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A la découverte de Donny Elwood, 2e partie
(12/08/2011)
Seconde partie de l'analyse du chanteur camerounais Donny Elwood à travers ses oeuvres musicales dans l'album Eklektikos.
Par Marcel Ebene
La première partie de cet article est disponible ici : Apologie anthologique de Donny Elwood (part 1)


- Eklektikos (2001) : Le titre de ce second album annonce la couleur. L’album est éclectique dans la mesure où il explore pléthore de thèmes, pléthore de rythmes et pléthore de styles. Eclectique et même électrique, dans la mesure où plus qu’encore que le premier album, il y a eu au minimum trois tubes dans celui-ci. Explorons-le.

Intermèdes
§ http://www.zshare.net/audio/934289297dfb17e3/
La particularité de ce second album est la présence de petits intermèdes musicaux de quelques secondes entre les morceaux. Et ces intermèdes respectent la tonalité éclectique de l’album. On retrouve là des comptines que tous, nous avons chantées enfants (Mademoiselle Oh, la pluie tombe), comptines du Sud, de l’Ouest avec la devise du Ndé, des campagnes et des villes. Bref un régal. Nous avons fait une compilation de ces morceaux dans le lien ci-dessus.

Turlupiné
§ http://www.bonaberi.com/tv,donny_elwood_-_turlupiner,211.html
Une telle histoire, je vous jure, elle vous turlupinerait aussi. Donny Elwood n’y échappe pas. Il est turlupiné. Par le destin tragique annoncé d’un pauvre petit fœtus. La mère, quand elle s’adonnait à des activités sucrées, salées et un petit peu pimentées n’a pas vu le coup venir. Le petit fœtus qui n’était pas attendu est devenu gênant. Il devait être expulsé. Et Donny, par deux fois, l’a exhorté à tenir bon, quitte à s’accrocher aux petites viandes du ventre. Cela valait le coup car dehors il y avait quand même de bonnes choses (poisson braisé entre autre). Tout finit pour le mieux, et la mère est même contente. Le style est chanté, sur fond de guitare. Un rythme assez entrainant.
Sujet : Avortement et Ode à la vie.

Le fou du village
§ http://www.zshare.net/download/93428995a8bf98aa/
Un style assez mélancolique pour cette chanson. Elle rend hommage au fou du village. Fou ? Sans doute oui. Parce qu’il ne fait pas comme les autres. Salamalecs, léchages de bottes et cirages de pompes. Mais les autres ne sont pas tant à blâmer. Ce sont les fils de leur génération.


Marie-Jeanne
§ http://www.zshare.net/download/93429038e7994577/
La terrible Marie-Jeanne terrorise son mari. Elle doute, elle surveille, elle boude, obligeant même son époux à justifier ses ronflements. Elle n’est jamais contente, elle part, et met au supplice le cher et tendre. C’est qu’il l’aime la tigresse. Il la préfère même à la Marijuana, la Marie-Jeanne, malgré les conseils de ses amis. Pour la retenir il en est obligé de consulter des marabouts qui le rassurent sur son futur grand destin. Reviens Marie-Jeanne.
Le style est chanté. Une espèce de Blues, avec un bref passage quasi Rap avec des rimes en « Ile ». Intéressant.
Les thèmes abordés sont l’usure du couple, et dans une moindre (très moindre) mesure, le recours aux marabouts qui nous disent ce que l’on souhaite entendre.


Ekan Bisso
§ http://www.myspace.com/donnyelwood/music/songs/Ekang-bisso-10609891
Ici il introduit un style lyrique. Il alterne une comptine chantée avec la même, reprise dans ce fameux style lyrique qui rappelle des prestations d’opéra. Eclectisme quand tu le tiens ! Je n’ai pas été capable de traduire les paroles.

Mod’Amour
§ http://www.zshare.net/download/9342906559e7a7b8/
Y a-t-il quelque chose de moins recommandable que l’amour ? Avec les sanglots, les envies de meurtre, les déceptions et les désillusions qu’il entraine passée la période idyllique des débuts. Au point que celui qui ne l’a jamais connu peut être qualifié de « béni des dieux ». Pourtant toutes les musiques continuent de chanter ses louanges. Pourtant, le narrateur aussi en redemande. Lui aussi veut continuer à vivre de belles histoires d’amour. Y a-t-il quelque chose de plus beau et de plus recommandable que l’amour ? Nous, en tout cas, nous aimons.
Le style est chanté, entrainant. Une espèce de salsa. Très bien (au point que dans les cassettes audio sorties en 2002, on retrouvait deux fois cette chanson. Face A et face B).
Le thème abordé : Autopsie des amours.

En haut
§ http://www.bonaberi.com/tv,donny_elwood_-_en_haut,574.html
Tous ceux qui ont vécu au Cameroun connaissent cela. Quand le décret tombe pour vous ou pour l’un de vos proches, tout change. C’est le cas du narrateur dont la vie change quand la radio annonce la nomination de son frère. C’est un véritable privilège d’avoir un frère « en haut ». Fêtes au village, contrats juteux (où on est payé sans devoir livrer), changement de niveau de vie, conquête de donzelles auparavant rétives et autres attributs des nouveaux riches. On pourrait même croire que c’est le narrateur qui a été nommé, tant les avantages dont lui bénéficiera prévalent sur le futur destin du frère.

Frère dont on apprend les énormes sacrifices qu’il a dû consentir pour être nommé : visites chez les sorciers pygmées, chez les plus grands marabouts, danses sur des braises ardentes et autres pratiques terribles. Espérons quand même pour le narrateur que son frère ne l’oublie pas, comme lui-même prévoit déjà d’oublier ses anciens amis et les autres membres de sa famille. Ce serait vraiment dommage…
Thèmes abordés : Corruption, népotisme, pauvreté dans les quartiers populaires, croyances aux marabouts


Tomber des nues
§ http://www.bonaberi.com/tv,donny_elwood_-_tomber_des_nues,212.html
Un choc ! C’est ce que le narrateur prend en pleine figure quand il arrive pour la première fois à paris, en provenance directe de son Cameroun natal. Il vient pour faire de la musique. Il abandonne ses habitudes culinaires. Il faut qu’il s’adapte. C’est que tout est si grand. Les rues, les boulevards, la foule. Il constate que l’amitié n’est pas si évidente. Il confronte sa perception de la réalité avec ses anciens préjugés. La confrontation est parfois flatteuse pour la réalité (amour, amitié), et parfois c’est le contraire (pollution, perte de valeurs, violences). C’est cela la réalité. Il rencontre l’amour. Qui va l’aider à se relever de ses nues.
Les thèmes abordés sont l’immigration et le choc des cultures.


Koukoua
§ http://www.myspace.com/donnyelwood/music/songs/Koukoua-10609890
Koukou signifie NON. Comme Amadou Kourouma disait, quand on refuse on dit NON. Et le narrateur le fait. Il dit non. Il dit non quand après un dur labeur, alors qu’il s’apprête à rentrer, il achète un pain, denrée rares s’il en était dans son village à l’époque. Et ce morceau de pain, le policier dit qu’il va se l’approprier. Habitué qu’il l’est aux populations dociles.

Le narrateur dit NON. Peut-être a-t-il eu une journée difficile ? En tout cas il ne cèdera pas. Il préfère mourir. Ecrasé comme la pate d’arachide, pilé comme du plantain, ou découpé comme de fines herbes. Mais il ne cèdera pas. Et s’il est encore là pour le raconter, c’est que sa tactique a payé. Un exemple ? A chacun de voir.
Le style est là encore mélancolique. Presque désabusé. Le thème abordé est l’abus de pouvoir des personnes dépositaires de l’autorité, et peut être qui sait, une incitation à la prise en main de notre destin.

Dick Dick Dick
§ http://www.bonaberi.com/tv,donny_elwood_-_dick_dick_live,573.html
Un autre joyau. Qui met en scène Dick. Brave chien qui a suivi son maitre au village, parce que celui-ci ne s’en sortait plus en ville. Le chômage. Mais au village ce n’est pas mieux. La galère dégoulinerait presque comme elle le faisait des doigts d’Aka O Manga. Ils vont donc à la chasse. Rien. A la pêche. Rien non plus. Que faire ? Si on va à la chasse, c’est pour avoir des animaux. Le narrateur se rend compte que son chien est bel et bien un animal. Le chien s’en rend aussi compte.

On veut l’amadouer avec des histoires. Mais comme on dit, trop parler donne faim. Dick est abattu. Un coup sec et brutal, pour ne pas qu’il souffre. S’ensuivent les cuissons. Que ce fut bon. Mais le maître n’est pas inhumain. Après avoir fini le dernier morceau, il conserve quand même les os et la peau. Pour les souvenirs. Mais tout ceci n’a été qu’un cauchemar. Heureusement ou malheureusement comme le dit le narrateur. Peut-être parce qu’il se rend compte qu’il va devoir réaliser son rêve…

Le style est enlevé. Parlé. Des rimes savamment calibrées. Une innovation avec des hésitations bien placées qui donnent un style véritablement unique à ce récit. Hésitations que l’on a retrouvé que dans un des morceaux de Pédro du Cameroun (Mfiang Ndondo, datant lui aussi de 2002). Le thème abordé est la misère de certains jeunes, dans les villes et dans les villages. Comme d’habitude bien maquillé avec cet humour ravageur.

Nous arrivons au terme de cette exploration de son œuvre produite. En Novembre 2007, il a fait une prestation au CCF, pour annoncer son troisième album. Depuis pas de nouvelle de cet opus. Sa page Myspace n’a pas été mise à jour depuis trois ans. Pourtant il continue à se produire. A Ya-Fé et au récent cinquantenaire des indépendances. Pourquoi nous fait-il languir ? Nous savons qu’il s’était plaint de la piraterie et du peu de soutien des autorités aux artistes, mais tout de même. Donny, ne nous oublie pas. En tout cas nous ne t’oublierons pas, même si cela devait s’arrêter là.


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