Vous êtes le président du Conseil d’administration de l’association "L’école
sous l’arbre humanitaire internationale France", pouvez-vous présenter votre
association ainsi que ses activités ?
Nous vous remercions pour l’opportunité qui nous est donnée de nous exprimer.
L’idée est venue d’un groupe de 4 amis (1 Camerounais et 3 Français) qui ont
grandi et fréquenté ensemble à Paris ; à la fin de nos études supérieures, nous
avons pensé qu’il fallait que nous soyons plus utiles à la République. On a donc
décidé de donner des cours d’alphabétisation dans les foyers de travailleurs
migrants à Paris.
Les choses sont allées très vite. Nous avons légalisé l’association, il fallait
trouver un nom. L’un de nous, agrégé en histoire et à l’école à Sciences-Po
Paris, a pensé à l’Ecole sous l’arbre (programme d’alphabétisation des adultes
en Afrique francophones après la colonisation). Nos activités se situent sur
deux pôles :
En France dans les foyers de travailleurs migrants :
Actions sociales et culturelles
Ecoute et soutien
Alphabétisation
Assistance administrative et juridique des étrangers et leur famille :
En Afrique subsaharienne (Niger, RCA, Cameroun…)
Renforcement des relations Nord-Sud par l’éducation, la santé et la protection
de l’environnement
Construction et mise en place des bibliothèques et accès facile aux livres
Rénovation et construction des salles de classes
Eau et assainissement (puits, forages…)
Construction et équipement des cases de santé, campagnes de d’information sur
les pandémies à travers différents supports
Création et soutien des microprojets ruraux pilotés par les femmes
Electrification rurale solaire photovoltaïque
Pourquoi avoir décidé de faire de l’humanitaire en France, ainsi que dans divers
pays de l’Afrique ?
Ce n’est pas une décision, c’est un fait, du moment où on aide les étrangers à
briser la barrière de la langue afin de mieux réussir leurs intégrations
socioculturelle et professionnelle en France, il était important à un moment de
notre activité, de penser s’attaquer à la source du problème, qui se situe dans
les pays de provenances.
Maintenant les migrants sont jeunes, et on constate que dans certains pays, ils
ne sont jamais allés à l’école. Exceptionnellement pour certains, l’école
coranique. Etre jeune migrant et vouloir vivre en France sans parler français
augmente les difficultés d’intégration. Il est donc important voir vital de leur
donner les outils basiques d’intégration. Donc l’enjeu est double : permettre à
ceux qui sont là de mieux s’intégrer, et à la source, apporter les outils
nécessaires pour aider à la scolarisation de base au moins.
Comment pouvez-vous juger l’impact de votre association que ce soit en France ou
dans les divers pays d’Afrique dans lesquels vous opérez ?
Il se mesure en France par le nombre d’apprenants qui nous rejoint tous les ans,
le nombres de personnes en moyenne à nos consultations juridiques mensuelles
gratuites, le nombre de bénévoles qui nous rejoignent et font un travail
magnifique, sans oublier la confiance de nos partenaires financiers,
institutionnels et associatifs.
Je vous annonce par ailleurs que nous venons de signer un partenariat avec la
Mairie de paris. L’adjointe au Maire, chargée des étrangers non communautaires
et de l’intégration, Mme Boistard, a signé avec nous une convention
pluriannuelle pour le soutien de nos activités en France
Le préfet du Wouri lors de la coupure du ruban avant le lancement de la foire du livre
Quels sont les projets sur lesquels votre association peut se prévaloir d’avoir
remporté des victoires ?
Il y en a quelques uns : en France les résidents des foyers qui nous
reconnaissent partout en ville et nous accordent leur soutien et leur respect.
Au Niger, nous avons collecté des denrées alimentaires auprès de notre
partenaire Carrefour supermarchés pour la crise alimentaire de 2005. C’était une
grande fierté pour nous.
Au Cameroun, nous avons organisé la foire humanitaire du livre et la
construction d’une case de santé avec électrification solaire en milieu rural.
Forts de vos expériences, sur quels domaines pensez-vous que les autres
associations relatives à l’Afrique, comme vous, doivent accentuer leurs
efforts ?
L’effort doit être concentré sur un travail d’ensemble et de partenariat. Il est
important si l’activité s’exerce en France, d’associer tous les acteurs du
domaine (Mairie, Conseils généraux, régionaux, associations…)
En Afrique, on devrait fonctionner de la même manière même si ce n’est pas
évident en termes d’échanges. Après cela, il faut axer beaucoup d’efforts sur la
communication auprès des médias et supports comme le votre.
Comment estimez-vous vos relations avec les gouvernements des pays dans lesquels
sont axées vos œuvres sociales ?
Nous avons une chance incroyable de disposer d’un capital humain de grande
valeur (chefs d’entreprises, Médecins, Ingénieurs, cadres, Professeurs,
étudiants…) qui nous permet avant d’engager une action dans un pays, de mieux
maitriser les contours, de présenter au gouvernement local une synthèse de notre
approche. Généralement certains sont surpris, notre cellule de communication
avec les étudiants de Sciences-Po Paris bénévoles de notre association, sont un
atout non négligeable.
Au Cameroun, bon nombre d’associations déplorent les lenteurs administratives et
le peu d’implication du gouvernement dans ce domaine, quel est votre sentiment à
ce propos ?
A première vue c’est vrai : les difficultés de compréhension sont énormes, mais
en regardant bien, le Cameroun étant l’un des pays d’Afrique les mieux
structurés administrativement, il faut convaincre par les actes. Et là je suis
tout à fait d’accord avec l’administration, il ne s’agit pas que de lenteurs,
c’est un modèle de fonctionnement que j’appellerai le « self control » de
l’administration, que j’estime nécessaire vu certains dérapages.
Un célèbre dicton africain dit qu’au lieu de donner du poisson au pauvre, il
vaut mieux lui apprendre à pêcher. Quel est votre sentiment sur la question et
quel est le modèle de votre association sur cette question ?
Le dicton existe, mais nous n’estimons pas faire de l’assistanat, mais de la
participation, en apportant une certaine expérience surtout à la Française.
Donner un outil d’apprentissage ou d’intégration est mieux que d’assister tous
les jours une personne.
Nous aimerions que dans les pays du sud certaines choses changent, que les
jeunes surtout comprennent qu’une participation au développement durable du
pays, existe par le biais du tissu associatif, et cela ne viendra pas d’Asie,
des US ou de l’Europe, mais de nous même.
L'affluence aux stands de la foire humanitaire du livre
Vous semblez avoir auprès de vous de nombreux partenaires, comment en êtes-vous
arrivés à tisser d’aussi bonnes relations ?
Avec votre permission permettez-moi d’en citer certains : en France nous avons
des partenaires financiers et matériels, à savoir la Mairie de Paris, le Conseil
Régional, Crédit Coopératif, Crédit Mutuel, BNP PARIBAS, Société Générale,
Caisse de dépôts et Consignations, RATP, Osiatis France, Parc de la Villette,
IMEDX France, Axa à tout cœur, les Maisons d’édition, les Universités de la
région ainsi que les grandes écoles françaises…chacun d’eux a un apport et une
contribution spécifiques.
En Afrique : certaines ambassades, les Universités, les Ministères, le Groupe
Miracle Informatique, Orange Cameroun, PMUC, les Mairies, Brasseries, groupe
Tradex, les associations locales…là aussi beaucoup d’échanges et de soutien
constants et considérables. Une bonne communication et des bons reporting sont
nécessaires pour en arriver là. Il est impératif que le bureau de l’association
travaille dur et mette en place une stratégie de management de projet avec des
bénévoles pointus. Je vous avoue que ce n’est pas chose facile.
En ce qui concerne le Cameroun, il y a pléthore d’associations qui œuvrent sur
le terrain, avez-vous pensé à tisser des relations avec celles-ci pour être plus
efficace quant à vos divers projets et activités ?
Nous travaillons depuis un moment avec beaucoup de ces associations qui sont
partenaires. En ce moment nous sommes à la recherche des partenariats avec
toutes les associations de L’ouest et de l’Est du Cameroun, afin d’y mener
certains projets que nous avons dans les placards. Nous lançons ainsi un appel.
Vous êtes sans ignorer qu’on vient de faire un don de 240 ordinateurs et de
3 000 livres à l’Université de Dschang (ouest Cameroun) qui est marraine de nos
activités au Cameroun. Maintenant, nous comptons œuvrer dans le domaine de
l’agriculture et des énergies renouvelables.
Dans le domaine éducatif dans les pays que vous avez pu parcourir, quelles sont
les carences que vous avez pu observer ? Et quelles sont les différences entre
les différents pays ?
Je commence à répondre à la question par la fin : la différence entre pays est
énorme ! Il faut absolument que certains pays fassent plus d’efforts ; il est
pratiquement inadmissible aujourd’hui que l’éducation de base soit inexistante
dans certaines parties des pays d’Afrique que nous avons pu visiter.
Les grosses carences à noter sont le système privé un peu partout en Afrique que
j’estime très mal organisé. Chacun tire la couverture de son côté, les résultats
sont très moyens voire mauvais, l’équipement inexistant, le corps enseignant mal
payé et mal encadré. Il est urgent que les gouvernements là-dessus remettent
tout à plat.
Les pays comme le Cameroun qui ont un système d’éducation hors pair en Afrique,
doivent impérativement le sauvegarder, comme ils le font avec certaines
ressources naturelles.
Le préfet de Ndom pose la première pierre de la case de santé de Ndambog
Possédez-vous un support sur lequel vous communiquer sur vos activités ?
Le site est en finition car nous réalisons sa refonte. Mais on peut toujours
nous contacter à cette adresse :
ecolesouslarbre@yahoo.fr
Comment êtes-vous organisés au sein de votre association ? Avez-vous des
salariés ?
Comme je vous l’ai dit, nous avons un capital humain incontestable, capable de
mener n’importe quel projet et pratiquement dans tous les domaines. Tout est
organisé d’une façon électronique, la majorité des réunions se passent par voie
électronique, sauf pour certaines. Dans chaque domaine nous avons un
responsable, chacun suit au mieux son dossier et rend compte par mail. Tout le
monde est bénévole, nos moyens pour le moment ne nous permettent pas
d’embaucher.
L’avantage est qu’on a des spécialistes dans chacun des domaines, qui impliquent
leurs contacts et leur expérience, pour faciliter les choses. Mais la plus
grande implication est bien évidemment le temps, que chacun de nous investit,
comme je l’ai dit au préalable, bénévolement.
En parlant de temps, vous êtes Consultant en informatique pour une entreprise,
PCA de l’association et aussi manager général bénévole du groupe de gospel noir
américain The Golden Gate Quartet avec Clyde Wright. Comment en sortez-vous, vos
journées ont-elles 24h?
Il faut dire que le boulot est déjà organisé par mes Managers ou Contract
Managers, je ne fais qu’appliquer les directives auprès des clients.
Pour l’association, tout est là aussi organisé d’avance, les réunions et
Conseils, sauf cas de force majeure. En ce qui concerne The golden Gate Quartet,
c’est un rêve devenu réalité : je suis totalement bénévole, je m’occupe plus de
la partie concerts caritatifs à travers le monde. D’ailleurs le Manager général
Clyde Wright a fait des recherches sur ses origines, ses ancêtres seraient
partis du Cameroun. A 81 ans, il aimerait chanter au Cameroun, pourquoi pas dans
le magnifique nouveau palais de sport. Nous rêvons de la construction d’un
centre de formation pour jeunes ou un lycée, étant donné que les retombées du
concert nous reviendront. Ceci est valable dans tous les pays d’Afrique, il
suffit de s’adresser à nous. Nous lançons un appel à tous ceux qui veulent faire
chanter le Golden Gate Quartet en Afrique.
Vos prochains rendez-vous au Cameroun?
L’inauguration de la case de santé de Log Ikwoo avec le soutien et la
participation du Conseil Régional d’Ile de France, nous engageons prochainement
la préparation de la foire humanitaire du livre du Cameroun avec notre
partenaire Le Français en Partage partenaire incontournable pour le
rapprochement et l’accès facile aux livres en Afrique.
Un dernier mot pour nos internautes ?
Nos sincères remerciements pour votre support, une énorme pensée à tous nos
partenaires occidentaux et locaux en Afrique, à nos délégués régionaux et nos
bénévoles en France et en Afrique, sans oublier les associations partenaires.
Inauguration de l'école publique de Ndambog
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