Vendredi dernier, l’agence d’ECOBANK Bonabéri, fut l’objet d’un braquage musclé, spectaculaire et sanglant. Suite à cet évènement, de nombreuses informations contradictoires ont été diffusées, tant sur le bilan de l'attaque, le butin des malfrats que sur la réaction des forces de l'ordre camerounaises. Les populations parlaient de près de sept morts côté civils et policiers, et rien du côté des malfrats, tandis que les informations "officielles" ont plutôt parlé de de cinq mort et d’un malfrat arrêté mais ayant succombé à ses blessures par la suite. De même, certaines sources affirment que les bandits n'ont rien emporté, quand d'autres parlent de 200, 300, voire 500 millions de francs cfa de butin.
Depuis cet épisode bien des langues se sont déliées : certains pensent à une machination, dans la mesure que le forfait aurait été orchestré par les gens d’en haut pour employer l’expression du terroir ; d’autres déplorent l’incapacité notoire dont ont fait preuve nos forces de maintien et de sécurité : en effet, les bandits ont disposé de plus de deux heures pour tranquillement accomplir leur entreprise, tandis que policiers se tournaient vers gendarmes, qui eux appelaient groupements spéciaux qui ont contacté d'autres groupements spéciaux.
Pendant le même temps, la thèse sur l'identité nigériane des assaillants ne convainc pas : comment penser que des Nigérians puissent maitriser aussi bien la zone de Bonabéri ? Comment penser que faire un barrage sur le pont du Wouri suffira pour riposter avec des assaillants lourdement armés ? Et surtout, comment après plus de deux heures de tirs, les malfrats ont-ils pu quitter la banlieue de Douala pour rejoindre Bakassi ?
Depuis lors, nos forces armées se seraient déployées pour rectifier le tir puisque dans la journée de Lundi, un quotidien relayait que le BIR - Bataillon d'Intervention "Rapide" - avait riposté, tendu une embuscade via une talentueuse opération d'attaque mise au point après les derniers drames de Bakassi, et ont tué tous les assaillants.
Pourtant, quand nos forces arrêtent un présumé bandit ayant commis de nombreux larcins, ce dernier est montré dans nos chaines de télévision comme un trophée, et par la même occasion des éloges du groupement ayant fait l’opération sont faites. Cette même information sera reprise en boucle par les médias écrits.
Et dans le cas d'attaques de grande envergure comme celle qui a eu lieu à Bakassi, le ministre de la communication ne manque pas de venir donner les détails des dispositions prises par les forces de l'ordre, surtout dans un cas comme celui-là où la elles ont été humiliées, quelques mois après la double attaque de Bakassi où en plus de dix heures, des pirates avaient pu attaquer la même zone deux fois et kidnapper de nombreuses personnes dont un sous-préfet.
Dans notre cas pourtant, aucune trace de l’histoire dans les presses, a part bien sur le quotidien qui a lancé l’info le premier jour. Et lorsque l'information a été relayée dans les jours suivants, les bilans ont fluctué : l'AFP a parlé de 10 morts, citant une source proche des services de sécurité.
Dans un communiqué, Laurent Esso, secrétaire général à la présidence a reparlé de 18 morts, et de la mort du chef de la bande qui a succombé à ses blessures après son arrestations. Difficile donc de savoir ce qu'il en est réellement, mais la certitude pour les riverains de Bonabéri et du Cameroun en général, c'est l'absence de sécurité et l'incapacité des forces de l'ordre à faire face à ce type d'attaques.
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