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Janet Garvey : "la diaspora camerounaise doit se préparer à oser, mais aussi à risquer"
(15/10/2009)
Lors de sa rencontre avec la diaspora camerounaise des Etats-Unis le 8 octobre 2009 au Maryland, l’ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, Mme Janet Garvey, a tenu un langage de vérité.
Par Icicemac
Janet Garvey a rencontré la diaspora camerounaise à Washington
Janet Garvey a rencontré la diaspora camerounaise à Washington

Dans une salle à pleine capacité, près d’un demi-millier de Camerounais et les amis du Cameroun vivant pour la plus part dans le district de Washington DC et les Etats de l'Est des Etats-Unis (Virginie, Maryland, Delaware, New Jersey, New York), ont reçu Mme Janet Garvey, Ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, le Jeudi 08 octobre 2009 dans un grand à Hôtel de Silver Spring dans le Maryland. Cette rencontre a été facilitée par "The Fomunyoh Foundation", qui est une organisation fondée par le Dr. Chris Fomunyoh, Directeur pour l’Afrique du National Democatic Institute (NDI).

Avant la brève présentation de l’ordre de la cérémonie, les hymnes nationaux des États-Unis d’Amérique et celui du Cameroun ont été entonnés par les nombreux participants. Puis, est venu le temps du vétéran journaliste George Collinet de Voice of America en retraite  qui officiait comme modérateur. Le Dr. Fomunyoh a pris la parole pour un bref message de bienvenue à l’endroit de Janet Garvey, ambassadrice des Etats-Unis à Yaoundé - l'invitée d'honneur - accompagnée de quelques officiels américains du département d’État. Le Dr. Fomunyoh,  dont la fondation qu'il préside co-organisait la rencontre, a exprimé, au nom de la diaspora camerounaise, la gratitude de voir l'ambassadrice  Janet Garvey venir discuter avec les filles et fils  de son pays d'accueil vivant dans son pays d'origine.

Répondant au Dr. Christopher Fomunyoh, l'ambassadrice Garvey s'est dite émerveillée, de même que les officiels américains du département d'Etat qui l’accompagnaient, par l’exceptionnel accueil non seulement par les populations camerounaises au Cameroun depuis son accréditation, mais par celui de la diaspora camerounaise aux Etats-Unis. Elle  a par la suite livré un discours direct et franc dans lequel elle a réitéré non seulement l'attachement de son pays pour le Cameroun, mais aussi son affection propre pour ce pays aux nombreuses potentialités qu’elle a sillonné jusqu’aux confins les plus oubliés. Se faisant, elle a ajouté qu’elle ne ménagera aucun effort pour mettre en exécution le «bridge building» ou la « construction des passerelles» entre les domaines culturel, économique, politique entre les deux peuples.

Ainsi, pendant plus de deux heures et demi d'horloge, les quelques 500 participants au «Town-Hall» ont évoqué, sur le Cameroun, des thèmes aussi variés que le respect des droits de la personne, la promotion de la prospérité économique, ses rapports avec les Etats-Unis, la poursuite de l'amélioration du processus démocratique et électoral avec l’épineux problème de l’ ELECAM, le renforcement sécuritaire de la zone du golfe de Guinée, ainsi que la sempiternelle question de la future transition au sommet de l'État. Revenant sur ce dernier sujet, Mme Garvey a redit ce qu’elle avait dit dans les tribunes à Yaoundé, à savoir que les États-Unis et le gouvernement Obama souhaitent voir se dérouler au Cameroun des « élections présidentielles de 2011 les plus transparentes ». Toutefois, pour l’invitée d’honneur, elle s’est posé la lancinante question « How do we get there ». Pour cela elle a esquissé un début de réponse, celle de voir davantage les Camerounais s’intéresser à leur pays. Pour elle,  ce que «les Camerounais peuvent faire pour le pays est davantage plus important que ce que les Américains feraient». Toutefois, elle est revenue sur la promesse américaine selon laquelle, les États-Unis d’Amérique accompagneront toujours la démocratie dans le monde et  feront tout pour le renforcement les institutions. Elle a  rappelé les propos du président Obama tenus à Accra : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes».




Sur le plan des relations économiques, Mme l’ambassadrice s’est dite disposée à venir en aide à quiconque voudrait entreprendre des affaires au Cameroun. Ces services économiques sont mêmes prêts à faciliter les entrées des hommes d’affaires dans les arcanes des différents ministères camerounais.

Après la brillante intervention de l’ambassadrice Janet Garvey, George Collinet a donné la parole aux nombreux participants dont les questions ont tournées autour du processus électoral au Cameroun dont l’ELECAM (elections cameroon), le nouvel organe de supervision et d’organisation des  prochaines élections au Cameroun reste problématique aux yeux de la majorité, de la question anglophone ou sécessionniste, de la corruption, de la place des Etats-Unis et de la France au Cameroun et de la militarisation du pouvoir à Yaoundé.

A ces nombreuses questions, elle a commencé par préciser, parlant d’ELECAM, que les Etats-Unis d’Amérique n’avaient pas de droit de regard sur la nomination des  membres de cet organe, mais que son pays croyait qu’une commission électorale indépendante restait le meilleur gage pour légitimer une élection au Cameroun. En un mot, ELECAM à ses yeux ne semble pas remplir les critères d’impartialité dans un processus électoral. D’ailleurs elle n’a pas participé à la cérémonie d’investiture de ces membres. Dès lors, elle a affirmé que l’Onu et son pays travailleront en amont pour s’assurer de la bonne préparation des élections en Afrique afin d’éviter les constatations post-électorales. En outre si d’aventure les élections les prochaines élections ne sont pas transparentes, les Etats-Unis ne reconnaitra pas ce président.

Quant à la question sur la corruption, Mme Garvey a d’abord tenu a rendre hommage au travail effectué par son prédécesseur, Niels Marquardt qu’un certain humour au Cameroun qualifie de «pére des éperviers». Elle a tenu à rassurer qu’elle va s’inscrire dans la même voie que son prédécesseur. Pour cela, elle a promis que les États-Unis d’Amérique appliqueront avec célérité et sévérité la « résolution 77.50 », qui interdit le séjour de tout haut fonctionnaire soupçonné de corruption aux USA. Concernant la campagne qui consiste à condamner à de lourdes peines d’emprisonnement les personnes reconnues coupables de détourneurs des derniers publics, elle a tenu à dire que l’emprisonnement ne suffit pas. Pour le bien du trésor camerounais, il était important de récupérer l’argent  détourné. Mme Garvey a, à cet effet, déclaré que son pays était prêt à aider le Cameroun à recouvrer ces fonds et à les rapatrier au Cameroun.

Répondant à la préoccupation des membres du SCNC, (Southern Cameroon National Council) mouvement sécessionniste, Mme Garvey a dit que son pays faisait tout ce qui est en son pouvoir pour que le pouvoir de Yaoundé puisse permettre à cette partie du Cameroun de contrôler son système éducatif, mais que cela devrait se faire dans le respect du Cameroun comme État souverain, car l’Ambazonie n’étant pas reconnu comme une entité étatique. Elle s’est, par la suite, permise de dire que le problème anglophone ou les deux solitudes ( Francophone contre anglophone) n’est pas de loin de plus grave au Cameroun, mais davantage la fracture Nord-Sud qui est inquiétante.

Toujours dans cette phase de questions sur le problème anglophone, un ancien gouverneur du Cameroun se transformant en bourrique  a eu le mérite de faire rire toute l’assistance. Vociférant à qui voulait l’entendre "I am Governor Achu. I must ask my questions to the Ambassador. This is not fair. I was an assistant Minister and you people should respect me. My Passport was seized. I must ask my questions. I want my free speech prerogatives. "  Tous les efforts pour calmer le gouverneur sous la crise de nerf furent vains jusqu’à ce que  Mme Garvey lui demande poliment de prendre le microphone pour poser sa question. Non content de la réponse de l’ambassadrice, il a continué, micro à la main à rouspéter ostensiblement, confisquant la parole, ce qui a conduit les services d’ordre à lui reprendre le micro manu militari.

Quant  aux rapports entre les Etats-Unis et la France dans leurs convergences de vue en Afrique et  particulièrement le Cameroun, Mme Garvey a tenu à montrer que les relations entre la France et les Etats-Unis sont anciennes. Mais que  les Camerounais devraient prendre au sérieux les paroles du président OBAMA sur sa détermination à accompagner  les démocrates Africains qui veulent se battre avec détermination pour leur peuple. Car pour cette dernière, rien ne peut s’obtenir sans  un quelconque sacrifice. « You need to risk something if you think it’s important ». Cette phrase sonne comme celle de l’ancien président George Bush qui disait encore « Freedom does not come free »

Revenant sur le contexte sécuritaire au Cameroun, elle a tenu a montré que le Cameroun occupe une position sécuritaire importante dans le Golfe de Guinée, et que la répression au Cameroun peut avoir un impact sur cette position. Interpellée sur la militarisation du pouvoir en place au Cameroun par le recrutement de milliers de soldats, l’ambassadrice s’est montrée concise « We are aware of what is happening on the ground in Cameroon. The absence of reaction now does not mean a lack of interest. We are not stupids ».

En somme, les Etats-Unis observent avec grande attention les manœuvres des politiques de Yaoundé. Comme quoi, si des événements comme ceux de février-mars 2008, qui avaient conduit à un bain de sang, se reproduisaient, les autorités des Yaoundé devraient être prêtes à faire face aux tribunaux internationaux. L’Ambassadeur Garvey a même demandé de se référer au discours du président Obama lors de sa visite au Ghana. Un discours dont elle s’est assuré que chaque membre du gouvernement camerounais obtienne une copie soit en Français ou en Anglais.

Le «Town-Hall» qui était censé durer moins de trois heures de temps est allé au delà du temps alloué. Rappelons que cette rencontre s’inscrit en droite ligne de celle faite par le prédécesseur de Mme Garvey, M. Niels Marquardt aujourd’hui ambassadeur de son pays à Madagascar, le 26 mai 2006 dans la même enceinte. En outre, ce débat se situe dans la tradition de ceux organisés par la diaspora camerounaise, respectivement celle du  30 août 2009, au Maryland aux États-Unis avec pour thème «Quel avenir pour le Cameroun» à l'hôtel Hilton Silver Spring MD et celle du 03 octobre 2009 à Montréal au Canada, avec pour thème «Diaspora camerounaise et engagement politique. Par où commencer?» Une fois de plus, cette rencontre a permis de mettre face à face la diaspora camerounaise de Washington Dc, la région capitale des Etats-Unis, avec l'ambassadrice de ce pays dans leur pays d'origine.

Cette fois avec l’absence du nouvel ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis. Il faut souligner qu’en 2006, Gérôme Mendouga, alors ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, avait participé à cette rencontre répondant à une interpellation sur la corruption au Cameroun. À l’époque, Gérôme Mendouga n'était pas passé par quatre chemins pour dire que "si corruption il y a au Cameroun, c'est que les Camerounais sont corrompus ". Curieux sort, ce dernier aujourd’hui a été rattrapé par l’opération épervier. Il est aujourd’hui écroué à la prison de Kondengui à Yaoundé pour détournement des derniers publics.

En conclusion, comme M. Niels Marquardt, Mme Garvey pose un acte courageux en vue de l'avancement de la démocratie et de l'Etat de droit au Cameroun. Une démarche  qui est appréciée à juste titre par la diaspora en constante  réorganisation autour de l’idée du changement et de a transformation du Cameroun. Surtout au moment où les autres ambassadeurs  adoptent un silence qui frise souvent l'omerta. Cette démarche n’a pas échappé aux autorités de  Yaoundé, et, pour  preuve, les sorties de Eyebé Ayissi et des sbires du Rdpc  qui ont vite faite de dénoncer une atteinte à la souveraineté. Quant au président Biya qui a bien compris, il a,  ces derniers temps, fait preuve d’une certaine présence sur la scène diplomatique internationale, a déjà reçu plus de trois fois cette ambassadrice. Comme quoi le pouvoir de Yaoundé ne veut pas se fâcher nullement avec Washington. D’ailleurs lors de la dernière réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, M. Biya et son épouse Chantale Pulchérie ont tenu à s’afficher aux côtés du président américain Barack Obama et de son épouse Michèle. Signe comme quoi, le chef de l’État camerounais tente de se mobiliser pour tirer le meilleur parti des relations américano-camerounaises, loin de l'intérêt du peuple camerounais, mais davantage pour la consolidation d’un régime. Mais pour combien de temps?




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