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Fotso Victor Vs. les Mbororos
Un litige oppose Victor Fosto aux populations Mbororos
Par Rédaction le 16/03/2004
1 - La r?alit? sur le terrain
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Situé à 15 km de Bafoussam, Tchada II, un village de l’arrondissement de Baleng, connu pour ses terres riche et fertiles, et ses beaux pâturages. Les troupeaux de bœufs et autres bêtes qu’on y a vu, il y a quelques temps, ont disparu pour laisser place à une intense activité agricole : " Les animaux sont en transhumance ", affirment des individus que nous avons approchés. Ce qui peut se justifier en cette saison sèche où l’herbe se fait de plus en plus rare. La communauté mbororo, qui y vit depuis environ 50 ans, est passée de 500 à 230 personnes.

La moitié de ses membres a préféré quitter les lieux, ne pouvant plus supporter les multiples tracasseries de M. Victor Fotso. Une option compréhensible, si l’on s’en tient à ce qu’ils ont vécu sur le terrain : Victor Fotso, par l’entremise de ses agents, a érigé des barricades au niveau de tous les points d’eau pour empêcher les bêtes de se ravitailler. De même qu’il a fait dresser des fils barbelés autour des champs et des maisons d’habitation, appartenant aux Mbororos. Certains Mbororos, des vieillards pour la plupart, ont décidé d’y rester.

Le chef de leur communauté, El Hadj Inoussa Haman, est de ceux là. Sans doute parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. Ils ne comprennent pas comment Victor Fotso a pu transformer une zone de pâturage en de vastes plantations de tabac, de haricots, de banane-plantain. Donnant l’exemple à des riverains qui se sont engagés à créer des champs de cultures vivrières et de rente dans cette zone longtemps vouée à l’élevage.
2 - Le probl?me et les parties
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Tout au début des années 90, Victor Fotso obtient du chef supérieur Baleng, Gilbert Tela Nembot, une autorisation de s’installer à Tchada II comme éleveur. Le patron du groupe Fotso élabore un grand projet : construction d’un ranch comprenant des zones de pâturage et d’élevage, mise en place des infrastructures d’exploitation (bâtiments, magasins, forage en eau, électrification du site, achat des groupes électrogènes, captage de l’énergie solaire…), acquisition d’un matériel agricole (tracteurs, charrue, camions…), et l’acquisition d’un matériel vétérinaire, dont des réfrigérateurs, des glacières, 50 bouches d’identification et une trousse pour chirurgie et autopsie. Autant de choses qui ont ébloui les Mbororos du coin.

Ils n’avaient pas encore vu ça, ni du temps de Gilbert Andzé Tshoungi, inspecteur fédéral, ni sous Marcel Medjo Akono, plusieurs années gouverneur de la province de l’Ouest. Les Mbororos pouvaient dorénavant compter sur les largesses de Victor Fotso, compte tenu de son pouvoir financier. Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé à mettre la main dans la poche, en supportant le séjour du chef de la communauté mbororo de Tchada II à un pèlerinage à la Mecque. Ou en faisant égorger plusieurs bœufs qu’il distribuait aux Mbororos.

La cohabitation était alors pacifique jusqu’en 1976, date à laquelle Victor Fotso décide de conduire ses bœufs, estimés au départ à 300 têtes, vers une autre destination. Il ne s’arrête pas là. Il abandonne l’élevage pour se livrer à l’agriculture. Et parvient à obtenir quatre titres fonciers sur près de 239 hectares de terrain à Tchada II. Les Mbororos se sentent menacés, leurs bêtes aussi.

Tout le monde est sur ses gardes. Le 23 septembre 2003, Victor Fotso fait tenir une correspondance portant mise en garde au patron de la communauté mbororo de Tchada-Baleng : " Malgré la mise en demeure à vous adressée en date du 25 août 2003, il m’est revenu, une fois de plus que certains de vos sujets ont encore introduit leurs bœufs dans ma plantation, détruisant par-là plus de 5 ha de piment, plus de 8 ha de maïs et plus de 6 ha de haricots, lesquels seront évalués en temps opportun par les autorités compétentes et, le coût du préjudice supporté par tous les éleveurs du gros bétail de votre campement…

Compte tenu de cette situation, je me vois contraint de nous mettre en garde contre toute récidive, vous informant par la même occasion que tout animal arrêté dans ma plantation sera vendu sous la supervision de la force de l’ordre et le prix utilisé pour réparer le préjudice ", a-t-il écrit. Peu après, il est passé de la parole à l’acte. Le 6 novembre 2003, agissant pour le compte de Victor Fotso, Me Léonie Monique Ngona Nkendjou, huissier de justice à Bafoussam, notifie une sommation de payer à Aliyou Malam, membre de cette communauté.

En fait, l’huissier exige que ce dernier verse une somme de 6.153.795 Fcfa à Victor Fotso " pour des destructions de cultures sur une parcelle sise à Tchada-Baleng appartenant à Fotso Victor ". Selon un procès-verbal de constat dressé en date du 16 octobre 2003 par le délégué d’arrondissement du ministère de l’Agriculture de Baleng.
source: Quotidienmutations
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