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Cameroun : Vibrant hommage à Charles Ateba Eyene lors des obsèques
(31/03/2014)
La cérémonie de mise en bière de l’homme politique et écrivain qui a eu lieu le 27 mars 2014, s’est transformée en une séance populaire d’intronisation post-mortem à la « distinction » du héros.
Par Le Messager

Combien étaient-ils ? Mille ? Deux mille ? Trois mille ? Une dizaine de mille …. ? Combien étaient-ils, ces jeunes gens ayant accompagné la dépouille d’Ateba Eyené de la morgue de l’hôpital Général de Yaoundé jusqu’au boulevard du 20 mai ?

On ne saurait l’estimer avec précision. Tant la foule qui scandait «héros national» dans la salle réservée au court office religieux prévu juste après la mise en bière de l’écrivain prolixe est rejoint au fil de la procession sur l’itinéraire de l’hôpital Général - Texaco omnisports-Bata Nlongkak-Capitole-Poste centrale par plusieurs centaines de jeunes sortis spontanément des quartiers au passage du cortège funèbre. Comme s’ils s’étaient organisés au préalable, les jeunes gens venus d’Elig-Edzoa, de Ntaba, de Nlongkak, du marché central de Yaoundé entonne en boucle l’hymne national du Cameroun pour indiquer à leur manière qu’un vrai patriote est tombé.

A l’opposé, ils n’hésitent pas à huer journalistes et autres visages présentés comme les soutiens médiatiques du Rdpc au pouvoir qu’ils décrient comme des « traîtres » à la merci d’un système qui à mis le pays à genoux. Pour ces milliers de jeunes massés le long des rues de Yaoundé, à l’opposé de cette poignée de courtisans, Charles Ateba Eyené qui n’a reçu ni médaille, ni hommage présidentiel, est héros national. « C’est nous le peuple qui sommes détenteurs de la légitimité, au nom de cette légitimité nous faisons du Dr Ateba Eyené héros national. Tant pis si l’armada juridique ne suit pas », crie un étudiant qui suit le cortège funèbre allant lentement dans les rues de Yaoundé ce 27 mars 2014. Comme lui, d’autres jeunes surchauffés n’hésitent pas à insinuer qu’il y aurait des mains criminelles derrière la disparition du père du célèbre ouvrage intitulé : « Les paradoxes du pays organisateur ».


Débordement

Pour l’exprimer avec véhémence, ils s’attaquent verbalement, à quelques symboles de l’Etat que sont policiers et gendarmes commis par les autorités pour prévenir tout débordement au cours de la procession baptisée par certains dans la foule comme « la longue marche pour la consécration du héros tombé sur le chemin du combat contre les réseaux, la mafia, le « magico-anal » qui ont pris le pays en otage et qui veulent lui imposer son agenda ».

De temps à autre, ces jeunes gens ont maille à partir avec la flicaille qui souhaite éviter les zones sensibles, les quartiers chauds où le passage du cortège pourrait déchainer d’autres passions…. Celles de la revendication sociale. Même si policiers et gendarmes ne le confessent pas, la présence des équipements anti émeutes est suffisamment parlante.

Suppliques

Quelques fois, le ton monte entre les deux camps. Mais les forces de l’ordre restent lucides et se contentent d’encadrer cette manifestation publique qui se tient spontanément, sans déclaration préalable chez le sous-préfet. Cabral Libih a d’ailleurs ces mots pour qualifier la déferlante humaine qui impose son agenda aux forces de l’ordre : « voilà une action spontanée.

Personne n’en est l’instigateur. Depuis 1990, personne n’a vu ça. Où sont les sous-préfets qui interdisent les manifestations publiques ? » C’est sur ces entrefaites, que la procession aux grandes effigies du défunt parvient au boulevard du 20 mai. Le Comité d’organisation qui mesure le temps passé, plus de 5 heures, entre l’hôpital Général et le centre administratif de Yaoundé implore les jeunes décidés à raccompagner la dépouille jusqu’à la sortie de la ville vers Mfou où résidait le défunt, de laisser le cortège aller plus vite.

Pascal Charlemagne Messanga Nyamding et d’autres compagnons d’Ateba Eyené montent au créneau presque en suppliques pour obtenir de la foule de jeunes, de « libérer » la dépouille de leur héros. Plus vite cette fois, le cortège fonce plutôt vers la Paroisse Marie Gocker pour une veillée. Difficile, jusqu’au moment où nous allions sous presse, de prendre la route de Mfou. Les jeunes ne voulant pas lâcher le «héros national».

Morgue de l’hôpital général de Yaoundé: Le peuple camerounais pleure Charles Ateba Eyene

La morgue de l’hôpital général de Yaoundé est apparue très étroite hier 27 mars 2014 pour contenir la grande foule des admirateurs et partisans du magicien du verbe, maître de la parole. Une masse populaire qui a dilué l’absence criarde des camarades de parti du défunt, meurtris par la tragédie du soupçon et de la psychose généralisée qui pourrissent le Rdpc.

Ils sont venus de tous les coins du pays, pour rendre le dernier hommage à leur idole, qui entamait son dernier voyage sur terre. Les gens sont venus de partout, témoigner leur admiration et un attachement profond à l’illustre disparu. On les a entendus s’exclamer : « Le révolutionnaire est tombée…, vive la Révolution ». Dès 08 heures du matin, l’esplanade de la morgue de l’hôpital Général de Yaoundé était noire de monde. Premier symbole, une foule massive qui crie, «Héros ! Héros ! Héros !» dans un tintamarre. Que dire des ministres du culte, obligés d’écourter le service religieux ; parce que pris au dépourvu par une population qui, à un moment, a pris tout le monde de court, en entonnant l’hymne national. Réunis par affinité, clivage et même par passion en l’honneur de l’illustre disparu, ils ont pris le dessus sur le dispositif de sécurité pour être présents à ce qui apparaissait à leurs yeux, comme le début de ce qu’il convient d’appeler le dernier voyage sur terre de Charles Ateba Eyene.


Première curiosité, la désinformation de la Crtv. Alors que le programme des obsèques de Charles Ateba Eyene est connu, largement diffusé tant dans les chaînes de radio privées que dans la presse écrite, l’office de radiodiffusion et télévision camerounaise (Crtv) a cherché à désorienter, de démobiliser les auditeurs en diffusant un programme qui invitait à la levée du corps de l’illustre disparu à 11 heures, plutôt qu’à 10 heures. Une désinformation qui a causé des dommages à plusieurs admirateurs arrivés sur les lieux après la levée.

«Comment ça que le corps est levé. La Crtv a annoncé que c’était à 11 heures ». Indignés et choqués, ils sont nombreux, des gens rencontrés alors que la levée du corps, venait d’avoir lieu. « On ne peut pas dire que le journaliste s’est trompé. La diffusion de la mauvaise heure, participait de la volonté de mettre les gens en retard pour éviter l’effet de foule » rumine un cadre d’une entreprise parapublique. Mais s’il est avéré qu’elle était volontaire, l’option de la Crtv, de détourner une masse importante de la levée, il y a lieu de relever que le coup n’a pas marché.

…Vive la Révolution

Christophe Mien Zock, Zacharie Ngniman, Paul Célestin Ndebiyembe…, la présence des membres du secrétariat général du Comité central et même des instances dirigeantes du Rdpc, était maigre. S’agissant des élus de la nation, une petite poignée de ceux que l’on considère comme des esprits libres : Gaston Komba, Martin Oyono, Peter William Mandio.. Même le ministre René Sadi à qui le défunt avait consacré tout un ouvrage en parlant de reprise en main du parti, n’est pas venu à la levée du corps. On aurait même dit que tous les membres du gouvernement de Paul Biya se sont passé le mot ; à savoir, briller par leur absence à la levée du corps. Très peu de membres du Comité central et du Bureau politique ont fait le déplacement de la morgue. Le Rdpc a-t-il la rancune si tenace, au point d’en vouloir aux morts ? « On nous a dit qu’il y aurait des agents de renseignement généraux, des espions et des forces de l’ordre… On ne sait jamais » explique un élu du peuple. Comme lui, ils sont nombreux qui n’ont pas fait le déplacement de la morgue, par crainte d’être indexés, ou soupçonnés de «collusion» avec le défunt. Même mort, le fantôme de Charles Ateba Eyene continue-t-il de hanter certains de ses camarades ?

La levée du corps de Charles Ateba Eyene aura dégagé plusieurs symboles. Le premier étant celui de ceux en qui le peuple place sa confiance. Le peuple qu’on traite pour une masse d’idiots, a su faire la part des choses, en portant en triomphe et en applaudissant à tout rompre le passage de : Augustin Kontchou Kouomegni, Albert Roger Milla, Messanga Nyamding, Mathias Eric Owona Nguini, Martinez Zogo, Roger Kiyeck de Kiki, Robert Mouthé Ambassa… De même que par des regards inquisiteurs, la même foule vexée, a hué Hervé Nkom, Charles Ndongo, Charles Atangana Manda… Des regards inquisiteurs, qui démontrent que ce peuple sait, qui sont ceux qui se battent pour ses intérêts et pour la bonne cause. «C’est dommage qu’aucun ministre ne soit venu. Même pas un ministre de la région du Sud dont est originaire Charles Ateba Eyene. Après, certains opportunistes vont vouloir nous convaincre à venir à des réunions, pour l’unité et l’union des membres de l’élite du Sud» s’indigne un député originaire du Sud sous anonymat. Une absence qui n’a en rien enlevé la reconnaissance populaire rendue au défunt.

La levée de corps








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