Les deux oeuvres sont "Collicools" de Guillaume Apollinaire et "Le secrétaire
intime" de George Sand. "Guillaume Apollinaire (..) n’à jamais écrit
+Collicools+ mais deux recueils différents respectivement intitulés Calligrammes"
et "Alcools", a expliqué Evelyne Mpoudi Ngolle, inspecteur national de pédagogie
chargé des lettres au ministère des Enseignements secondaires, cité par le
quotidien public Tribune.
S’agissant de "Le secrétaire intime" attribué à la Française George Sand
(écrivaine du 19e siècle déjà étudiée dans les facultés des lettres des
universités camerounaises), les autorités disent que celle-ci est en déphasage
total avec les valeurs morales prônées par le système éducatif en vigueur au
Cameroun, car elle traite d’un sujet aux relents pornographiques.
"Sur le plan psychologique, il y a une implication certaine à la fois sur les
enseignants et sur les élèves et même sur l’ administration. Car, dans certains
établissements scolaires, ces oeuvres ont même déjà été étudiées et dans
d’autres, elles commencent à l’être et les retirer brusquement gêne énormément",
a affirmé à Xinhua Jean Claude Awono, poète, responsable d’une maison d’édition
(IFRIKIYA) et professeur de français dans un lycée de la capitale.
"Sur le plan financier, les parents se sont peinés à acheter ces livres qui
coûtent cher. Je pense particulièrement à +Le secrétaire intime+ de Georges Sand
très recherché à cause d’une rupture permanente de stocks", a-t-il poursuivi.
Pour M. Awono, les critères de sélection des livres au programme des
établissements scolaires doivent être revus de fond en comble pour éviter la
situation actuelle. "Il est temps qu’on fasse confiance aux éditeurs locaux,
car, nous avons des auteurs africains bien connus qui méritent d’être étudiés et
lus par nos enfants que de continuer à nous imposer des oeuvres qui n’expriment
pas toujours nos valeurs", a-t-il dit. "Le diktat imposé par les
Occidentaux au lendemain de la décolonisation des Etats africains n’a que trop
duré. Il est temps d’y mettre un terme", a lancé le poète.
Une étude réalisée en 2006 par les éditions Clé, maison d’ édition basée à
Yaoundé, attribue une portion congrue du marché du livre camerounais aux
éditeurs et auteurs locaux (6% seulement). La même étude évalue le marché du
livre scolaire camerounais à plus de 10 milliards de FCFA par an (environ 20
millions de dollars US).
"Ce chiffre a certainement évolué, car, d’autres nouveaux livres se sont
ajoutés sur le marché", a reconnu Marcellin Vounda Etoa, directeur des
éditions Clé approché par Xinhua.
"Il n’est pas normal que nous ayons ce maigre pourcentage dans notre propre
pays alors que non loin de chez nous en Côte d’Ivoire par exemple, les livres
inscrits au programme du primaire et du secondaire sont en majorité réservés aux
éditeurs et auteurs ivoiriens", a-t-il indiqué.
Au Cameroun, le choix du livre scolaire est effectué par un conseil national
d’agrément des manuels scolaires se réunissant au moins deux fois par an.
Celui-ci propose aux ministres en charge de l’Education (Enseignements
secondaires et Education de base) une liste des manuels susceptibles d’être
inscrits au programme. Ce libre choix, explique M. Vounda Etoa, ouvre les portes
aux marchandages divers qui peuvent conduire aux désagréments actuels.
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