En date du 28 septembre 2009, Matthieu Ondigui, responsable administratif de la
société Swashu Sarl, a envoyé au président de la République, Paul Biya, un
courrier dans lequel il fustige le comportement qu’entretiendrait « un
de ses grands amis et conseiller privé » visèàèvis des investisseurs indiens
basés à Douala. « Il
m’échoit l’honneur de venir auprès de vous ce jour solliciter votre intervention
au sujet du différend qui nous oppose, c’estèàèdire la société Swashu, dont je
suis le responsable administratif et votre grand ami et conseiller privé,
monsieur Foé Gorgon alias « tueur » », peutèon lire en introduction du
courrier. Selon les explications de Matthieu Ondigui, tout aurait commencé au
mois d’octobre 2008. « Pendant
que nous examinions la mouture de la convention aux fins d’y porter des
amendements, contre toute attente, monsieur Foé Gorgon exigera de mes
partenaires indiens une somme de 500 millions Fcfa sous le faux prétexte que cet
argent sera destiné au directeur général du Port autonome de Douala et au
ministre des Transports pour faciliter la signature de la convention ».
Mais, cet argent ne sera pas finalement octroyé. « J’ai
demandé à mes partenaires de ne pas se laisser influencer par les menaces qu’il
brandit », laisse entendre le responsable administratif. « En
début janvier 2009, monsieur Foé Gorgon brandit la menace de limogeage du
directeur général du PAD et du président du Comité de suivi pour l’enlèvement
des épaves de navires au cas où ceuxèci ne lui remettraient pas l’original de la
convention, parce qu’il est votre grand ami doublé de conseiller privé du chef
de l’Etat du Cameroun que vous êtes et faiseur de ministres », expliqueètèil à Paul Biya. Et
de poursuivre « Excellence
monsieur le président, avec la peur dans le ventre, les pauvres Indiens finiront
par verser des centaines de millions Fcfa au grand conseiller privé. La preuve
de ces sommes perçues, les grands travaux entrepris par celuièci dans sa
concession, je cite entre autres l’achat des véhicules d’occasion qui
jonchent sa cour, le terrassement entrepris dans sa concession qui a nécessité
la mobilisation d’un engin à raison de 150 000 Fcfa/heure pendant 8 heures de
travail par jour ; la construction d’un duplex à la cheftaine du quartier Golf
et celle de deux restaurants à sa fille en face de la foire de Tsinga et son
fils à Nkoabang
»
Traffic d’influence
Toujours selon le responsable administratif de Swashu, l'appétit venant
en mangeant, le « grand ami » du président de la République tente un autre coup. « Une
fois les sommes perçues épuisées, notre Rambo fera à nouveau appel à mes
partenaires indiens et leur dira que vous, monsieur le président de la
République, lui aviez confié la charge d'organiser votre campagne électorale
pour 2010 et qu'à cet effet, les Indiens doivent lui verser 2 milliards Fcfa
pour l'achat de 40 véhicules et qu'il a déjà passé la commande de ces véhicules,
et que vous Excellence, comptez beaucoup sur les fonds générés par la
commercialisation de cette ferraille pour gagner les élections de 2010 », explique Matthieu Ondigui.
Joint au téléphone par Le
Messager, le directeur général de la société Swashu, Sharma Pradeep, dans
un français approximatif, marquera sa surprise : « Je
n'ai même pas 200 000 Fcfa pour arranger ma voiture et vous me parlez de
milliards ? Je n'ai jamais rêvé de cette quantité d'argent. Je ne sais pas ce
que les gens viennent vous raconter ».
Tout comme le principal accusé qui, joint au téléphone, a déclaré qu'il n'avait
rien à expliquer à un journaliste. « Les
Indiens sont mes amis depuis près de 40 ans. Allez à la société Swashu et après,
vous pourrez venir me voir plus sereinement. Les élections arrivent et on va
vous manipuler n'importe comment. D'ailleurs, tout ce que vous dites n'est pas
fondé, c'est faux », aètèil
déclaré.
Faut-il le rappeler, la société Swashu a été qualifiée pour les travaux
d'enlèvement des épaves de navires au PAD. Une convention a été signée à cet
effet entre cette société, le PAD et le ministre des Transports le 23 décembre
2008. Les travaux qui devaient commencer le 17 mars 2009, ne commenceront qu'en
juillet 2009 à cause des « lenteurs
administratives ». Par note de
service n°00282, le ministre de l'Industrie, des mines, et du développement
technologique donnera une autorisation à titre exceptionnel pour l'exportation
des 128 100 tonnes de ferraille et de déchets métalliques. Une fois ces épaves
enlevées, le quai du port de Douala devrait être fluide, et la navigation dans
cet espace maritime plus aisée. En attendant l'arbitrage du chef de l'Etat, les
activités de la société Swashu, à en croire son responsable administratif, sont
arrêtées. Ce qui retarde l'emploi de la centaine de personnel pressenti et les
caisses de l'Etat qui attendent désespérément les taxes et autres droits qui
seront prélevés, toute la ferraille devant être exportée.
Et si le Président n'était pas au courant…
D'après les déclarations de Matthieu Ondigui, le mis en cause dans
cette affaire utiliserait le nom Paul Biya comme paravent pour assouvir ses
basses besognes. Finalement, qui est ami personnel du chef de l'Etat ou son
conseiller ? Peutèêtre que le chef de l'Etat va cette foisèci démanteler le
réseau de trafic d'influence qui s'est tissé autour de sa personne. L'affaire
prend une autre tournure et l'accusateur devient l'accusé. Matthieu Ondigui
déclare qu'une plainte a été déposée contre lui à la gendarmerie à Yaoundé.
Celleèci indiquerait qu'il a volé deux épaves de navires qu'il a vendues en
Guinée Equatoriale. On l'aurait déjà convoqué pour des enquêtes. S'achemineètèon
vers un dilatoire pour freiner la procédure d'enquête qui serait déclenchée par
les services secrets ? Comment peutèon imaginer un individu voler deux épaves de
navires et les vendre à un pays voisin à l'insu de tous les services de sécurité
et les gardes côtes ? Dans tous les cas, le président Paul Biya devrait prendre
des dispositions pour que son image soit moins ternie au point d'être impliqué
dans une histoire de tas de ferraille. Notre président ne mériteètèil pas
mieux ? En attendant de voir le dénouement de cette autre histoire qui implique
le chef de l'Etat, Matthieu Ondigui déclare ne plus être en sécurité, les
menaces venant de toutes parts. Plusieurs manœuvres seraient en cours pour
préparer d'éventuels rebondissements, apprendètèon de dernière minute.
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