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Médias : Le temps des magazines
Ici, les gens du Cameroun, aiment bien se voir en Situations… Nyangalement. Retour sur quelques magazines qui dominent le paysage médiatique Camerounais.
Par Roger A. Taakam le 21/03/2006
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Ils ne s'étaient nullement entendus. Mais c'est à peine si Nyanga et Situations ne se sont pas " grillés " avant même d'avoir atteint les kiosques. La bagarre médiatique dans la presse, les annonces presque concomitantes de lancement… Tout cela laissait bien entendre que quelque chose de révolutionnaire allait se passer dans la presse camerounaise. A l'arrivée, pas de révolution véritable, mais juste une mutation du paysage médiatique, et surtout une évolution sensible des habitudes de lecture des Camerounais. L'heure du magazine grand public a sonné.

Avec un plaisir inespéré, les lecteurs découvrent fin janvier 2005 les passions de leur vies ordinaires racontées simplement, sous des plumes polies et policée, loin de la vendetta quotidienne d'une presse devenue un peu trop hargneuse à leur goût. " Nyanga " est le magazine de la situation. On se l'arrache, ou presque.

D'aucuns par simple curiosité, quelques autres pour sanctionner de leur regard critique le rendu de ce support annoncé à grand renfort de publicité. Le résultat n'est pas moins flatteur pour l'éditeur Sopecam, dont on dit en coulisses qu'il aura mobilisé bien plus que les moyens prévus pour parvenir à ce résultat : un magazine quadri, papier couché avec vernis en couverture, design créatif… bref tout le luxe des magazines venus d'ailleurs qu'on voyait en kiosque sans jamais s'y identifier. Pendant quelques jours, Nyanga vit en état de grâce. Cependant que dans les coulisses, des bagarres se font nombreuses autour de son positionnement. Un mois après, le numéro 2 de Nyanga n'était toujours pas en kiosque. Il a fini par sortir la semaine dernière, non sans décevoir quelques espoirs. " D'une édition à l'autre, la qualité a changé, le contenu aussi ", lance, agacée L. Nyemb, femme au foyer, dont la curiosité n'épargne pas le foisonnement actuel de l'offre camerounaise en matière de magazine.
Situations
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Et c'est vrai que, à peine né, Nyanga est presque passé à côté de se faire oublier. Entre les tranches de vie hebdomadaires de " Situations " et les romans intimes de " Ici les gens du Cameroun ", le terrain des rêves voyeurs et des gloires hurlantes est vite rempli. Face aux envies de lecteurs (particulièrement les femmes) dont rien ne semble freiner l'ardeur à opter pour une presse à qui on attribue déjà la réputation d'être tranquille et sans histoire. N'en déplaise au rédacteur en chef, Tiéry Gervais Gango, qui dit détester le biais facile que les lecteurs font en voulant classer son magazine parmi les people. Situations, c'est, dit-il " un magazine qui traite des questions de notre société et des gens qui la font. Nous voulons porter un regard ordinaire sur des gens qui paraissent extraordinaires, aussi montrer le côté ordinaire des gens extraordinaires, en gardant le souci que cela se fasse dans la détente ". Tout le socle d'un concept qui a germé dans les " tripes " de son directeur de la publication par ailleurs patron du quotidien Mutations, après avoir fait le constat suivant lequel " le public camerounais méritait mieux et qu'il était insoupçonnable de faire pour lui, et avec lui, le saut de la qualité ". Situations naît alors comme une offre éditoriale complémentaire (troisième produit de la South Media corporation) et comme réponse à une demande qui préexiste même au foisonnement actuel.
Succ?s
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Car bien avant " Nyanga " et " Situations ", le magazine " Ici les gens du Cameroun " a depuis longtemps séduit de nombreux lecteurs à travers une formidable saga qui, jusqu'ici, a bien l'air d'une véritable sucess story. " Je me suis dit qu'il était temps que je crée un magazine qui montre les Africains comme ils sont intelligents, comme ils se bagarrent pour maîtriser leur destin, comment ils font pour surmonter les obstacles et comment ils sont aussi de temps en temps magnifiques, comment ils vivent les mariages ". C'est en ces termes que Marie Roger Biloa raconte, dans une interview à Mutations, le parcours de son magazine un an après son lancement.

En revisitant les pics de vente qui ont souvent atteint au Cameroun les 12.000 exemplaires, en feuilletant son carnet d'adresses, en revisitant le film des gens d'ici qui ont partagé le plaisir de se mirer dans ce journal, Roger Ngoh Yom, le représentant de ce magazine au Cameroun se félicite de ce que son journal ait " tracé la voie ", en apportant un peu plus de couleur à l'espace médiatique camerounais. Une vision simple, construite sur un paradigme tout aussi ordinaire bâti sur un parti pris évident : " valoriser les Camerounais d'ici et d'ailleurs, leur apprendre à mieux se connaître pour mieux s'aimer. Les gens dont nous parlons, ce sont soit des gens peu connus que nous faisons mieux connaître, soit des gens déjà connus dont nous ressortons les trajectoires, soit les gens moins connus que nous révélons ". Résultat : une sorte de polissoir haut en couleur qui depuis novembre 2003 agrémente les conversations de salons, rythme la vantardise grivoise des gens d'ici (VIP, hommes et femmes ordinaires) dont on finit par comprendre leur folle envie à dévoiler leur intimité, leur richesse, leurs joies, leurs aventures et mésaventures, leurs succès, leur fierté.

En kiosque, c'est déjà un succès commercial sans précédent. Un taux de vente atteignant les 98% pour Nyanga et Ici les gens du Cameroun, 80% pour Situations. De quoi faire oublier la fabuleuse époque de Week-end Tribune qui avait consacré, entre 1989 et 1992 le genre magazine au Cameroun. Depuis lors, plus rien, si ce n'est les expériences souvent laborieuses d'une presse de langue anglaise un peu trop racoleuse pour contrer les magazines venus d'ailleurs. " Nous tirons modestement à 5.000 exemplaires, avec un taux de vente de 65% en moyenne ", soutient Asong Ndifor, directeur de la publication de The Nation, qui reconnaît que le tendon d'Achille reste la pub.

Ailleurs, les soucis ne sont pas tout à fait du même ordre, où il apparaît clairement que ces magazines se sont assurés des matelas publicitaires à tout le moins confortable, à moins d'être démenti par la suite des événements…
Source :Mutations
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