Brice Hortefeux s'est exprimé ce matin sur RTL
Suite à l'encre qui a coulé sur l'affaire de Victorine Dikobo, le ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale Brice Hortefeux a déclaré ce matin dans un communiqué que la jeune mère de 35 ans ne serait plus expulsée. Et il était ensuite présent sur RTL, invité par Jean-Michel Apathie pour une entrevue qui n'a pas été des plus amicales.
En effet, sans langue de bois, le ministre a fustigé l'attitude générale des médias et de RTL en particulier qui a diffusé un seul point de vue : celui de Victorine, sans prendre en compte tous les faits du dossier, et sans permettre à l'administration préfectorale des Hauts-De-Seine ni au ministère de l'Immigration de s'exprimer sur le sujet : "Qu'est-ce que j'ai entendu ? Qu'est-ce que les auditeurs ont entendu ? Une affirmation assénée... assénée concernant effectivement la situation d'une jeune femme étrangère. Affirmation assénée sans vérification préalable, sans contact avec les services préfectoraux des Hauts-de-Seine comme vous venez de le citer, sans interrogation auprès de mon ministère et un reportage donnant la parole à tous, sauf à l'Administration. Alors, comprenez-moi bien, M. Aphatie, il ne s'agit surtout pas de dire ou de considérer que RTL serait une station partiale. Mais à tout le moins sur cette affaire, un peu partielle", a déclaré sans langue de bois le ministre venu pour redorer l'image du Gouvernement face à l'opinion publique.
Pourtant, tout d'abord, RTL n'a pas exactement été manichéen comme l'a soulevé Brice Hortefeux. Le média diffusait hier des sources affirmant que l'expulsion de Victorine ne violait en aucun cas une législation qui ne précise rien sur le sujet d'un parent dont l'enfant français décède, et qu'il est donc à la discrétion de la préfecture de régulariser ou d'expulser la personne qui se trouve dans un tel cas.
De plus, comme l'a souligné le journaliste, le but avoué n'était peut-être pas de donner un point de vue - objectif ou pas - de la situation, mais de faire bouger les choses pour s'opposer à ce que beaucoup ont considéré comme une mauvaise décision. Et ce fut un succès, puisque moins de deux jours plus tard, le ministre a annulé le décret d'expulsion et s'est exprimé.
D'ailleurs, ce dernier a laissé dans cette entrevue télévisée l'impression d'être pris entre deux feux : celui de la côte de popularité d'un Gouvernement qui ne défraie pas la chronique depuis quelques mois, et la volonté de ne pas désavouer le préfet des Hauts-de-Seine. Plutôt que de dire qu'il annulait le décret d'expulsion d'Octobre, il a préféré dire qu'il confirmait le permis de séjour qui lui avait été délivré depuis 2004, et à la question pourtant claire posée avec insistance par Jean-Michel Apathie : "" a-t-il eu une mauvaise décision de la part de la préfecture ?, le ministre a tout d'abord opté pour la philosophie "la fermeté ne s'oppose pas à l'humanité" avant d'admettre qu'il n'y avait "aucun élément nouveau permettant d'annuler le titre de séjour.
Pourtant, cette décision est pleine de sens, et pourrait servir de jurisprudence dans des cas nombreux de régularisation sur lesquels la législation est plus qu'obscure.
Vidéo : l'entrevue entre Brice Hortefeux et Jean-Michel Apathie
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