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CAN 2010 : Lions indomptables, chronique d'une faillite générale
(27/01/2010)
Ayant péniblement passé le premier tour, le Cameroun a été battu par l'Egypte en quarts de finales et a révélé de nombreuses défaillances tant sur le plan du coach que des joueurs.
Par Redaction Bonaberi.com
La fête n'aura pas lieu au Cameroun, les lions indomptables s'étant inclinés face à l'Egypte pour la 3e fois en deux ans, voyant ainsi leur course en quarts de finale. Face à cette défaite qui n'étonne pas au vu de la phase de poules des deux équipes, mais qui ne reflète pas du tout la physionomie du match, les avis et explications divergent. On a d'un côté les supporters indéfectibles des lions qui trouvent une explication à la défaite. Pour certains, le Cameroun ne bat jamais l'Egypte. Quelle que soit la période, l'état de forme des lions, c'est comme ça et il faut s'y faire.

Pour d'autres, l'explication vient d'ailleurs : chaque année de coupe du monde, le Cameroun fait une non-CAN. Deux arguments qui ne tiennent pas pour d'autres. En effet, d'après J., un fan des lions, il s'agit ni plus ni moins que d'une légende née en 1990, année où les lions sont sortis dès le premier tour de la CAN et sont allés en quart de finales lors de la coupe du monde la même année. Les faits ne lui donnent pas tort : en 1998, le Cameroun va en quarts de finales de la compétition, avec trois victoires au premier tour ; en 2002, c'est la victoire finale sans encaisser le moindre but, et en 2006, les lions font un excellent premier tour avec trois victoires convaincantes.

Ajouté au fait qu'en 2002, le Cameroun élimine l'Egypte en quarts de finales de la coupe du monde, il convient de chercher le pourquoi de la défaite plutôt que de l'attribuer à un fait supernaturel ou à l'alignement des étoiles. Car bête noire ou pas, il est toujours mieux de comprendre sur le terrain pourquoi le niveau de jeu n'y a pas été afin de faire mieux la prochaine fois. Au niveau des lions, cette coupe d'Afrique des Nations a été un désastre sur tous les points, et il faudra faire de nombreux ajustements avant d'aller disputer la première coupe du monde africaine.

Tout d'abord au niveau de l'entraîneur. Paul Le Guen, présenté comme le sauveur a réjoui toute une nation en qualifiant un Cameroun bien mal parti pour la coupe du monde ; mais si cette qualification, si bien accueillie après le traumatisme de 2006 est analysée hors du contexte, elle ne constitue pas un fait d'armes. En effet, face au Gabon, au Maroc et au Togo, la qualification du Cameroun qui est le 1er pays africain au classement FIFA, est plus du niveau de la formalité, une formalité dont s'étaient acquittés les lions à chaque fois depuis 1990.

En 2006, les choses en avaient été autrement, mais le Cameroun avait tout de même dans son groupe la Côte d'Ivoire et l'Egypte, finalistes de la CAN suivante et au moins demi-finalistes de l'édition d'après.

A bien y regarder, Paul Le Guen, même s'il a beaucoup essayé, a semblé souvent faire dans l'improvisation avant et pendant la CAN. Tout d'abord la convocation de Joël Matip, sociétaire du Shalke04. Jamais convoqué lors des matchs de qualification, le milieu de terrain n'a même pas de papiers camerounais, faille qui permet à son club de refuser de le libérer pour la compétition. Sébastien Bassong, présenté dès l'arrivée du coach breton comme le successeur de Rigobert Song, destiné à aller sur le banc, n'est pas appelé pour la compétition.


Ensuite, au niveau du profil des joueurs sélectionnés, l'ancien coach du Psg a donné dans la continuité de ce qui avait créé des failles chez les lions lors de la précédente CAN : la profusion de joueurs à profil similaire au détriment des joueurs de couloirs ou de milieux offensifs : Stéphane Mbia, Alexandre Song, Jean II Makoun, Landry Nguémo, Eyong Enoh : tous des joueurs axiaux, bons à la récupération mais manquant de jeu offensif et de capacité à orienter le jeu. Modeste Mbami ou Ngom Komé, qui présentent des profils différents, restent dans leurs clubs respectifs où ils sont tous deux titulaires.

Aurélien Chedjou, est sélectionné en tant que défenseur. Certes, le joueur de Lille est utilisé dans son club en tant que tel - comme Alexandre Song à ses débuts à Arsenal ou Stéphane Mbia à Rennes -, mais est milieu de terrain : il fut d'ailleurs le meilleur joueur des lions lors des J.O. 2008.

Pendant la compétition, le tacticien breton a semblé ne plus connaître des joueurs qui avaient pourtant déjà disputé sous ses ordres 5 ou 6 matchs, et a semblé donner dans l'improvisation : de l'absence de décision là où il en fallait, des décisions parfois contestables, et des remèdes pires que les solutions.

Rigobert Song, irréprochable pendant les qualifications, a logiquement la confiance de Le Guen. Face au Gabon et à la Zambie, il montre des signes inquiétants, dépassé à la vitesse par ses vis-à-vis et commettant des erreurs fatales. Il sera remplacé par Chedjou. Le milieu de terrain lillois, à la peine face aux Tunisiens, est décalé sur le côté en deuxième mi-temps, cédant sa place à... Song. Face à l'Egypte, le joueur sera une fois de plus à l'agonie, commettant des erreurs démonstratives d'un milieu de terrain replacé derrière : tentatives de dribble dans des situations ne s'y prêtant pas, difficulté à la relance, peine dans le jeu aérien... Il restera pourtant à son poste pendant 120 minutes qui auront certainement été un calvaire pour lui, 120 minutes qui se conclueront pas une expulsion sur un énième ballon où il était en difficulté. Bikey, défenseur central titulaire pendant la CAN 2008 et titulaire à Burnley, fera son entrée deux fois en tant que milieu de terrain.

Sur les côtés, Bedimo et Geremi ont du mal à se positionner : en difficulté défensivement, les deux latéraux n'apportent rien sur le plan offensif. Le Guen choisit de les remplacer par Binya et Mandjeck face à la Tunisie, qui feront tous deux un bon match. Pourtant, face à la Tunisie c'est Binya qui cède sa place à Song pour être remplacé par un Chedjou qui a déjà réalisé le csc, et les deux joueurs retrouveront le banc face à la Zambie, pour un retour de Bedimo et de Geremi, jugé nécessaire sur les coups de pied arrêtés et sur sa qualité de centre. Si Bedimo fera un bon match, Geremi sera catastrophique sur les nombreux corners et coup-francs obtenus par les lions, et donnera comme face à la Zambie un ballon à l'adversaire qui se concluera par un but.

De nombreux autres exemples ne parlent pas en faveur de Le Guen : la préférence de Somen à Idrissou sur les deux premiers match, la confiance accordée à Makoun ou Nguémo qui n'auront été que l'ombre d'eux-mêmes. Et au delà, le manque de prise de décision : autant sur le cas Chedjou que celui de Samuel Eto'o : blessé, le Camerounais ne s'est pas entraîné avec les lions depuis le match face à la Zambie où il avait été touché à la cheville ; il a apparu en petite forme sur la compétition, notamment face à l'Egypte où l'attaquant de l'Inter semblait à court physiquement : il sera pourtant resté sur la pelouse tout le match, étant même replacé au milieu de terrain pour pallier l'absence d'Emana, remplacé par Webo.

Autant d'erreurs et d'approximations qui ont du mal à passer pour un sélectionneur payé à prix d'or et arrivé comme un sauveur, Thomas Nkono n'ayant pas eu le temps de faire ses preuves - il restait pourtant sur un bon nul face au Maroc où on avait vu du mieux pour les lions. Des approximations qui pardonnent encore moins quand on sait que Le Guen éprouve encore le besoin d'arrondir ses fins de mois en étant consultant sur Canal+ où il commente les matchs du championnat anglais le week-end. Et enfin, après le match, fatigué d'attendre, il a boycotté la conférence d'après match organisée par la Caf avec les journalistes locaux pour rejoindre le plateau de... Canal+.

Mais au delà de l'entraîneur, de nombreuses autres défaillances ont été décelées pendant le tournoi, notamment sur le plan individuel. Samuel Eto'o, Landry Nguémo, Stéphane Mbia, Rigobert Song, Gérémi, Jean II Makoun, autant de joueurs qui n'en étaient pas à leur première coupe d'Afrique et qui ont joué en dessous de tout ce qu'ils avaient montré jusque là. Si on peut concéder à Bedimo, qui n'a valu sa titularisation pour sa première CAN qu'à la blessure d'Assou Ekotto, d'avoir été moyen, on comprend un peu moins bien l'état de méforme de plusieurs joueurs confirmés voire cadres. Et les surprises sont venus des jeunes ou de ceux qu'on attendait pas : Idrissou, plusieurs fois décrié, Mandjeck ou Eyong Enoh. Nkoulou qui a eu des difficultés au début du tournoi, s'est bien repris avec un excellent match face à la Tunisie et un match rigoureux face aux pharaons.

En effet, on aura vu un Eto'o très offensif et confiant dans ses déclarations, mais qui ne sera jamais vraiment rentré dans sa CAN, malgré ses deux buts. Au milieu de terrain, le match contre l'Egypte mis à part, Alexandre Song a paru seul, abandonné des siens. Pourtant, Stéphane Mbia, Jean Makoun pour ne citer qu'eux, font le bonheur de leurs clubs respectifs. En défense, ça n'aura pas été mieux : de nombreuses erreurs n'ont pas aidé une équipe des lions en difficulté, incapables de produire du jeu et de secouer son adversaire : sur les huit buts encaissés par le Cameroun, un seul n'est pas imputable à une erreur d'un défenseur ou de Kameni. Face à l'Egypte, ce fut le comble : un simple dégagement créait la panique et semblait pouvoir se transformer en occasion de but. Ce fut d'ailleurs le cas ; en passant, si le troisième but égyptien n'est pas valide, Kameni commet une énorme faute de main : il en avait d'ailleurs commis une similaire face à la Zambie, mais avait eu la chance de voir la balle revenir dans le jeu et s'était rattrapé par un arrêt réflexe face à l'attaquant qui avait suivi.

Si collectivement, les lions ont montré du courage, ne s'avouant jamais vaincus, on n'a jamais vu une équipe capable de construire et d'aller de l'avant. Si la domination face à l'Egypte rassure légèrement, on n'a pas vu plus de construction dans le jeu, la majorité des occasions ayant été des frappes de loin, souvent le signe qu'on n'arrive pas à s'approcher des buts adverses.

Au final, l'équipe du Cameroun, favorite au coup d'envoi de la CAN aura été en déperdition pendant le tournoi, sortant par la petite porte face à une équipe d'Egypte largement prenable. A quelques mois de la coupe du monde, les chantiers sont nombreux autant pour Le Guen que pour les joueurs : les lions indomptables devront sur le plan individuel retrouver leur niveau, et cela passe par du temps de jeu ensemble. Car Jean II Makoun, pour ne citer que lui, qui joue à Lyon avec Toulalan réputé pour être infatigable et parcourt plusieurs kilomètres par match, ne peut jouer de la même façon avec Alexandre Song qui a un style de jeu différent.

Des matchs amicaux, stages de préparation et autres occasions seront l'élément clé pour huiler l'effectif et rendre comlémentaires les individualités camerounaises. Au delà, il faudra continuer de prospecter pour stabiliser la défense et le milieu de terrain autour de ceux qui ont démontré de belles choses : Nkoulou derrière, Alexandre Song au milieu, et Idrissou qui a gagné sa place de titulaire pendant cette CAN.

Un travail de prospection dans et hors du championnat camerounais est nécessaire pour Le Guen, pour repérer et recruter les talents : Eric Maxim Choupo Moting, Danny Nounkeu, Franck Songo'o, David Ngog, Modeste Mbami, Alo'o Efoulou, Ngom Kome, Franck Bekamenga, de nombreux joueurs qui n'ont pas eu leur chance pendant le tournoi mais qui devront être suivis pour la suite.


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