Brigitte Hamman
Quelles sont les raisons qui vous ont amené à déguerpir il y a quelques jours
des populations du quartier Oyack au lieu dit "Bamenda", dans la périphérie de
la zone industrielle de Bassa?
Les populations que nous avons déguerpies dans la zone industrielle de Bassa,
qui s'étend du tunnel Logbaba au quartier Oyack, arrivent majoritairement des
villages. Ils y ont fondé le quartier Bamenda, comme quoi, ils viendraient de
cette région du Nord-Ouest. Lors des déguerpissements, ils ont eux-mêmes reconnu
être fautifs, puisqu'ils ne détiennent pas de titre foncier les autorisant à
construire sur cette zone réservée à l'aménagement des entreprises
industrielles. Mais disent-ils, la nature a horreur du vide, c'est pourquoi ils
se sont permis d'occuper cet espace qu'ils ont trouvé inhabité. Et les années
durant, ils s'y sont crus chez eux.
Pourquoi avoir attendu des années avant de songer à les déguerpir de vos
domaines?
L'Etat a en effet une part de responsabilité. Néanmoins, nous avions quelques
difficultés financières. Par ailleurs, nous n'avions pas d'investisseur qui
souhaitait acquérir ces espaces. Ce qui fait que les sites aménagés par l'Etat
n'ont pas été occupés pendant des années et les populations en ont profité pour
s'installer. Vous allez encore me demander pourquoi on les a laissé s'installer.
Mais vous savez, même si votre locataire accuse des arriérés de loyer, il est
tout aussi difficile de le mettre à la porte. Cela nécessite une longue
procédure administrative. A chaque fois que nos agents ont constaté une
construction anarchique sur nos espaces, ils ont sommé les auteurs de quitter
les lieux. Cependant, il s'avérait impossible de les déguerpir, étant donné que
cela nécessite le recours à des voies administratives. Aujourd'hui que ces sites
sont sollicités par les investisseurs, nous avons fait appel au gouverneur et au
préfet. Et avec leur aval, nous avons entrepris le déguerpissement des sites
sollicités par nos clients.
Avez-vous accusé une résistance?
Il y a certes eu des récalcitrants comme lors de toute opération de
déguerpissement. Mais tous ont reconnu que ces espaces ne leur appartiennent
pas. Cependant, ils estiment qu'ils y ont mis assez de temps pour qu'on les
recase. Mais ce n'est pas du ressort de Magzi de procéder au recasement des
populations, si dans ce cas, il faille bien sûr parler de recasement.
La zone industrielle de Bassa est-elle la seule concernée par ces
déguerpissements?
Pas du tout. La zone industrielle de Bonabéri est beaucoup plus concernée que
celle de Bassa. En effet, seulement 40 habitations ont été cassées à Bassa. Les
populations étaient à l'intérieur d'une parcelle de terrain qui a été attribué à
un industriel. Lequel avait un besoin urgent de son site, afin d'y étendre ses
activités. Il veut en effet implanter une fonderie. Il reste au minimum 30
hectares à libérer dans la zone industrielle de Bassa. A Bonabéri, on compte au
moins 1.000 cases à déguerpir. Nous avons décidé de déguerpir au fur et à mesure
qu'on recevra les demandes d'implantation des investisseurs. On ne peut prendre
l'initiative de casser tout le monde à la fois, étant donné que ces espaces ne
seront pas exploités à l'immédiat.
Source : Mutations
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