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Victor Loe : « le Cameroun étudie les voies et moyens pour rapatrier nos compatriotes de Libye »
(03/03/2011)
Victor Loe, ambassadeur du Cameroun en Tunisie, s'est exprimé sur la situation des Camerounais en Libye et sur les mesures prises par le gouvernement camerounais.
Par Rédaction Bonaberi.com
Victor Loe, ambassadeur  du Cameroun en Tunisie, en charge des Camerounais sur le sol Libyen
Victor Loe, ambassadeur du Cameroun en Tunisie, en charge des Camerounais sur le sol Libyen
Bonjour Excellence, M. Victor LOE. Vous êtes l'Ambassadeur du Cameroun en Tunisie avec un bureau de liaison en Libye (où le Cameroun n’a pas de représentation, ndlr) et cela fait deux semaines qu'une révolte populaire contre le Président Kadhafi a éclaté. Plusieurs pays dont la France, les USA, la Chine et le Mali ont organisé le rapatriement de leurs compatriotes de ce pays. Qu'en est-il du Cameroun et quelles mesures a prises le gouvernement les citoyens Camerounais ?

Le gouvernement à l’heure actuelle étudie les voies et les moyens pour ramener nos compatriotes chez eux. Nous savons que la communauté camerounaise est principalement présente sur 3 grandes villes qui sont Tripoli, Benghazi et Saba. Il s’agit en grande majorité d’employés du bâtiment, d’ouvriers, de vendeurs à la sauvette sur les marchés ou de personnes œuvrant dans la mécanique automobile. Nous savons qu’ils sont environ 800 ressortissants du Cameroun pour la plupart en situation irrégulière. A l’heure actuelle, notre bureau de liaison sur place répertorie tous nos concitoyens pour avoir, non plus une évaluation, mais le nombre exact de nos concitoyens ; la grande difficulté étant que la plupart ne se sont pas fait immatriculer auprès de l’ambassade lors de leur arrivée sur le territoire libyen.

Quelle est généralement la procédure usuelle à laquelle les Ambassadeurs doivent se soumettre lorsqu'il y a un conflit ou une révolte dans un pays où l'on a des ressortissants Camerounais et que ces derniers sont en danger ? Il semble qu'à chaque fois, nos concitoyens soient laissés pour compte là où ils sont, comme si ces Camerounais de la diaspora africaine étaient des citoyens de seconde zone. Est-ce une impression ou une réalité ?

Il n’y a pas de procédure standard : nous avons pour mission de veiller sur nos concitoyens. Donc en période de troubles comme celle que subit la Libye actuellement, le gouvernement, comme je vous l’ai dit précédemment, étudie les voies et les moyens afin de secourir les Camerounais.

En ce qui concerne le second volet de votre question, ce n’est ni une impression ni une réalité. Il n’est pas vrai que nos concitoyens soient laissés pour compte. Le gouvernement a toujours volé, dans la limite de ses moyens, au secours de tous les Camerounais. C’est évidemment plus compliqué quand on n’a pas de structure sur place et lorsque des difficultés diverses s’ajoutent : immatriculation inexistante auprès de l’ambassade, noms et passeports d’emprunt, etc. Ce qui peut parfois aboutir à pas mal de quiproquos.

Chaque gouvernement a l’obligation de protéger ses concitoyens, c’est d’ailleurs l’une des missions, mais pas la seule bien sûr, des Ambassadeurs au sein de pays étrangers. Et pour le moment, je demande à tous nos concitoyens qui sont coincés en Libye de respecter les consignes de sécurité, de ne jamais être seuls, de rester confinés chez eux et de respecter scrupuleusement le couvre-feu.

Est-il vrai que les citoyens d'Afrique Subsaharienne Noirs sont pourchassés et tués en Libye car pris pour des mercenaires à la solde de Kadhafi ? Avez-vous eu des informations dans ce sens ?

Il est vrai que nous avons eu des informations à ce sujet selon lesquelles les Noirs Africains faisaient l’objet de mesures discriminantes, voire de racisme latent. Ce sont des informations à vérifier bien sûr. Cependant, je tiens à ce que vous sachiez qu’une bonne partie (le sud) de la Libye est composée de Noirs Libyens. Peut-être faut-il avoir une lecture politique de ces évènements comme la revanche d’une frange de la population qui n’a jamais compris l’engagement et l’implication du Colonel Mouammar Kadhafi sur les problématiques des pays noirs africains.

Au sujet d'une affaire qui n'a rien à avoir avec les révoltes : quel mot avez-vous à dire sur la récente mise en accusation qui a été faite contre vous en début d'année auprès du chef l'État et des services du MINREX par l’association des ressortissants Camerounais en Libye à travers une lettre ouverte et une pétition qui vous reprochaient d'avoir choisi comme référent sur place à Tripoli un compatriote qui n'avait aucune légitimité et qui était particulièrement contesté auprès de cette même association ?

Qu’est-ce que vous entendez par légitimité ? Je ne peux pas me laisser imposer un bureau de liaison avec des collaborateurs que je n’ai pas choisis. J’ai fait le choix d’un bureau validé par moi en tant qu’autorité compétente. Je ne peux pas plier aux désidératas de personnes qui pour moi sont juste des concitoyens et n’ont pas autorité à me représenter ni représenter le Cameroun. J’ai d’ailleurs déjà tenu des réunions avec eux et nous avons abordé ce sujet. Et il me semblait avoir été clair avec eux.


De manière générale et pour rebondir sur la question précédente, comment les Ambassadeurs qui ont la responsabilité de plusieurs pays font pour s'organiser et travailler avec leurs compatriotes dans ces pays où nous n'avons pas de représentation ?

Chaque gouvernement s’organise en fonction du besoin. En général et lorsque le budget alloué le permet, on crée un poste de consul honoraire qui devient un relais, et le consulat, un centre d’observation afin de remonter les informations à l’ambassade « mère ».

En ce qui concerne la Libye, j’ai créé un bureau de liaison qui n’existait pas auparavant, qui est chargé de collecter les informations, de les remonter, d’informer les compatriotes, de me représenter lorsque ma présence impérieuse n’est pas requise. Je précise toutefois que toutes les formalités consulaires sont toujours traitées à Tunis et qu’en aucun cas ce bureau de liaison n’a de délégation pour délivrer un quelconque document administratif.

Vous êtes en poste en Tunisie depuis quelques temps. Quels sont vos rapports avec nos compatriotes sur place et quels sont les problèmes pour lesquels ils vous sollicitent en général ?

J’ai d’excellents rapports avec les compatriotes sur place. C’est pour la plupart des étudiants, donc en bon père de famille que je suis, je me dois d’être le relais des parents sur place. Ils sont tous un peu, d’une certaine manière, mes enfants. J’ai cependant personnellement constaté depuis quelque temps, il faut le dire, un type d’immigration différent. Il s’agit de Camerounais en transit, de feymens à la petite semaine, de footballeurs égarés (généralement sans contrat ou avec des faux contrats), même si cela reste des cas marginaux.

Les problèmes pour lesquels nous sommes habituellement sollicités sont des problèmes d’ordre consulaire, des problèmes d’orientation scolaire, des problèmes de reconnaissance et de validité des diplômes (il faut savoir qu’il existe de nombreux établissements en Tunisie mais tous ne délivrent pas un diplôme agrée par le ministère de l’enseignement supérieur).

Quelles sont les mesures que vous avez prises pour les citoyens Camerounais lors des troubles qu'il y a eus dans ce pays et qui ont provoqué le départ du Président Ben Ali ?

J’ai envoyé par le biais de l’association des étudiants camerounais de Tunisie un message de réconfort dans lequel je leur ai demandé de ne pas céder à la panique et à la psychose ambiante mais, en ces moments de troubles, de faire preuve de la plus grande solidarité entre concitoyens. Je leur ai également demandé de respecter toutes les consignes de sécurité et de respecter les règles édictées. J’ai en outre demandé à l’association camerounaise des étudiants de demander aux étudiants non recensés de se faire identifier et localiser pour qu’en cas d’évacuation, on ait un état des lieux actualisé de nos concitoyens présents sur le sol tunisien.

Comment se passe la transition avec les nouvelles autorités Tunisiennes ?

Les nouvelles autorités sont au travail et s’organisent encore. Nous avons eu en un mois trois ministres des affaires étrangères différents. Il faut leur laisser le temps nécessaire pour s’organiser, travailler, intégrer et appliquer le processus démocratique. Le gouvernement de transition fait donc son travail mais je tiens à a vous assurer que la coopération entre nos 2 pays est et sera toujours d’actualité. Nous avions pour le 1er trimestre des projets en rapport avec le commerce, l’industrie et l’éducation mais en l’état actuel des choses, il semble que ces projets vont être légèrement reportés.

Les élections au Cameroun approchent et au sein de la diaspora, la question du vote est un sujet central. Aujourd'hui, le Cameroun est l'un des rares pays au monde ou les expatriés ne peuvent pas voter. La diaspora camerounaise en Tunisie a-t-elle déjà abordé ce sujet avec vous? Quelle est votre position personnelle sur le sujet?

Vous savez, les représentations diplomatiques ont vocation à appliquer les instructions du gouvernement et à ne pas les anticiper. Le chef de l’Etat en personne a abordé ce sujet lors d’une visite à Paris et a déclaré que ce sujet était à l’étude. Laissez-lui le temps de travailler sur la question et il vous donnera, j’en suis persuadé, entière satisfaction.

Merci de votre temps, de nous avoir accordé cette interview.
C’est moi qui vous remercie.





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