Tout semble normal dans les locaux de Cameroon Telecommunications (Camtel)
situés à côté de l’agence régionale de Aes Sonel au lieu dit Poste centrale à
Yaoundé. Rien d’extraordinaire dans l’attitude des employés, vendredi 21
novembre dernier. Pourtant, les principaux responsables de la Plate forme
Ctphone dont les bureaux sont installés dans ces locaux au cœur de la capitale
politique du Cameroun viennent d’écoper de sanctions infligées par le directeur
général de Camtel, David Nkotto Emane, à la suite d’une série d’audits commandés
sur les performances réelles de cette branche d’activités de l’entreprise.
C’est au niveau de cette Plate forme que s’effectuent les opérations de
transfert de crédits. Dans le même registre des mesures conservatoires prises
par la direction générale de Camtel, le chef d’agence Ctphone a été relevé de
ses fonctions, indiquent nos sources.
Les différents rapports d’audit sont tout simplement accablants pour les
responsables mis à l’index et font état de pertes de l’ordre de 800 millions de
Fcfa par mois. D’après nos sources, qui ont eu accès à ces rapports, les
recettes mensuelles de la Plate forme Ctphone tournent autour de 400 millions de
Fcfa, loin des attentes les plus basses estimées à 1,2 milliard de Fcfa par
mois. Nos sources expliquent ces mauvais résultats par plusieurs raisons, dont
d’importants transferts de crédits qui ne se traduisent pas par des
encaissements. Mais globalement, les auditeurs ont souligné un mauvais suivi de
certaines lignes de téléphone attribuées à la clientèle. L’on fait ainsi état de
plusieurs annulations de crédits d’appels non justifiées. Ici, les chiffres sont
d’environ un million Fcfa de perte par mois pour Camtel.
Un cadre de Camtel contacté mercredi 18 novembre dernier par Le Jour confirme
que le Dg a effectivement commandé des audits « afin que toutes les informations
sur cette affaire lui parviennent », confie-t-il. Il ajoute que « des mesures
appropriées ont été prises».
Dans les couloirs de l’immeuble siège de Camtel, l’on s’interroge toutefois sur
la véritable chaîne de responsabilité qui a permis une telle contre performance.
En effet, la responsabilité de cette perte sèche dans la gestion du Ctphone,
l’un des produits phares de l’entreprise, incombe-t-elle seulement aux
responsables directement chargés du Ctphone ? Nos sources indiquent que certains
des responsables de la Plate forme suspendus de leur fonction et qui courent le
risque d’un licenciement et des poursuites pénales ont menacé de faire un grand
déballage le moment venu.
Le Ctphone est un outil de communication de 3ème génération, fondé sur la
technologie Code division multiple access (Cdma). Il se présente sous la forme
des anciens combinés de téléphones fixes ordinaires et des cellulaires. Ces
derniers, sans puces, sont transportables. Seulement, ils permettent d’émettre
ou de recevoir un appel téléphonique dans la limite de la périphérie couverte
par le réseau Camtel. Les terminaux fonctionnent avec des lignes et des cartes
prépayées, au choix de l’abonné. Il a été conçu pour faciliter la densification
du réseau filaire de Camtel, et permet la connexion sans fil des abonnés. Les
utilisateurs sont les particuliers, les petites entreprises et les nomades.
Pour mémoire, ce scandale a été révélé peu avant le conseil d’administration de
Camtel qui a eu lieu il y a une semaine jour pour jour. Les membres du conseil
avait alors adopté un nouvel organigramme sanctionné par la disparition de
plusieurs postes de directeurs et sous-directeurs. Les nouveaux responsables
nommés ont été installés en fin de semaine dernière.
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