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Sur le trottoir : Takala et Muyenga
(08/08/2006)
Takala : Bonjour, mon cher ! Asseois-toi et dis-moi ce qu’il faut faire pour mettre fin au transport clandestin à Douala ? Muyenga : Pourquoi voulez-vous mettre fin au transport clandestin à Douala ?
Par Le Messager
Takala : Bonjour, mon cher ! Asseois-toi et dis-moi ce qu’il faut faire pour mettre fin au transport clandestin dans la ville de Douala ?
Muyenga : Pourquoi voulez-vous mettre fin au transport clandestin à Douala quand vous n’avez pas organisé un transport urbain de service public, dans une ville de 3,5 millions d’habitants dont chacun est obligé de se déplacer pour aller travailler, pour aller à l’école, au marché, ou à l’église ?

Takala : Mais ces “ clandos ” font de la concurrence déloyale aux opérateurs du transport urbain (taximen et Socatur) qui paient des impôts, l’assurance, etc.
Muyenga : Peut-être bien. Et on peut d’ailleurs se demander ce que vous faites des impôts qu’ils paient, pour que les routes dans les quartiers soient si crevassées. Mais tu dois savoir, quoi qu’il soit, que c’est l’occasion qui fait le larron.

Takala : Que veux-tu dire par là ?
Muyenga : Je veux simplement dire que si vous voulez vraiment mettre fin au transport clandestin à Douala, vous devez, soit supprimer la police routière soit supprimer les… “ papiers ”, pour mettre à égalité de chances, tous ceux qui veulent vivre du transport urbain et même routier.

Takala : Je comprends que si on supprime les papiers qu’il faut avoir pour être dans la légalité, tout un chacun pourra faire du transport avec sa voiture, et ce sera l’égalité dans l’informel. Mais, la police, elle, que vient-elle faire là-dedans ?
Muyenga : Ne joue pas à l’ignorant. Tu sais bien que si le transport clandestin persiste malgré toutes les mesures que prennent les autorités administratives et municipales pour le combattre, c’est parce qu’il constitue un fonds de commerce pour les policiers et les gendarmes. Apparemment, il coûte moins cher à un “ clando ” de glisser 500 francs au policier à chaque barrage – et Dieu sait s’il y en a dans les rues de Douala – que de payer toutes les taxes en subissant toutes les tracasseries qu’on impose aux transporteurs qui veulent être en règle avec la loi. Encore que, même en possession d’un dossier complet et régulier, beaucoup de taximen se sentent obligés de payer cette dîme à la police, pour éviter qu’on leur colle de faux motifs, synonyme de perte de temps…

Takala : Tu sais pourquoi je ne t’aime pas ?
Muyenga : Non, mon cher. Je croyais être ton ami.
Takala : Je ne t’aime pas parce que tu trouves toujours réponse à tout.
Muyenga : Je ne suis pas seul dans ce cas. Il paraît même que je ressemble à votre ministre du Commerce qui a toujours le mot pour justifier toutes les hausses de prix des denrées alimentaires. D’après lui, il n’y a pas une seule flambée des prix qui soit imputable au gouvernement. Pas même celle du carburant qui s’envole de manière quasi hebdomadaire, alors que nous sommes supposés produire du pétrole.

Takala : Qu’est-ce que le pauvre ministre peut faire contre ça ? C’est la loi du marché international.
Muyenga : Pourquoi il descend au marché pour baisser les prix de la viande et du poisson fixés par les commerçants, et ne va pas dans les stations d’essence pour faire la même chose ? Comment un ministre du Commerce peut-il ignorer ce qu’on appelle les coûts de facteurs ? Ce qu’on appelle prix de revient ? Le poisson par exemple est importé comme le pétrole.

Takala : Le prix de revient, je connais. Les coûts de facteurs c’est quoi ?
Muyenga : Je vais t’expliquer ça par des exemples : les prix du carburant, de l’eau, de l’électricité par exemple, ou encore la Tva et autres taxes…sont des coûts de facteur, de même que les prix du transport, et des intrants industriels… Plus ces coûts de facteurs sont élevés, plus les produits parvenus sur le marché deviennent inaccessibles aux consommateurs. Parce que le prix de revient du produit obère la marge bénéficiaire, le commerçant est obligé de dépasser la marge autorisée pour pouvoir réaliser le moindre profit. Est-ce que tu comprends ?

Takala : Je comprends très bien l’impact que 6 francs d’augmentation du litre de carburant à la pompe peut avoir sur l’ensemble des prix, en raison du transport et de l’énergie qui augmentent mécaniquement les prix à la production, et de la Tva dont ils sont frappés. Tu penses que je serais alors plus fort que le ministre… ?
Muyenga : Il faut le croire. Tu es seulement moins cynique que ce ministre qui sait par contre si bien conseiller aux familles comment contourner la montée des prix des aliments.

Takala : Ah bon ? Et que dit-il ?
Muyenga : L’histoire se passe en février 2006 quand, au plus fort de la flambée des prix de la viande, il donne un point de presse pour expliquer aux journalistes, ces messagers de la nation, comment lui, il résoud son problème de prix cher. Et voici un extrait de son discours publié alors par quelques journaux : “ …Les Camerounais peuvent contourner cela (hausse du prix de la viande) autrement. La viande de bœuf, par exemple coûte moins cher à Obala. Parfois en week-end, je prends mon épouse et mes enfants avec qui je me rends dans cette ville où j’achète la viande en quantité suffisante… ”

Takala : Ekiéé ! Et les prix baissent parce que le ministre est allé faire son marché à Obala ?
Muyenga : Ne sois pas pressé ! Ecoute la fin. Car il dit “ …Vous pouvez faire autant, en y associant même les habitants de vos quartiers ”. Tu vois comment un ministre camerounais trouve une solution à un problème national ? Il suffisait d’y penser.

Takala : Non mais, dis-moi : le ministre veut que chaque habitant de Yaoundé prenne sa voiture, avec sa femme et ses enfants dedans, plus les habitants de son quartier, pour aller faire son marché à Obala à 40 kilomètres ? Et d’abord il faudrait que chacun ait une voiture. Et qu’il ait des bons d’essence pour remplir son réservoir de carburant. Et si vraiment chacun suivait le conseil du ministre, tu vois d’ici ce qui pourrait arriver ?
Muyenga : Et comment ! prends un kilo de viande qui coûterait 1800 francs à Yaoundé ! mets de l’essence dans ta voiture pour aller l’acheter à 1500 francs à Obala, parce que tu veux économiser 300 francs. Si ta voiture ne consomme que 5 litres d’essence aux 100 kms, tu auras pour 80 kms (aller et retour) 600 F x 5, soit 3000 francs divisés par 100 x 80 = 2400 F.

Takala : Autrement dit, mon kilo de viande reviendra à 3 900 Frs alors que je voulais économiser 300 Frs.
Muyenga : Voilà pourquoi je t’ai dit aujourd’hui que ton ministre là n’a pas la notion du prix de revient. De plus, ce qu’il ne sait pas, ce dont il n’a peut-être pas conscience, c’est que quitter Yaoundé pour aller acheter sa viande, ne peut être que le fait des privilégiés qui ont, voiture de fonction, gratuité de carburant, disponibilités financières, et congélateurs à la maison pour conserver la viande. Classe sociale dont-il fait partie, sans l’avoir mérité plus que d’autres citoyens. Ce ministre-là est le prototype du dirigeant camerounais Rdpciste qui est convaincu que quand il mange à sa table, les Camerounais se rassasient dans leur taudis.

Takala : que veux-tu que je te dise quand tu en fais maintenant une affaire du Rdpc, alors qu’il s’agit de l’équation personnelle d’un individu ?
Muyenga : Tu ne peux même rien dire ici qui vaille, parce que si dans ta bouche tu as une dent cariée que tu n’enlèves pas, c’est toute ta bouche qui te fait mal et qui sent mauvais. Et comme tu es désolé, on se dit à plus…


Source : Le Messager




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