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Diaspora : féminisme et crise du célibat chez les jeunes filles camerounaises
(07/03/2010)
A l’occasion de la journée de la femme du 8 Mars, la rédaction pose un regard sur la « crise du célibat » chez les jeunes Camerounaises de la diaspora qui ont de plus en plus de mal à se caser.
Par Rédaction Bonaberi.com

Les profondes mutations que les sociétés occidentales ont connues ces dernières décennies, grâce aux revendications des organisations et militantes féministes, ont fait de la vie de femme d’aujourd’hui un éternel jeu d’équilibriste entre le rôle de mère-épouse et celui de travailleuse rapportant de l’argent dans le foyer.

Ces mutations, portées par des organisations comme le Women’s Liberation Movement aux USA et le Mouvement de Libération de la Femme (MLF) en France, au-delà du fait qu’elles aient contribué à redonner aux femmes une dignité qu’elles avaient perdue, ont aussi provoqué un dérèglement des valeurs familiales et un bouleversement des rapports entre les deux sexes.

Les misères et les déboires de la construction matrimoniale des jeunes femmes camerounaises immigrées en occident, sont tout à fait symptomatiques des conséquences de ces bouleversements sociétaux. Le cas de ces dernières est d’autant plus délicat qu’elles ont toujours été plongées dans des sociétés où la place de la femme a souvent frisé la caricature : « mère, épouse, fais le ménage, prépare les repas, occupe toi des enfants et tais-toi. »

Dopées par le désir de ne pas rester ancrées dans ces schémas réducteurs qu’on a imposés à leurs mères et fières d’embrasser les valeurs de liberté financière et d’indépendance sociale prônées par le néo-féminisme moderne, une multitude de jeunes camerounaises se retrouve, la trentaine pétante, à la recherche de l’âme sœur après de nombreuses et harassantes années d’études. Comment expliquer, que des jeunes filles souhaitant plus que tout convoler en justes noces, soient toujours célibataires alors qu’elles sont bardées de diplômes et qu’elles ont un travail qui leur procure indépendance et liberté ? Les raisons à cela sont multiples et diverses.

L’une d’entre elles est que l’offre masculine des Camerounais en occident ne permet pas de répondre à la demande féminine. Si aucune statistique ne nous permet d’affirmer qu’il y a plus de femmes que d’hommes camerounais à l’étranger, il semble néanmoins avéré que les hommes soient moins conservateurs que les femmes sur les questions matrimoniales et n’hésitent pas à se mettre en couple avec des demoiselles originaires de leur pays d’adoption ; là où les femmes ont tendance à préférer leurs compatriotes et ce, pour diverses raisons. « Ils n’ont pas de caractère », « ils ne font pas bien l’amour » ou « ils sont sales » sont les poncifs qui ont souvent été entendus. Dans tous les cas, il va de soi qu’indépendamment du genre et de ce qu’on peut penser des occidentaux, on est toujours attiré par des personnes qui ont la même culture et les mêmes origines que nous. Et cette tendance semble être particulièrement exacerbée chez les filles camerounaises (à l’étranger), ce qui restreint de manière drastique l’offre de choix.

Un autre point important est que les femmes camerounaises de la diaspora sont devenues très très exigeantes, surtout celles qui ont fait des études où elles ont souvent trimé et où elles se sont prises en charge toute seules. Le revers de la médaille est qu’à la fin de ces brillants parcours, elles se retrouvent à la recherche de partenaires masculins sur la base de critères qui frisent parfois l’invraisemblable : le futur mari doit avoir un bon niveau d’éducation (débrouillards donc s’abstenir) et la plupart du temps une bonne situation professionnelle. Sans compter toutes les qualités habituelles qui sont des exigences communes à la majorité des femmes dans le monde : le prince charmant doit être beau, romantique, intelligent et travailleur. Bref, ce doit être l’homme parfait. Cette situation contribue à écarter ou à faire fuir un certain nombre d’hommes qui ne remplissent pas toujours les critères à l’instant t, mais qui auraient pourtant pu être de bons partis pour l’avenir.

Cette « crise du célibat » (1) chez les jeunes camerounaises à l’étranger ne tire cependant pas son essence uniquement de la déportation des hommes vers des partenaires de pays étrangers et des nouvelles exigences, pour le moins surprenantes, des femmes. Son origine profonde se trouve certainement aussi dans la propagande néo-féministe post XXème siècle.


Les mouvements féministes ont certes permis d’engranger des victoires importantes pour l’humanité toute entière en ce qui concerne la dignité des femmes, notamment sur la question de l’avortement, du droit de vote, du divorce, de l’égalité salariale au travail, des violences conjugales, des mariages forcés et de l’excision. Mais ils ont aussi complètement bouleversé la vision du rôle de la femme et de l’homme dans le foyer, quand ils ne les ont pas simplement mis en opposition là où ils étaient d'antan complémentaires.

De nombreuses jeunes camerounaises, du haut de leur récente émancipation et adoubées par ces nouveaux courants radico-féministes, s’arrogent désormais le droit de ne plus se soumettre au diktat séculaire des règles les plus élémentaires qui régnaient d’antan dans les foyers et qui régissaient les rapports entre mari et femme. Elles veulent être libres (disposer de leur corps comme elles veulent voire comme les hommes), indépendantes (s’assumer toutes seules sans avoir demander l’aide de quiconque) et soumettre l’homme aux mêmes exigences qu’elles dans le foyer.

Ces néo-féministes camerounaises de la diaspora (qui constituent peu ou prou l’essentiel de nos jeunes compatriotes à l’étranger) veulent donc à leurs côtés des hommes « modernes », à savoir capables de faire le ménage à la maison quand elles regardent l’émission télévisée du dimanche ou volontaristes en ce qui concerne la garde des enfants quand elles sortent se trémousser en soirée. Elles veulent des hommes qui ne trompent pas et qui n’ont pas « un sexe à la place du cerveau ». Des hommes qui peuvent accepter de n’avoir qu’un enfant quand ils auraient souhaité en avoir trois ou quatre. Des hommes qui savent supporter l’arrogance et l’insoumission nourries par une autonomie financière et une situation professionnelle enviables. Bref, des hommes qui auraient pu être comme nos mères et nos grands-mères du siècle dernier si la nature leur en avait donné les moyens physiologiques.

Malheureusement, cet homme « moderne » est un homme fictif. La société camerounaise est encore essentiellement machiste et cela n’est pas prêt de changer. Le machisme a bien évidemment ses travers d’un point de vue collectif - notamment dans la différenciation des traitements au niveau du droit entre hommes et femmes - mais il a toujours permis de préserver les équilibres dans le foyer en mettant chacun, l’homme et la femme, à la place que la nature a trouvée juste qu’ils occupent. Les hommes camerounais immigrés à l’étranger sont restés dans cette logique quand les femmes ont, pour leur part, embrassé la bien pensance féministe occidentale du XXIème siècle. Et les relations entre les deux sexes se sont donc désormais transformées en quête perpétuelle de pouvoir : les hommes ne sont pas prêts à accepter des femmes totalement insoumises sur lesquelles ils n’auront aucune emprise, quand les femmes ne veulent plus qu’on leur dise comment elles doivent mener leur vie dans et en dehors du foyer.

Les jeunes Camerounaises ne veulent plus « revivre l’expérience de leurs mères qui ont tout sacrifié ou presque pour leur mariage mais qui ont dû supporter les frasques de maris volages et vivre dans la soumission la plus totale. » Traduction : les femmes sont toujours prêtes à se marier mais ne sont pas prêtes à tous les sacrifices possibles pour cela. La tendance est donc à relativiser l’importance du mariage et à ne plus le considérer comme le saint graal de la réussite sociale féminine. Contrairement à ce qui se passait au siècle dernier où les femmes étaient toutes échaudés à l’idée de passer du statut de « Mademoiselle » à celui de « Madame ».

Le féminisme post XXème siècle s’est sans nul doute dévoyé de son sens originel qui consistait à préserver « l’égalité des chances entre hommes et femmes dans la société » (2) sans pour autant remettre en question les obligations dues à la physiologie de la femme et l’historicité de son rôle dans la gestion du foyer. Bref, sans nier qu’il existe et qu’il existera toujours des différences entre hommes et femmes et que de ce fait, dans le rapport conjugal qui les unit, chacun aura toujours une place à respecter et un rôle précis à jouer pour préserver les équilibres naturels.

Ainsi, les critiques de la philosophe Elisabeth Badinter (3) contre le naturalisme qui plongerait la maternité au cœur du destin des femmes (par opposition au travail), qui encouragerait selon elle un retour à l’allaitement maternel et qui voudrait enfermer les femmes dans leur rôle de « bonne mère » nous paraissent au mieux relever de la propagande, puisque, circonscrits au foyer conjugal, cela rentre dans l’ordre naturel des choses. Les hommes ne demandent pas aux femmes de leur tenir la chaise, de leur prendre le manteau, de leur ouvrir la portière ou d’aller monter les meubles dans le salon. Et personne n’a jamais remis en cause la galanterie qui est, elle aussi, une forme d’asservissement de l’homme envers la femme. Donc cette manie de vouloir nier les différences entre les sexes et de faire de la femme une sorte d’ « homme bis » dans le foyer est une calamité pour les rapports entre les deux genres. On ne libérera pas la femme en l’extirpant de l’historicité de sa condition, ni même en la soumettant au diktat du salariat.

La « crise du célibat » chez les jeunes camerounaises et celle des divorces prématurés dans les jeunes couples, s’il s’avère un tant soit peu que cela soit important ou dramatique, ne se résorbera pas tant que les femmes ne sauront se plier au déterminisme naturel de mère et épouse et à une forme d’allégeance, même de façade, envers leur mari. La posture de rebelle effarouchée, qui ne comprendrait pas l’obligation de répondre par un bon plat concocté avec amour à l’urgence stomacale d’un mari affamé quand celui-ci rentre épuisé du travail, ne « libèrera » pas nécessairement la femme Camerounaise. Et s’il est acquis que l’homme doit rester aux commandes dans son foyer, ça reste évidemment la femme qui en tire les ficelles. A elle donc d’en faire bon usage, avec modération et parcimonie. Car la dictature de l’insoumission ne changera jamais les hommes. Elle ne rendra que les femmes malheureuses.




(1) La crise du célibat est entendue ici comme la difficulté à trouver un mari ou tout simplement un petit copain avec qui on construit une relation sur la durée. Le mot "crise" étant considéré ici comme "problème" si tant est qu'on peut considérer cette situation comme problématique.
(2) Définition de la chercheuse américaine Sarah Blaffer Hardy dans une interview accordée au Nouvel Observateur.
(3) Voir le livre d'Élisabeth Badinter, Le conflit, la femme et la mère, Éditions Flammarion
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