La mort d'Ebenizer reste toujours aussi mystérieuse
"Pas de trace de violences". Le bilan de l'autopsie a été balancé par le
parquet de Turnhout, responsable de l'enquête judiciaire ouverte sur la mort d'Ebenizer
Folefack Tsonta. Pourtant, il est difficile de comprendre ce que veulent
vraiment dire ces mots, et quelles conclusions on peut en tirer concernant nos diverses
interrogations. A priori, on devrait y comprendre que le Camerounais n'a pas été
assassiné, ou du moins, pas avec violence. Parce qu'on commence à n'y plus rien
comprendre dans une affaire dont l'opacité s'accroît au fur et à mesure qu'on reçoit
de nouvelles informations censées éclairer.
Tout d'abord, comment peut-il n'y avoir aucune trace de violence, alors que des
témoins assurent avoir vu Folefack maltraité dans l'avion, qu'Elodie-Laure
affirme avoir entendu de lui qu'il était très amoché avant de le constater par elle-même,
que l'office des étrangers reconnait qu'il s'est débattu et que l'intervention a
dégénéré ? On se demande alors bien comment une telle conclusion peut être avancée.
Ou alors tout simplement, par pas de trace de violences on doit comprendre,
pas de trace de violences ayant pu causer la mort. Ce serait déjà un pas.
Autre question, les fameuses traces manquantes sur le cou de Folefack. On ne sait toujours pas ce qu'il en est, et pour l'instant aucune source ne confirme que l'autopsie
attribue à une éventuelle pendaison la mort du Camerounais. Ne peut-on pas avoir
de bilan simple et compréhensible d'une autopsie, ou alors les diverses séries policières
où l'on suit et comprend aisément des résultats d'autopsie toute l'année ne sont
en réalité que de la fiction ? Nous aimerions bien en savoir plus. Si le Camerounais
s'est effectivement donné la mort, s'il a été aidé, ou autres, ce serait utile pour
les proches ainsi que pour la communauté camerounais d'avoir une conclusion claire
et sans détours.
La thèse de l'Office des étrangers est à l'opposé de ce qu'affirment les proches de la victime
Parce que pour l'instant, on a l'impression de jouer au chat et à la souris dans
cette affaire. Tout d'abord, on annonce qu'Ebenizer s'est suicidé en se pendant
dans les toilettes du centre fermé de Merkplas, sans beaucoup plus
de précisions. Après les réactions vives des différents parti de gauche et collectifs
associatifs, on nous dit que le Camerounais n'a subi aucune violence ni dans le
centre fermé, ni pendant la tentative de rappatriement. Après les réactions des
proches et des témoins, il concède alors que l'intervention a dégénéré, mais parce
qu'Ebenizer s'était débattu. Lorsque l'avocat attaque avec des témoignages et sur
l'état psychologique du défunt - qui était solide - et sur l'absence de traces de
strangulations sur son cou, l'Office des Etrangers se décide à donner plus d'informations,
avec l'apparition surprise d'une lettre où Ebenizer faisait ses adieux à une amie,
amie qui pour l'instant nous est inconnue. La logique nous ferait pencher du côté Elodie-Laure Nankeng, qui semblait
être très proche du défunt. En tout cas, elle semblait lui rendre visite et lui
parler au téléphone assez souvent. Elle affirme que jusqu'à la dernière fois où
ils se sont parlé, son ami allait très bien psychologiquement. Mais nous aimerions
en tout cas bien savoir à qui était adressée la lettre, et aussi avoir connaissance
du contenu.
Les proches, et particulièrement Elodie-Laure pourraient
alors donner
leur avis sur la posssibilité qu'Ebenizer soit bien l'auteur. Pour
l'instant, flou total ou alors artistique.
Et l'autopsie ne nous en dit pas plus, ou du moins nous n'avons connaissance que
d'une seule phrase, simple, arrogante, et pourtant si peu compréhensible : pas de
trace de violences. Et pour ajouter un peu plus à ce qui se rapproche maintenant
d'un polar de mauvais facture, il semblerait qu'une source ayant requis l'anonymat
affirme qu'Ebenizer aurait écrit vouloir mettre fin à ses jours sur ses deux bras.
Et bien entendu, l'Office des Etrangers n'en a rien dit. Peut-être prévoyait-il
d'en faire usage ultérieurement pour contrecarrer une éventuelle déclaration de
l'avocat ou des proches ?
Et cette thèse nous parait tout aussi étrange. Konie Konietang,
proche de la victime a affirmé s'être rendu à la mort dès que l'annonce du décès
a été faite. Non seulement il n'a fait à aucun moment allusion à un message sur
les bras de son ami, mais semblait encore moins convaincu qu'Elodie-Laure par la
thèse du suicide, n'ayant constaté aucune trace sur son cou.
En résumé, les quelques éléments que nous recensons de part et d'autre sont en diamétrale
opposition. Différence étant que du côté de l'Office des Etrangers et des organismes
judiciaires, les informations nous arrivent au compte-goutte.L'avocat de la victime,
Maître Alexis Deswaef estime qu'une enquête extérieure doit être faite, la neutralité
du parquet étant mise en cause. Nous ne pouvons que lui donner raison. Cela nous
permettrait au moins d'accéder à l'information plus facilement
Mais au fur et à mesure que les jours passent, la désagréable impression que cette
affaire va être classée malgré toutes les interrogations grandit. Nous attendions
beaucoup de cette autopsie pour trancher le débat, dans un sens ou dans l'autre.
Aujourd'hui, on ne peut dire qu'elle nous a permis de réellement avancer. Même les
différents média belges, si éloquents en interviews et en dossiers sur l'affaire
il y a 1 semaine, semblent déjà l'avoir reléguée aux oubliettes. Seuls dans la large
toile du qu'est le web, Bonaberi.com et Camer.be continuent de creuser et de chercher
une vérité qui est inaccessible ou qui n'existe peut-être simplement pas.
Affaire à suivre ? Nous ne pouvons l'affirmer.
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