour les protéger. Et je me battrai jusqu'à la dernière goutte de sang s'il le faut", jure-t-il.

Valeria, qui ne le quitte pas d'un pas et n'arrête pas de lui témoigner sa tendresse, approuve solennellement

Par AFP
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