Yves Michel Fotso
Cyrille Etoundi que nous avons joint au téléphone à Douala hier en fin
d'après-midi se veut serein. "Je n'ai rien à cacher. Mais je n'ai pas reçu de
convocation pour l'instant", a-t-il répondu à notre demande d'information
relative à sa convocation pour jeudi prochain, 16 octobre 2008, par le juge
d'instruction près le tribunal de grande instance du Mfoundi, Pierre Manyack
Mabe. Dans l'entourage d'Yves-Michel Fotso, il nous a également été répondu
qu'on n'était pas au courant de cette nouvelle convocation. Nos tentatives de
joindre le successeur de Cyrille Etoundi à la direction générale de la Cameroon
Airlines n'ont pas été couronnées de succès. Son téléphone portable renvoyait
dans un premier temps le message automatique suivant : "votre correspondant ne
peut être joint, veuillez rappeler ultérieurement".
Par la suite, son téléphone sonnait sans qu'il ne le décroche. A son secrétariat
à la Commercial Bank of Cameroon (Cbc) à Bonanjo, une dame nous a poliment
signifiés qu'il n'était pas à son bureau et qu'elle était dans l'incapacité de
donner suite à nos questions. Dans l'entourage immédiat de l'homme d'affaires,
les personnes qui assurent généralement la liaison avec les médias disent ne pas
être au courant de cette nouvelle convocation.
Une convocation que reconnaissent avoir reçu Thomas Dakayi Kamga, dernier Dg de
l'histoire de la Camair et Paul Ngamo Hamani, administrateur provisoire de la
compagnie aérienne jusqu'à la désignation en mars dernier de deux liquidateurs.
L'un d'eux, Emile Bekolo, a révélé récemment que l'endettement de la Camair
était de 100 milliards de francs Cfa.
Des sources au Tgi du Mfoundi laissent entendre que Thomas Dakayi Kamga a été
déjà aperçu deux fois de ce côté là. Dans le cas de Paul Ngamo Hamani, sa
convocation lui a été servie par l'étude de maître Ebenezer Mah, huissier de
justice à Yaoundé. Sur les raisons de ces convocations, des sources proches du
dossier confirment qu'elles concernent toutes les personnes ayant géré la
Camair, de Cyrille Etoundi à Paul Ngamo Hamani et indiquent que les auditions
tourneront autour de "l'affaire Albatros", générique sur lequel est désormais
connue la nébuleuse opération d'acquisition d'un avion présidentiel qui a été
initiée par la présidence de la République à l'époque où Cyrille Etoundi était
Dg de la Camair. L'entreprise devait servir à la fois d'écran au gouvernement,
le Cameroun étant sous ajustement structurel, mais également de conseiller
technique pour définir à travers ses services compétents le profil de l'appareil
recherché et suggérer un partenaire financier à même d'assurer un montage pour
alléger la charge aux caisses de l'Etat.
Les premiers financements ont été sortis des caisses de l'Etat du Cameroun,
notamment du ministère des Finances et de la Société nationale des hydrocarbures
(Snh) quand Yves-Michel Fotso officiait déjà en qualité d'administrateur
directeur général de la Cameroon Airlines. Des contacts seront noués avec Boeing
par l'Adg de la Camair à travers une société américaine flirtant avec la
banqueroute, Gia International, dans les comptes de laquelle va échouer l'argent
débloqué pour l'opération. Plus de 15 milliards de francs Cfa dans un 1er temps.
L'opération n'ira jamais à son terme. Jusqu'à ce jour, un brouillard persiste
sur la destination prise par l'argent viré dans les comptes de Gia, dont M.
Fotso a indiqué aux médias qu'il était "remboursable".
De nouvelles tractations seront engagées pour l'acquisition d'un autre avion
avec comme point focal, Jean-Marie Atangana Mebara, alors secrétaire général de
la présidence de la république et aujourd'hui détenu pour des soupçons de
surfacturation sur des locations d'avions effectuées par la présidence de la
République pour le compte du chef de l'Etat. C'est ainsi que le Boeing 767-200
baptisé "The Albatros" atterrira au Cameroun comme fleuron de la flotte
présidentielle. Mais au cours de son vol inaugural avec à bord son illustre
passager, Paul Biya, qu'accompagnaient des membres de sa famille, l'avion
connaîtra quelques soucis mécaniques amenant le chef de l'Etat à s'en
débarrasser.
Source : Mutations
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