Le commandant de la subdivision des douanes de Maroua, Ndimbo Emmanuel Njokie, se livre sur le trafic qui plombe le Cameroun.
Comment doit-on comprendre la pratique des fausses cartes grises dans le ressort subdivision active des douanes de l'Extrême Nord ?
Je pense que c'est un phénomène qui est régulier dans la subdivision active des douanes à Maroua. Il est récurrent de rencontrer au cours des contrôles douaniers ou au terme des saisies de véhicules ou motocyclettes importées, des fausses cartes grises détenues par les propriétaires de véhicules. Les cartes ne sont donc pas authentiques.
Quel est le mécanisme qui conduit à l'établissement de ces fausses cartes ?
Il m'est difficile de vous dire quel est le procédé des faussaires. Mais à notre niveau, nous avons rencontré des fausses cartes grises qui sont issues de processus de scannage. Elles présentent généralement toutes les caractéristiques des vrais documents, mais elles sont en réalités de faux titres de transport. Parfois, ils ont de bonnes cartes grises mais ne disposent pas des documents douaniers. Ce qui laisse transparaître que, la carte grise présentée par l'usager est issue d'un mécanisme illégal et frauduleux. Parce que les services des transports ne délivrent en principe les cartes grise que lorsque l'usager présente son attestation dé dédouanement.
Il faut faire remarquer en général que dans des situations pareilles, c'est davantage la vigilance et l'expérience du douanier qui permettent de déceler les vraies cartes des fausses. Aussi, il est important de relever que désormais la carte grise est informatisée. Ce qui veut dire qu'un véhicule récemment acheté qui a une carte en carton est vraisemblablement fausse, parce qu'on ne délivre plus que des documents informatisés.
Quel est le manque à gagner que génère cette situation pour l'Etat, mais davantage pour la Douane ?
Nous avons été amenés au cours de ce premier semestre à faire des contrôles qui ont débouché sur la saisie du matériel roulant qui se trouvait dans la ville. Et ceci de manière irrégulière dans notre subdivision. Nous avons à ce titre de janvier à juin dernier mis la main sur 24 véhicules dans cette situation. Ce qui nous a quand même fait recouvrer vingt et un millions en principal et d'une amende de onze millions environ. Pour ce qui est des motocyclettes, nous avons dans la subdivision de Maroua, 388 ont été saisies dont treize millions de francs environ ont été recouvrés en principal et cinq millions de francs environ d'amendes au titre de ces motocyclettes ayant des faux titres ou n'ayant pas du tout. Vous comprendrez donc que si des actions de contrôle n'avaient pas été menées, on se retrouverait avec un manque à gagner considérable pour les caisses de l'Etat. Soit environ près de cinquante et deux millions de francs seulement pour ce qui est des véhicules pour lesquels la douane a pu faire des contrôles. Entendu que les conditions de travail ne sont pas déjà optimales.
Source: Quotidien Mutations
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