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Comment l’argent du Sida est détourné dans l’Adamaoua
Une enquête épingle de hauts responsables locaux.
Par Georges Alain Boyomo le 18/12/2006
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L’étude menée entre 2000 et 2005 démantèle des réseaux solidement implantés et déterminés à traire la vache à lait que représente le Sida chez nous.

L’enquête intitulée “ corruption, détournement et impunité dans le Gtp) dénonce les pratiques répréhensibles et propose des sanctions, et surtout, les voies de sortie envisagées.
Aussi, apprend-on que les fonds alloués aux comités locaux de lutte contre le Sida (Clls) sont gérés de manière opaque par une poignée d’individus au grand dam des autres membres du Clls. La complaisance des principaux responsables du Gtp face à ces malversations laisse songeur.

Par ailleurs, l’étude met en évidence le phénomène des Clls fictifs ou montés de toutes pièces pour distraire les fonds. Dans la plupart des cas recensés, l’application du processus participatif dans les communautés à la base n’est pas le souci premier de certains responsables du Gtp et organismes d’appuis local (Oal).
Selon des témoignages concordants, les autorités du Gtp ne financent les plans d’action des Clls qu’à condition que les bénéficiaires leur reversent un pourcentage des subventions reçues.

Conséquence aujourd’hui, le seul souvenir vivant de ces structures communautaires et sociales de reste les panneaux portant l’indication Clls au bord des routes desservant les différentes artères de la province.

Par-delà ces manquements déjà suffisamment graves, le Collectif de la société civile de l’Adamaoua (Cosca) dénonce pêle-mêle la non-transparence dans la passation des marchés dans ce secteur d’activités, les lenteurs dans le traitement des dossiers avec pour corollaire l’arnaque de plus en plus rampante et l’arrangement gré à gré.

Autres dérapages mis en exergue, la rétention des frais de formation des pairs éducateurs notamment, la sélection à la tête du client des fournisseurs, le non-respect des plans d’action déterminés à l’avance et la majoration des indemnités diverses.
Pour le Cosca, l’impunité observée jusqu’ici ne saurait perdurer, car elle ne favorise pas une meilleure prise en compte des intérêts des populations.

De ce fait, la vulgarisation du manuel de procédures de passation des marchés, le contrôle et le suivi rigoureux du déroulement des activités tout au long de l’année deviennent des impératifs. De l’avis du collectif, il faut restructurer les Gtp. Cela passe également par la participation effective des soumissionnaires au dépouillement des différentes offres, le transfert direct des fonds dans les comptes des adjudicataires, la démystification des rapports fictifs et l’association de la Société civile aux activités du Gtp.

Dissuader les prédateurs

Le Collectif des organisations de la société civile de l’Adamaoua naît en mai 2004 de la volonté de s’impliquer activement dans les débats importants de la vie nationale tels que la dette publique au développement, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, le Vih/Sida, etc. le Cosca entend se positionner comme une force d’interpellation des autorités administratives, des décideurs politiques, religieux, traditionnels et autres leaders d’opinion communautaires qui préoccupent les populations camerounaises et particulièrement celles de la province de l’Adamaoua.

Régulièrement, le Cosca organise des activités dans ce sens. La dernière en date est la marche contre la corruption à l’occasion de la journée internationale de lutte contre ce fléau. Cette marche a connu un franc succès. De l’avis des organisateurs, cette réussite pourrait dissuader les prédateurs de la fortune publique dans cette province.
Source: Le Messager
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