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Rien ne sera plus comme avant
L’annonce solennelle a été faite il y a une semaine par Urbain Olanguena Awono, ministre de la Santé publique, et par ailleurs président du Comité national de lutte contre le sida (CNLS).
Par Yves Atanga le 30/04/2007
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Le gouvernement camerounais a décidé de passer à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre de sa politique d’accès universel au traitement du VIH/Sida. Les médicaments antirétroviraux (ARV) seront gratuits. Et la mesure prend effet à partir du 1er mai 2007 sur toute l’étendue du territoire national.

Le 1er mai, c’est donc mardi prochain. Et déjà au sein des structures impliquées, les derniers réglages sont mis au point. Au Comité national de lutte contre le sida, dans les centres de traitements agréés et à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels, c’est l’effervescence. Normal, il faut s’assurer qu’on sera à la hauteur de l’immense défi que viennent de relever les pouvoirs publics.

La décision gouvernementale de faire le grand saut était attendue depuis des mois par les malades et leurs familles. Et sur ce plan, un premier pari a été gagné. Il s’agit quand même de permettre à plus de 40.000 malades supplémentaires d’accéder gracieusement au traitement.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 76.500 personnes ayant besoin d’un traitement au Cameroun, seules 31.200 recevaient déjà leur trithérapie. C’est là que se situe l’enjeu du passage à la gratuité : combler le vide et parvenir à mettre tous les 76.500 malades sous traitement. D’autant plus que la grande majorité (7 malades sur 10) a moins de 40 ans. Et 60% sont des femmes. Si ce n’est pas une menace pour l’équilibre socio-économique du Cameroun, ça y ressemble.

Les retombées de la nouvelle offensive auront donc plusieurs visages. Et pour cette première année, les prévisions sont de 43.000 malades adultes et 4000 enfants à toucher. C’est-à-dire environ 12.000 de plus que ceux actuellement sous ARV. Mais il n’est pas exclu que ce chiffre soit largement dépassé. Sur les plans psychologique et financier, la gratuité va probablement faire tomber plusieurs blocages et décider les plus réticents à accepter le traitement.

Mais d’un autre côté, il est à craindre que la mesure entraîne une recrudescence des comportements à risques. C’est pourquoi les messages de prévention restent actuels, si l’on veut limiter le nombre de nouvelles infections.

Cela dit, plusieurs questions pratiques taraudent les esprits au sein de l’opinion. En premier lieu, la restriction contenue dans la décision signée le 2 avril dernier semble semer le trouble. En précisant que cette mesure ne concerne que les personnes vivant avec le VIH et éligibles à la prise des ARV sur décision d’un médecin prescripteur, le ministre de la Santé publique rappelle simplement qu’il ne suffit pas d’être testé positif pour courir à la pharmacie demander un médicament. Des examens de bilan biologique préalables devraient permettre à chaque malade de recevoir les produits les plus appropriés à son cas. Ces examens ne coûtent plus que 3000 F.

Reste les inquiétudes au sujet de la disponibilité des ARV en quantité suffisante à travers le pays. Et au sujet d’éventuels réseaux de trafics de médicaments, comme souvent observé dans les formations hospitalières. Sur ces points, CT a approché les responsables du ministère de la Santé publique, à divers niveaux d’intervention. Et toutes les informations collectées par les reporters tendent à rassurer.

Après la réussite de l’expérience avec le traitement de la tuberculose, première maladie opportuniste, on peut avoir des raisons d’être optimiste. De toute façon, c’est Jour J —3.
Source: Cameroon Tribune
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