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Serge Mouangue
JAPON - 28 septembre 2008 - par SAMY GHORBAL, ENVOYÉ SPÉCIAL À TOKYO

source: http://www.jeuneafrique.com

Né au Cameroun, il a grandi en France. Designer chez Nissan, à Tokyo, il a créé un concept car révolutionnaire présenté lors du Mondial de l’automobile, à Paris.

Connaissez-vous la Nuvu du constructeur automobile Nissan ? Non ? Normal… car personne ne l’a encore jamais vue ! Cette voiture électrique dernier cri, annoncée comme révolutionnaire, entièrement construite avec des matériaux recyclables, un toit équipé de panneaux solaires en forme de feuilles d’arbre, un habitacle spacieux et modulable de « 2 + 1 places » - deux sièges à l’avant, un troisième, rétractable, à l’arrière -, n’existe, pour l’instant, qu’à l’état de concept car. Futuriste, mais dans l’air du temps « écologiquement correct », elle sera dévoilée en exclusivité mondiale au Salon de l’automobile de Paris, qui se tient du 4 au 19 octobre. la Nuvu est un vrai pari industriel pour le constructeur japonais, filiale du groupe français Renault, qui souhaite se positionner, dès 2010, sur le segment des véhicules électriques.
Outre sa ligne arrondie peu banale, cette voiture pos­sède une autre particularité : l’un de ses principaux concepteurs est un Africain, qui vit et travaille au Japon. Voilà en effet un peu plus de deux ans que Serge Mouangue, désigner originaire du Cameroun, a posé ses valises dans la mégalopole asiatique, en compagnie de sa petite famille : Janine, sa femme australienne d’origine polonaise, et ses quatre enfants. Et force est de constater que Serge se sent chez lui au pays du Soleil-Levant…

Natif de Yaoundé, Serge Mouangue a grandi à Colombes, dans la banlieue parisienne. À 35 ans, il a déjà beaucoup bourlingué : de la Turquie à Israël, en passant par l’Australie, la Chine et maintenant le Japon. « J’ai la bougeotte, avoue-t-il dans un grand sourire. Et puis, quand les choses commencent à tourner toutes seules, j’éprouve le besoin de me mettre en danger. » Comme tous les créatifs, il déteste la routine.
Benjamin d’une famille de quatre enfants, il est le fils d’un comptable, aujourd’hui décédé, et d’une dactylographe. Son enfance, il l’a passée au milieu des barres HLM, dans le quartier des Grèves. « C’était la cité, j’aurais pu mal tourner. Mon père voulait que je devienne avocat, médecin ou ingénieur. Mais j’ai été très tôt fâché avec l’école. Mon truc, c’était le dessin. Comme nous n’avions pas de réfrigérateur à la maison, je n’arrêtais pas d’en dessiner. Puis, je les remplissais ! »
À 15 ans, après avoir volontairement redoublé sa troisième - « pour avoir de meilleures notes, et donc un meilleur dossier » -, il intègre la section Arts appliqués d’un lycée de Sèvres, la seule du département où il réside qui prépare aux métiers du dessin.
Trois ans plus tard, son bac technique en poche, il « monte » à Paris, décroche un BTS d’architecture intérieure, puis réussit le concours de l’École nationale supérieure de création industrielle (Ensci). Fondé en 1982 sous l’impulsion de l’ancien président François Mitterrand et de Jack Lang, alors ministre de la Culture, cet établissement, dont le diplôme est aujourd’hui le nec plus ultra de la profession de designer, est un lieu singulier. Située à la Bastille, dans les anciens ateliers du décorateur Jansen, l’Ensci est ouverte sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et fonctionne un peu comme une coopérative autogérée.
« L’idée maîtresse de ce cursus, c’est “débrouille-toi”, et c’est terriblement formateur. On nous demande de faire chaque année des stages à l’étranger. J’étais passionné par le travail de l’architecte australien Glenn Murcutt [créateur du « fonctionnalisme écologique » et lauréat, en 2002, du Pritzker Prize, l’équivalent du Nobel en architecture, NDLR], c’était mon idole. Alors, en février 1996, j’ai mis le cap sur Sydney. Je n’y connaissais personne et n’avais qu’un numéro de téléphone, celui de son agence. J’ai dû téléphoner une quinzaine de fois avant de laisser ce message sur son répondeur : « Je suis camerounais, j’ai étudié en France et suis venu ici pour vous rencontrer. »
Son culot paie. Intrigué et flatté, Murcutt, au volant de sa vieille CX, vient chercher Serge dans son auberge de jeu­nesse et lui propose une visite guidée de ses chantiers et de son agence. Le jeune homme est aux anges. Il n’est pourtant pas au bout de ses surprises. Car son séjour australien va aussi lui permettre de rencontrer Richard Le Plastrier, autre « pointure » de la profession, de même que… sa future femme.
En 1999, il soutient son projet de fin d’études devant un jury de spécialistes, comprenant notamment Patrick Bertholon, designer chez Renault, qui deviendra bientôt son mentor. Son titre : « L’imprévu ». Son sujet : l’automobile. Un choix quelque peu paradoxal…
Car, reconnaît-il, « je ne suis pas un fondu de voitures, elles m’intéressent peu. Mais c’est justement pour cette raison que j’ai pu porter sur elles un regard dépassionné, explorer de nouvelles interactions entre le véhicule, ses usagers et son environnement. Je suis parti du principe qu’une voiture est, autant qu’un moyen de locomotion, un élément du mobilier urbain. C’est un objet qui passe au moins 90 % de son temps de vie à l’arrêt. J’ai donc conçu la mienne non comme un bien individuel, mais comme une sorte de banc public pourvu de roues, à l’intérieur duquel il soit parfaitement possible, par exemple, de prendre un verre entre amis. Ou qu’on puisse emprunter sans problème pour faire une course. En un sens, j’ai anticipé d’une bonne dizaine d’années l’“Autolib’”, ce dérivé automobile du Vélib’ de Bertrand Delanoë, qui sera mis en service l’an prochain à Paris. »

Serge Mouangue rejoint le staff de Renault au technocentre de Guyancourt (Yvelines). Il imagine d’abord de nouveaux aménagements inté­rieurs, fait de la prospective, cherche à deviner les attentes et les exigences de la clientèle du futur. Il contribue aussi à la création des nouveaux modèles, les Kangoo II, Scenic II, Twingo I et autres Logan. Arrivé en 2005 aux commandes de Renault, Carlos Ghosn le repère. « Vous avez une expertise dont Nissan pourrait bénéficier », lâche-t-il, impressionné. Notre designer ne se fait pas prier.
« En une vingtaine d’années, le Japon est passé du Moyen Âge à la modernité. Pour un Africain comme moi, c’est fascinant. Ici, je suis une éponge, j’ai énormément à apprendre, mais l’inverse est également vrai.? « En ce moment, je dessine des kimonos confec­tionnés à partir de tissus africains qui seront portés par des mannequins du continent. Le kimono étant le vêtement japonais par excellence, ce qui m’intéresse, c’est de tester les limites des concepts d’identité, de valeur, de culture… » Iconoclaste ? Non, expérimentateur ! Avec ses kimonos, Serge Mouangue pense avoir mis le doigt sur un « truc » important : le champ de ­l’hybridation des cultures du Japon et de l’Afrique noire est vierge et offre des possibilités d’exploration in­finies. On le croit sur parole.

[salsa]

je me tais car je voulais dire une bétise. Bravo à ce Monsieur.
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N'oublie pas ton sourire, car il fera plaisir à ceux que tu aimes, et emmerdera ceux qui te détestent.

[nezgros]

Wafrica by Serge Mouangue-photos by Yuji Zendou
source: http://www.ashadedviewonfashion.com/

[BABYCAT2]

papa, dis moi un peu!
vous ne créez pas aussi des robes de mariées avec des tissus africains?
ça m'interesse!
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a mes souhaits!!!!

[salsa]

[marthy]

[salsa]